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Qu'est-ce que créer ?

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« Définition préliminaire : Créer : Créer est un verbe d'action, il a ainsi valeur de processus (alors qu'un sujet sur « la création » pourrait également porter sur le résultat de cette action).

Créer est un acte absolument originaire : le paradigme en est la Création du monde par le Dieu de la Genèse, qui tire le monde du néant en disant simplement « fiat lux » (que la lumière soit).

Cet exemple biblique a durablement marqué notre conception de ce qu'est créer : en effet, avant la Création, il n'y a strictement rien, et l'on passe d'un seul coup du néant à l'existence de notre monde. Créer, c'est donc en somme faire être, amener à l'existence une réalité qui n'en avait aucune auparavant ; c'est générer un objet dont la nouveauté est radicale.

Cette ambiguïté du verbe créer a pour conséquence qu'il est difficile de le définir sans définir en même temps ce qu'est être.

Créer a-t-il un sens propre, irréductible à une ontologie ? Emplois courants du terme : Dans le langage ordinaire, on peut « créer » presque tout et n'importe quoi : des emplois, un compte bancaire, une entreprise, un personnage de roman.

On ne crée pas seulement dans le domaine des Beaux-Arts donc, et il serait réducteur de comprendre la création uniquement comme œuvre d'art.

Cependant, une création se dit typiquement dans les arts plastiques, pour désigner l'œuvre matérielle finie réalisée par un peintre ou un sculpteur ; ou encore, en musique, la toute première interprétation en public d'une partition, que ce soit par son auteur ou par un autre interprète.

On dit alors de la pièce qu'elle est « créée ». La question que l'on se pose alors est la suivante : en quel sens l'homme peut-il réellement créer ? Si le verbe créer reste marqué par le paradigme divin, Dieu a créé l'homme et l'homme ne peut après cela qu'imiter, perfectionner ou encore dégrader ce que Dieu a fait.

Et en effet, la création au sens humain est une invention du XVIIe siècle : au Moyen-Âge particulièrement, personne ne peut être dit créateur, et c'est avec Diderot seulement que s'affirme l'originalité de l'artiste. Problématique, qui procède en l'identification de trois paradoxes dans cette question du sujet : - On ne crée réellement que de l'inédit, même au sens spirituel d'une création d'idées ou de concepts. Comment expliquer l'acte créateur, qui est, par définition, surgissement ex nihilo ? –càd qu'il est sans support ni matériau préalable, contrairement à la fabrication (qui elle construit à partir d'éléments donnés qu'elle ne fait qu'assembler).

Ainsi le processus créatif aurait-il quelque chose d'irrémédiablement insaisissable, de proprement insondable.

Puisque les raisons et les moyens de la création sont exclus a priori de sa définition, puisque pour créer on ne part de rien, comment serait-il possible de remonter aux causes de cet acte pour en rendre compte ?.

Dans cette mesure, il semble que cet acte de créer soit hors de toute causalité. - Deuxièmement, créer est un acte duratif et conatif, càd un effort qui suppose un mouvement vers (on passe du néant à quelque chose qui existe).

Comment fixer dans des mots statiques ce qu'est ce mouvement créateur sans le dénaturer automatiquement ? Comment parler de l'acte de créer sans le trahir aussitôt ? Créer se situerait hors de tout langage qui tenterait d'en percer rationnellement le secret. - Enfin, l'intitulé même du sujet est paradoxal : vouloir définir l'acte de créer, en apposant ainsi le verbe d'état (« être »), c'est chercher à lui assigner des modalités fixées par avance, c'est chercher à le prévoir.

C'est donc supposer qu'on peut établir un mode d'emploi en matière de création.

C'est d'ailleurs tout le problème des mauvais artistes, qui appliquent à la lettre un ensemble de « recettes à succès » (on dit alors que leurs oeuvres manquent d'âme).

On peut ainsi parler d'une disproportion entre la demande de définition de notre sujet et l'impossibilité de cet objet à être défini. I. L'introuvable mode d'emploi de l'acte créateur On distingue traditionnellement la fabrication technique, où prime la répétition du même standard et la planification industrielle, de la création artistique sans règle préexistante, puisque le génie créateur « donne les règles à l'art » (Kant).

On peut déjà définir l'acte créateur par ce qu'il refuse : la prévisibilité et l'asservissement à un but extrinsèque dans le cas de l'artiste. a.

Il y a bien une opposition entre arts libéraux et arts mécaniques :les premiers sont en effet libres de toute fin préétablie, alors que les seconds ont pour fonction de produire des objets définis par leur utilité et donc façonnés par l'usage qu'il est prévu d'en faire.

Dans les arts mécaniques, le travail manuel prédomine (celui qu'on peut diviser en étapes, voire répartir spatialement sur une chaîne de montage, contrairement à l'élan créateur qui est un et indivisible), tandis que, dans les arts libéraux, c'est le primat du « spirituel dans l'art » (Kandisnky).

Ainsi le mécanisme de production d'une voiture, matérialisé par la chaîne de montage, contraste avec le thème de l'inspiration poétique, possession par les dieux dans l'Ion de Platon.

La reproductibilité technique d'une œuvre à l'âge moderne est d'ailleurs destructrice de son « aura » (W.

Benjamin). b.

Créer, ce n'est pas reproduire : le standard est un contre-modèle de l'acte créateur.

Indifférencié et indéfiniment reproductible, le standard est la base de toute production industrielle.

Au contraire, la création. »

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