Quels types de rapports l' artiste entretient-il avec la nature ?
Extrait du document
«
L'artiste entretient des rapports particuliers à la nature dans la mesure où on attend de lui qu'il en donne une
reproduction.
Mais c'est là avoir une vision bien étroite de l'art.
Son rapport excède celui d'un simple médium de la
nature, il révèle la part divine que possède la nature, il révèle sa beauté, sa grandeur et sa place fondamentale dans
la vie humaine.
Mais en aucun cas, il ne doit se contenter d'imiter celle-ci, il n'est pas un miroir.
Ce rejet de l'artiste
comme imitateur aboutira à l'art abstrait.
L'artiste a un rapport passionné à la nature qui l'amène à la rejeter ou en à
en faire l'objet principal de son œuvre.
1) La nature considérée comme sacrée par l'artiste
L'exemple de la peinture romantique allemande est révélateur du caractère sacré de la nature.
Les paysages du
peintre allemand Friedrich (1774-1840) ne sont que la représentation d'un royaume rêvé de l'au-delà toujours
lointains et caché par les brumes.
C'est à l'homme de retrouver le chemin vers Dieu, de faire le vide en lui en
contemplant la nature, de tout ce qui est terrestre pour retrouver ce qu'il y a d'originel en lui.
La contemplation de
la beauté d'un paysage naturel a un caractère mystique, car tout y est comme animé d'une même vie, le
macrocosme comme le microcosme.
Face à l'immensité de la nature, l'homme prend conscience de sa petitesse et
ressent ainsi la présence de Dieu en toute chose.
On aura compris que la seule voie du salut pour l'homme, pour
sortir de sa condition mortelle et faible, sera la perte de sa conscience dans l'infini.
Les tréfonds de la Création sont
le divin que ce soit pour l'âme ou la nature.
Friedrich fait se confronter directement le moi et son inconscient à une
nature immense et sublime.
Il cherche à provoquer la méditation entre l'homme et Dieu grâce à des ambiances
irréelles capables de nous faire atteindre le divin.
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Il cherche à provoquer la méditation entre l'homme et Dieu grâce
à des ambiances irréelles capables de nous faire atteindre le divin.
Friedrich tente en cela d'atteindre le divin par
l'entremise d'un infini qui ne peut que se communiquer que par une nouvelle vision de la beauté.
Ceci ne sera pas
sans incidence sur la conception même qu'il se fait de Dieu, puisque cet infini se présente dans la nature même et
non plus dans une transcendance.
Dans les lettres sur la peinture de paysage dans l'Allemagne romantique II il
ajoute : « Une unité éternelle, suprême et infinie est sous- jacente à tout ce que nous sentons et pensons, à tout
ce qui est et à tout ce que nous sommes.
Une conscience intérieure profonde nous en donne la ferme conviction,
tantôt claire, tantôt plus obscure…Le langage nous suggère cet incommensurable sous le nom de Dieu.
» Friedrich
ajoutera à cela une profession de foi : « Dieu est partout, dans le moindre grain de sable.
Par exemple ici, dans les
roseaux.
» La pensée de l'infini est intiment liée à celle de Dieu.
L'infini de la nature nous renvoie à ce qui est
présent en elle, c'est-à-dire au divin.
Il n' y a rien d'autre de beau que cette présence du divin dans la nature.
L'exemple d'un rapport d'artiste à la nature :
Les idées rousseauistes ont perduré dans le romantisme avec la thèse sous-jacente selon laquelle l'entreprise
conquérante de l'homme détruirait la nature.
L'homme est parti en guerre contre la nature, et il faut aller à la
recherche d'une autre nature, celle là intacte.
Pierre-Henri Valenciennes, peintre et théoricien [1] écrit : « Il faut
partir à la recherche d'une autre nature, intacte celle-là, farouche, solitaire, où l'on ne rencontre guère de présence
humaine ; abandonner toute rêverie sociale et devenir un voyageur, un exilé, un contemplateur séparé du monde.
»
L'artiste doit faire son choix, et quitter oui ou non, la civilisation.
On préfère au début du 19e siècle la nature
sauvage où l'homme n'a rien touché, les montagnes plutôt que les villes habitées.
Le romantisme prône donc un
retour général à la nature.
Barbizon, petite bourgade près de Fontainebleau accueillit un certain nombre de peintres
dès les années 1820.
Ces artistes y cherchèrent un retrait loin de la civilisation, et une certaine fuite de la société
urbaine.
Vers les années 1830, ces peintres atteignirent leur maturité artistique.
On compte à leur nombre, Corot,
Daubigny, Diaz de la Pena, Théodore Rousseau, Millet, Troyon.
Cependant, ils utilisèrent des moyens d'expression
différents mais se rejoignirent par leur volonté d'étudier le modèle sur le motif.
Les impressionnistes sont fascinés par les phénomènes atmosphériques et leur mouvement.
Ils vont peindre le temps
tel qu'il s' écoule, et ne s'intéressent, dans la nature, qu'à ses changements selon la lumière, le climat, le mois,
l'heure, et autant d'agents dont l'effet est de dissoudre les contours des choses, d'effacer tout ce qui définit et
immobilise.
Aussi portent-t-ils toute leur attention sur les accidents météorologiques : neiges, brouillards,
inondations, dégels, débâcles, ainsi que sur les forces les plus fluides de la nature : l'air, l'eau, les rivières coulant,
les flots de la mer déferlant contre les rochers.
L'atmosphère, les ciels, les éléments, cela dans quoi l'on baigne et
où l'artiste ne se donne plus pour tâche de distinguer et signifier des objets, mais dont il sent et veut faire sentir la
souveraine et comme magique énergie métamorphosante.
2) L'artiste ne prend pas appui sur la nature..
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