Quels sont les différents moments de la formation de notre personnalité ?
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«
INTRODUCTION
Nécessité A) de resserrer la question autour du sentiment du « Moi » B) de la régler en distinguant ce que nous
appellerons : a) les « grades » et b) les « étapes » de la personnalité.
I — LE SENTIMENT DU MOI
On admet généralement que si une conscience sourde accompagne nos comportements les plus primitifs, la
personnalité est acquise et constitue un produit de synthèse qui réclame une expérience.
'Cette idée est
A) — évidemment fausse en ce qui concerne ce que Ribot appelle la « personnalité réelle », c'est à dire l'organisme
lui-même qui chez l'homme appartient à un type d'organisation individualisé et non segmenté, manifeste dès la vie
embryonnaire.
B) — évidemment vraie en ce qui concerne l'idée philosophique du moi dans laquelle s'intègrent des théories dont la
dernière n'a certainement pas vu le jour.
C) — discutable, mais à notre avis fausse, en ce qui concerne te sentiment du moi a) si l'enfant parle de lui à la
troisième personne, c'est parce qu'i/ s'entend désigner sous ce vocable ; b) l'intériorisation est un processus
inintelligible : en réalité les domaines respectifs, perception d'un côté, souvenir et affectivité de l'autre se délimitent
progressivement : leur limite est le corps qui appartient à la fois à l'ordre physique (par les lois qu'il subit) et
psychologique (par la coenesthésie ou expérience interne du fonctionnement organique.)
II — LES « GRADES »
A) — Il entre dans le sentiment du moi a) des références physiologiques, sociologiques, psychologiques et morales
b) cet ordre ne semble pas arbitraire.
B) — Le moi a) physiologique ou sentiment du corps se distingue progressivement de la connaissance externe (par
les sens proprement dits) du même corps ; les facteurs qui composent ce sentiment sont la coenesthésie, le double
toucher (deux sensations quand une partie du corps en touche un autre) et l'inséparabilité (je m'éloigne de ma table
de travail, mais non de mon propre corps).
Ce « grade » est le premier et celui qui résiste le mieux à l'attaque ; «
mon corps est moi-même », dit Chrysale, incarnation du gros bon sens rudimentaire ; b) social ou sentiment du
signalement personnel dans le groupe (numéro personnel, matricule, nom et prénom, réputation), point de vue
encore rudimentaire qui a pour symbole l'acte peu relevé d'écrire son nom sur les murs ou d'arborer la « cocarde »
du groupe ; c) psychologique ou sentiment de l'expérience irrécusable (souvenir et affectivité) auquel on peut
joindre l'image virtuelle du « moi idéal » en expérience anticipée de ce que je voudrais être ; d) moral, ou sentiment
de la partie qu'on fait dans un orchestre universel, c'est à dire du rôle qu'il convient de jouer pour qu'aucun membre
de la cité libre ne soit dupé.
Seuls les esprits d'élite comme Kant parviennent à ce grade.
D'aucuns (Barrés) le
tiennent pour verbal.
III — LES « ETAPES »
A) — On peut admettre toutefois que a) l'existence de toutes les personnalités, sans exclure Chrysale ni Barrés, est
représentée aux quatre « grades » b) mais inégalement.
B) — Dans le cadre :
a) physiologique, le plus bas degré' correspond à la vie sensuelle- c'est à dire aux satisfactions coenesthésques, le
progrès consiste à s'affranchir de la tyrannie de l'affectivité et à traiter le corps à la façon d'un instrument de
connaissance et d'action libre, sans vain ascétisme ;
b) social, le plus bas degré est l'esprit de corps, le progrès consiste à situer progressivement le groupe immédiat
dans un centre plus vaste, à vouloir la petite patrie en raison de la grande ;
c) psychologique, le plus bas degré est le sentiment de l'autorité, le progrès consiste à la justifier et à l'adoucir en
cherchant les moyens d'accorder l'expérience personnelle et les exigences de l'univers présent;
d) moral, le plus bas degré-est de se faire sa place de force dans la cité humaine, le progrès est de chercher une
formule de coopération libre et universelle, débordant l'Humanité elle-même.
CONCLUSION
La personnalité n'est jamais entièrement formée.
L'idée de Dieu répond seule au postulat de cet acte pur et de cet
amour illimité..
»
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