Quelles sont les difficultés propres aux sciences humaines ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
Sciences : On utilise généralement le terme « science » pour désigner un certain type de savoir.
Science vient
d'ailleurs du latin scientia, qui est lui-même un dérivé de scire, « savoir ».
Pour les anciens Grecs, la science
constitue un savoir supérieur, une connaissance éminente qui a deux caractéristiques principales : elle porte sur
l'universel car elle s'oppose aux opinions particulières et elle est purement théorique car elle diffère du savoir-faire
pratique.
Ils considéraient par ailleurs que la philosophie était la science suprême.
Depuis l'époque moderne
cependant, le modèle exemplaire de la science est plutôt celui d'une connaissance scientifique positive, basée sur la
méthodologie de la science expérimentale.
C'est-à-dire une science qui repose sur des critères précis de vérification
permettant une objectivité des résultats.
Sciences humaines : Leur statut est très controversé.
On considère généralement que ce sont des sciences
« compréhensives », qui relèvent plus du sentiment que de la mesure objective.
Wilhelm Dilthey considère qu'il faut
distinguer entre « sciences de la nature » et « sciences de l'esprit » (ou « sciences de l'homme »).
Ces dernières,
traitant de cet objet particulier qu'est l'homme, devraient adopter un autre type de démarche, fondée non sur la
vérification expérimentale mais sur l'interprétation des intentions humaines (on parle alors d'« herméneutique »).
Le
positivisme, par contre, ne distingue pas les sciences de la nature des sciences de l'homme.
Pour le positiviste, ces
dernières méritent le nom de sciences car elles utilisent les méthodes et le langage des sciences expérimentales.
Elles ne constitueraient alors qu'un cas particulier de celles-ci, ainsi qu'il en est des sciences de la nature.
Problématisation :
Les sciences humaines sont nées du projet d'appliquer à l'homme les modèles qui ont réussi dans les sciences de la
nature.
Mais elles se heurtent alors à cette spécificité qui est la leur : l'homme y est à la fois objet et sujet de sa
recherche.
Le modèle de la science expérimentale est alors mis en question et invite à se poser cette question : cet
objet si singulier qu'est l'homme peut-il être soumis aux exigences de l'objectivité scientifique ? La connaissance de
l'homme par l'homme n'est-elle pas nécessairement entachée de subjectivité ?
Proposition de plan :
1.
Les faits naturels sont des choses inanimées, alors que les faits humains mettent en jeu des
significations et des intentions.
a) Les choses sur lesquelles portent les sciences de la nature semblent pouvoir se réduire à leur dimension matérielle
immédiate.
Les enchaînements de phénomènes naturels ne sont pas supposés, au-delà de leur simple réalité
matérielle concrète, renvoyer à des intentions, obéir à des motifs, être orientés par des valeurs morales, ou être le
siège d'une activité symbolique quelconque.
b) A l'inverse, on s'accorde généralement à penser que ce qui fait la spécificité de l'humain, c'est le fait que le vécu
humain mette en jeu des significations, des intentions, des anticipations, des symboles et des valeurs.
L'homme
donne un sens à ses propres actes comme à ceux des autres.
Il prête des intentions à ses semblables.
Il se laisse
guider par certains idéaux.
En résumé, l'homme dispose d'une capacité à symboliser.
Ainsi, dans le domaine des
sciences humaines, on n'a pas affaire à des choses inertes, mais à des semblables, ce qui pousse l'observateur à
voir en eux les signes d'autre chose, des aspects non matériels tels que des sentiments, des croyances, des
intentions, des désirs, des attentes, des projets, des buts, des calculs, des valeurs, etc.
Il y a alors un processus
d'identification à l'objet d'étude.
En effet, qui d'entre nous, croisant par exemple dans la rue un couple enlacé, ne
comprend-il pas immédiatement la scène, n'est-il pas spontanément porté à y voir beaucoup plus qu'un agencement
particulier de deux corps humains ? En revanche, personne ne songe aujourd'hui sérieusement à prêter par exemple
aux gouttes de pluie, quand elles tombent du ciel, la moindre intention de tomber, le moindre projet à long terme.
c) Une des difficultés propres aux sciences humaines repose donc en cela que l'objet étudié dans ces sciences est
beaucoup plus complexe que dans les autres sciences.
Cela oblige le savant à extrapoler pour vraiment saisir son
sujet, car si le scientifique s'en tenait aux données factuelles, il raterait l'essentiel de son sujet d'étude.
Comme le
montre Dilthey, si les faits naturels ont juste à être expliqués, au sens où il faut les rapporter à des causes
naturelles inertes, les faits humains et sociaux, de leur côté, exigent de nous qu'on les comprenne, c'est-à-dire
qu'on les rapporte à des facteurs signifiants.
Dilthey écrit ainsi qu'il s'agit de « retrouver le je dans le tu, […] dans
chaque sujet d'une communauté, dans chaque système culturel » (Gesammelte Schriften, tome 8).
Transition : Cette interaction entre l'observateur et l'objet étudié n'implique-t-il pas nécessairement un effet
rétroactif sur l'objet d'étude ?
2.
L'acte d'observation modifie le comportement de l'objet observé.
a) L'homme n'est pas une chose, mais un être conscient.
S'il se sait observé, son comportement a toutes les
chances de s'en trouver modifié.
Ainsi les êtres humains peuvent réagir de manière très différente selon qu'ils ont ou
non conscience d'être en situation de test, selon ce qu'ils savent de la nature et des objectifs du test, etc.
b) De la sorte, la procédure même d'observation ou d'expérimentation, quand elle s'exerce sur un objet d'étude qui
est aussi un sujet doué de conscience, affecte en général les réactions voire l'identité de ce sujet – alors qu'elle
n'est pas supposée changer quoi que ce soit aux processus naturels dont traitent les sciences de la nature.
Il en
résulte pour les sciences humaines une difficulté spéciale à interpréter les résultats des expériences effectuées, à.
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