Quelles sont les conséquences du travail sur l'homme ?
Extrait du document
«
L'homme travaille non pour son plaisir mais pour subvenir à ses besoins.
Le temps qu'il consacre à son travail prend
une grande partie de son existence : environs quarante ans.
C'est pour cette raison qu'il cherche d'abord à savoir
quel métier lui plaira vraiment.
Il semble que le travail épanouisse l'homme, car cela lui permet d'avoir des
responsabilités, donc de se sentir important et comme contribuant à la vie commune en société.
Le travail lui permet
aussi de découvrir le monde et de s'enrichir intellectuellement.
C'est aussi un lieu de rencontre et d'échange avec
autrui.
Mais alors, si le travail est si bénéfique à l'homme, d'où vient que si on ne l'oblige pas à travailler, il ne le fera
surtout pas ? Et comment se fait-il que l'antithèse du travail : le loisir, soit autant rechercher et tant apprécié ?
Enfin, le travail aliène-t-il ou libère-t-il l'homme ?
I.
Le travail permet à l'homme une prise de conscience.
Le travail n'étant pas naturel à l'homme, il lui permet de prendre conscience de son état de nature.
C'est ce que
montre Hannah Arendt dans la reprise qu'elle fait d'une analyse de Marx.
Elle explique que si le travail était méprisé
dans l'antiquité, ce n'était pas parce qu'il était réservé aux esclaves, mais parce qu'il révèle la nature servile de
l'homme.
En effet, à l'état de nature l'homme est asservit à la nécessité : il doit subvenir à ses besoins pour
survivre : il doit donc travailler.
Cet état d'asservissement déplaisait aux hommes de l'antiquité, car il voyant en cela
un retour à l'état bestial.
Aussi, pour se délivrer de cet asservissement, il employait des esclaves pour travailler à
leur place.
Ainsi, non seulement le travail fait prendre conscience de l'état servile naturel des hommes, mais en plus,
leur offre un moyen détourné, d'échapper (au moins en apparence) à cet état : en faisant travailler autrui pour eux.
Aujourd'hui, l'on pourrait penser que le schéma se répète, puisque nous employons des machines.
Le travail semble
donc être libérateur.
L'homme se distingue de l'animal de nombreuses façons : il est doté d'une conscience, a le sens de la religion, est
capable de pensée et de paroles, etc.
Il suffit de considérer qu'il produit ses moyens d'existence pour le différencier
radicalement de l'animal.
Produisant ses moyens d'existence, il produit sa vie matérielle.
Le travail est une relation
de l'homme à la nature, par rapport à laquelle l'homme joue lui-même le rôle d'une puissance naturelle.
Utilisant son
corps pour assimiler des matières, il leur donne une forme utile à sa propre vie.
Et modifiant la nature extérieure, il
modifie en retour sa propre nature et développe ses facultés par l'exercice du travail.
Les animaux, eux aussi,
"travaillent" lorsqu'ils accomplissent des opérations semblables à celles des artisans : l'araignée tisse sa toile comme
un tisserand, et l'abeille confectionne les cellules de sa ruche comme nul architecte ne saurait le faire.
"Mais ce qui
distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa
tête avant de la construire dans la ruche." Le propre du travail humain est d'être l'aboutissement de ce qui
préexistait idéalement en lui.
Le travail n'est pas une simple transformation, un changement de forme dans la
matière naturelle, c'est la réalisation d'un but ou d'un projet dont on a préalablement conscience, et qui constitue la
loi de l'action à laquelle on subordonne durablement sa volonté.
Tout travail exige un effort, une tension constante
de la volonté, d'autant plus que le travail est moins attrayant, et que l'homme ne peut y réaliser ses forces
génériques.
Kant développera une thèse similaire, affirmant qu' «Il est de la plus grande
importance d'apprendre aux enfants à travailler.
» Kant, Réflexions sur
l'éducation (1776).
• Le travail est l'activité par laquelle l'homme transforme la nature pour la plier
à ses besoins.
La technique est l'ensemble des moyens qu'il met en oeuvre
pour cela.
D'un côté, l'homme invente des outils pour mieux exploiter les
ressources naturelles, de l'autre, ces outils deviennent eux-mêmes l'objet d'un
travail.
Ce cycle voue l'homme à transformer indéfiniment la nature.
• On peut y voir un cercle vertueux permettant à l'homme de progresser, non
seulement matériellement, mais aussi moralement.
C'est le cas par exemple de
Kant, pour qui le travail ne doit pas être vu comme une malédiction (Adam
chassé du Paradis et voué à «manger son pain à la sueur de son front»),
mais, d'une part, comme un moyen pour l'homme de ne pas s'ennuyer, et
d'autre part, comme une ruse de la nature qui pousse l'homme à développer
ses facultés.
II.
Le travail comme libération de l'homme.
Durkheim explique que le travail libère dans la division des tâches qu'il
propose.
En effet, la division du travail permet à chacun de s'individualisé par
la responsabilité d'une tâche particulière qui lui est propre.
Dans cette individualisation, la personnalité de l'homme
peut s'exprimer et s'épanouir.
Non seulement, dans cette forme de travail, l'homme individuel affirme sa personnalité
et est heureux, mais en plus il y a un renforcement de la solidarité du tout : chaque partie devenant plus forte et
s'épanouissant renforce d'autant le tout.
Ainsi le travail libère l'individu et soude le groupe sociétaire.
Mais si le
travail est si bénéfique, pourquoi les hommes ne travaillent-ils pas spontanément sans rétribution, et pourquoi se
révoltent-ils contre leurs conditions de travail ?
« Non seulement la division du travail présente le caractère par lequel nous définissons la moralité ; mais
elle tend de plus en plus à devenir la condition essentielle de la solidarité sociale.
Voilà ce qui fait la valeur.
»
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