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Quelles sont les limites au devoir de mémoire ?

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« Le « devoir de mémoire » est un thème qui a joué un rôle important au XX ème notamment avec la seconde guerre mondiale et l'extermination massive des juifs.

L'expression en elle-même renvoie à une connotation morale.

En effet, le devoir se distingue de l'obligation juridique mais aussi de la nécessité physique.

Il désigne l'obligation morale en tant que telle, obligation issue de la conscience et de la liberté de l'homme.

La mémoire quant à elle désigne quant à elle dans le sens ordinaire à la faculté de l'être vivant de conserver une trace ou l'empreinte de son passé et de s'y référer.

Le mot tire son origine du latin memoria qui signifie « souvenir ».

Le devoir de mémoire ne concerne donc pas tant la faculté physique que l'obligation morale de garder le souvenir de quelque chose.

Le sujet pose ici la question des limites du souvenir.

Doit-on tout conserver en mémoire ?Le devoir de mémoire ne peut-il pas être néfaste pour le présent ? Ne peut-il pas étouffer celui qui y répond ? Doit-on imposer un devoir de mémoire ? Le souvenir ne doit-il pas être volontaire ? Comment décider le contenu de se souvenir ? Le devoir de mémoire vise surtout à apprendre des erreurs humaines - Dans un premier temps, le devoir de mémoire semble être un respect, un hommage dû aux anciens, aux personnages qui sont disparues et qui ont pourtant permis que le monde soit tel qu'il est.

Mais cette expression semble surtout être associée à des catastrophes, des événements malheureux de l'histoire humaine.

Ainsi, le « devoir de mémoire » est très fréquemment employé en évoquant la shoah.

L'homme doit se souvenir des victimes de cette extermination.

Le devoir de mémoire semble d'abord consister à reconnaître la réalité de l'état de victime ou de persécutions subies par des populations.

Pourquoi ce devoir s'applique-t-il plus aux points noirs de l'histoire ? - Le devoir de mémoire semble en fait être un respect mais aussi le moyen de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Ainsi, par respect pour les victimes de la seconde guerre, du fascisme, le fait de se souvenir doit permettre ne pas répéter les mêmes erreurs, de laisser une nouvelle fois le même régime de s'installer.

Ainsi ce dont l'homme se souvient le détermine à faire un choix plutôt qu'un autre et lui fournit les moyens de parvenir à ses fins.

Jean Ortega affirme que "le passé est le seul arsenal qui nous fournisse les moyens de façonner l'avenir." Le devoir de mémoire n'a pas de limite.

Il est cela seul qui nous permet d'apprendre des erreurs de l'humanité et d'évoluer.

Pour Schopenhauer, sans la mémoire, la conscience n'aurait pas plus d'unité "qu'un miroir dans lequel se réfléchit tantôt ceci tantôt cela.", il n'y aurait pas de possibilité de connaissance et de relation entre deux choses. - Le devoir de mémoire rentre donc dans la constitution des peuples comme exigence de transmission.

C'est bien lui qui permet à chaque peuple de construire son identité, de connaître ses origines.

Les mémoires collectives sont en effet fragiles et vulnérables.

Ainsi un peuple ne peut prendre réellement conscience de lui-même, de son existence, tant qu'il n'a pas connaissance de son histoire, des faits qui l'ont amené à cet état actuel.

Pour l'écrivain Milan Kundera, le « devoir de mémoire » est corrélatif du droit des peuples à disposer librement d'eux-mêmes.

Il affirme ainsi que « la lutte de l'homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l'oubli ». Le devoir de mémoire peut étouffer le présent - Cependant, il faut se demander si le devoir de mémoire est absolu, s'il ne peut pas être néfaste.

En effet, puisqu'il porte généralement sur des événements malheureux, s'obliger à garder ceux-ci en mémoire n'est-ce pas empêcher l'homme de se libérer mais aussi de laisser le présent s'épanouir. Pour Nietzsche, ainsi, l'excès d'histoire est dangereux parce que la mémoire et l'étude des faits passés mettent à jour "tant de fausseté, de grossièreté, d'inhumanité, d'absurdité et de violence" que l'illusion indispensable à tout individu se dissipe.

L'histoire ainsi "finit par faire de ses instruments des êtres blasés qui n'ont plus rien de naturel."( Considérations intempestives).

En effet, le souvenir mis chaque jour sous les yeux de quelques atrocités humaines peuvent démoraliser l'homme, lui enlever la confiance qu'il a en autrui, en l'humanité et l'empêcher de vivre le présent, avec espoir. - C'est pour cela que Nietzsche affirme dans le même ouvrage que l'oubli est absolument nécessaire.

Nous ne pouvons pas tout retenir et il ne le faut absolument pas.

Pour le philosophe, "Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle jouissance de l'instant présent ne pourrait exister sans la faculté d'oubli ».

L'oubli est ce qui rend possible une certaine sérénité, tranquillité d'esprit, il est aussi une condition essentielle au développement de nouvelles facultés.

Ainsi, pour le philosophe, il faut "faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait de nouveau de la place pour faire des choses nouvelles." Le devoir de mémoire peut alors bloquer l'esprit, l'accaparer au passé et empêcher de construire l'avenir. - Enfin, il n'est absolument pas sûr que le devoir de mémoire puisse permettre aux hommes de s'améliorer, d'éviter de tomber dans les mêmes pièges, de faire les mêmes erreurs.

Hegel affirme en effet, que les peuples et les gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, même si on leur recommande de s'instruire par l'expérience de l'histoire.

Mais cela ne vient pas des hommes mais du caractère même du passé.

"Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c'est seulement en fonction de cette situation qu'il doit se situer." Le présent est donc unique et ne peut être instruit pas le passé.. »

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