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Quelles réflexions vous suggèrent ces deux affirmations de Zola : « Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai : je viens vivre tout haut. ». « Ma définition de l'oeuvre d'art serait, si je la formulais : une oe

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On a récemment exhumé les œuvres et les papiers intimes d'Emile Zola. On a discrètement fêté le cinquantenaire de sa mort. Certains contemporains ont évoqué le souvenir de sa noble figure ; de très jeunes écrivains ont nié son influence. On ne lit plus guère Zola dans les petites chapelles littéraires. Mais un simple coup d'oeil sur les rayons des bibliothèques municipales ou sur les dos usés des volumes d'Université Populaire suffît à nous renseigner sur sa véritable audience. Zola est le plus lu des romanciers du début de ce siècle. Avec Maupassant, Daudet et Flaubert, mais sans craindre de remonter à Balzac, il est de ceux qui ont fait le plus pour le Roman Français. L'éclipsé dont il est l'innocente victime ne saurait empêcher de le considérer à sa juste place, qui se trouve quelque part entre le Napoléon des Lettres et le Patriarche de Ferney : la belle défense de l'auteur de J'accuse, comparée à l'indifférence de Balzac devant les journées de 48 ou l' « incompréhension apeurée » de Flaubert en face de la Commune, voilà qui situe bien, pour parler comme l'auteur, la grandeur réelle d'Emile Zola.

On a fêté récemment le centenaire de la naissance de Paul Bourget. Ces deux morts en présence, ces deux noms jetés l'un contre l'autre font jaillir la vérité dans une projection de critique impartiale. La comparaison est écrasante pour Bourget : l'un a créé un genre de mort-né, celui de la littérature à thèse. L'autre a été le premier romancier contemporain à créer le genre de la littérature engagée, au sens le plus plein du terme. Le plus grand mérite de Zola aura peut-être été le courage, au sens le plus pur du mot. Zola a pratiqué la générosité. Aussi est-il encore et sera-t-il toujours une des plus sûres valeurs de notre littérature.

(N.-B. -. L'introduction doit porter sur l'actualité plus ou moins brûlante de Zola. On peut soif le défendre, soit le charger, au gré de son sentiment personnel. La difficulté de ce très beau sujet réside avant tout dans la disparité des deux thèmes apparemment différents. Le commentaire de l'un et l'autre peut servir de cadre aux deux premières parties. Une troisième partie appréciative complétera le tryptique, suivant le schéma traditionnel).

« Quelles réflexions vous suggèrent ces deux affirmations de Zola : « Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai : je viens vivre tout haut.

».

« Ma définition de l'œuvre d'art serait, si je la formulais : une œuvre d'art est un coin de la création vu à travers un tempérament.

» On a récemment exhumé les œuvres et les papiers intimes d'Emile Zola.

On a discrètement fêté le cinquantenaire de sa mort.

Certains contemporains ont évoqué le souvenir de sa noble figure ; de très jeunes écrivains ont nié son influence.

On ne lit plus guère Zola dans les petites chapelles littéraires.

Mais un simple coup d'oeil sur les rayons des bibliothèques municipales ou sur les dos usés des volumes d'Université Populaire suffît à nous renseigner sur sa véritable audience.

Zola est le plus lu des romanciers du début de ce siècle.

Avec Maupassant, Daudet et Flaubert, mais sans craindre de remonter à Balzac, il est de ceux qui ont fait le plus pour le Roman Français.

L'éclipsé dont il est l'innocente victime ne saurait empêcher de le considérer à sa juste place, qui se trouve quelque part entre le Napoléon des Lettres et le Patriarche de Ferney : la belle défense de l'auteur de J'accuse, comparée à l'indifférence de Balzac devant les journées de 48 ou l' « incompréhension apeurée » de Flaubert en face de la Commune, voilà qui situe bien, pour parler comme l'auteur, la grandeur réelle d'Emile Zola. On a fêté récemment le centenaire de la naissance de Paul Bourget.

Ces deux morts en présence, ces deux noms jetés l'un contre l'autre font jaillir la vérité dans une projection de critique impartiale.

La comparaison est écrasante pour Bourget : l'un a créé un genre de mort-né, celui de la littérature à thèse.

L'autre a été le premier romancier contemporain à créer le genre de la littérature engagée, au sens le plus plein du terme.

Le plus grand mérite de Zola aura peut-être été le courage, au sens le plus pur du mot.

Zola a pratiqué la générosité.

Aussi est-il encore et serat-il toujours une des plus sûres valeurs de notre littérature. (N.-B.

-.

L'introduction doit porter sur l'actualité plus ou moins brûlante de Zola.

On peut soif le défendre, soit le charger, au gré de son sentiment personnel.

La difficulté de ce très beau sujet réside avant tout dans la disparité des deux thèmes apparemment différents.

Le commentaire de l'un et l'autre peut servir de cadre aux deux premières parties.

Une troisième partie appréciative complétera le tryptique, suivant le schéma traditionnel). I.

- « JE VIENS VIVRE TOUT HAUT » Zola insiste beaucoup sur la question qu'on vient de lui poser : il suppose que l'interlocuteur est venu fout exprès lui demander une interview.

Il y a là une sorte de trait essentiel à tous les romanciers engagés, qui trahit leur préoccupation de répondre aux critiques imaginaires, de justifier leur métier, de fonder un rôle.

Car tous se croient investis d'une mission.

Remarquer les pronoms réitérés : « me, je, moi, je, je ».

Ce n'est pas de l'outrecuidance, c'est une rédaction de tribun, voire une réponse instantanée du créateur. 1.

Partir de l'idée que Zola a toujours eu pour ambition de se faire démiurge.

Pour les naturalistes, auxquels Zola se rattache, il s'agit avant tout de faire vivre ou revivre, de faire naître des hommes de chair et d'os, et non pas des fantoches.

L'homme de Zola, le héros naturaliste, est un caractère naturel, un être vivant. La vie est le critère le plus sûr de leurs œuvres.

Elle y coule à flots, elle s'y déroule, elle se répand à plein bords, elle déborde tumultueusement-.

Les Rougon-Macquart, ce roman expérimental, c'est une petite « Comédie Humaine », dont seul le second terme reste vrai, car de comique, elle n'a que le masque grimaçant.

Elle ne rit pas ; elle ricane. 2.

Zola a-t-il vraiment « vécu » tout haut ? Qu'il ait pensé tout haut, et même parlé, crié, clamé, déclamé, rien de plus sûr; mais « vécu » ? Rien n'est plus difficile que de décider si véritablement il y a eu vie ou artifice.

Notez bien que le problème n'est pas simplement relatif à Zola, mais à l'Artiste en général.

Or rien n'est plus contestable que ce seul trait d'avoir « vécu tout haut ».

Ce qu'il exprime c'est l'importance de ne pas se laisser enfermer dans une tour d'ivoire.

L'écrivain doit être de plain-pied avec la vie, et parler à la foule, haranguer le bon peuple, en lui montrant du doigt où est le Beau, où est le Vrai, car « le Beau, c'est, ô mortels ! le Vrai plus ressemblant ! ». 3.

D'où l'importance de l'adéquation de l'homme et de l'œuvre.

Puisque l'auteur vient vivre dans le monde et qu'il doit y avoir correspondance entre les paroles et ses actes, la vie de l'artiste est inséparable de son œuvre, de son milieu, du moment et de la race.

L' « histoire naturelle des esprits » de Sainte-Beuve se voit réintégrée par la grande porte du créateur, et non plus du critique.

On pourrait ici encore évoquer le cas de Voltaire.

En voilà un qui n'a pas eu peur de vivre et de raisonner tout haut, mais en risquant mezzo-voce des remarques supplémentaires; Zola, lui, est sans malice.

Comme l'a dit Thibaudet (N.R.F., 1er février 1936 — voir aussi Réflexions sur la Littérature, 11, p. 294-304), il manquait à Flaubert et à Chamfleury l'étoffe, la santé, la persévérance de Balzac, pour hériter de sa Comédie Huma/ne.

Elles ne manquèrent pas à Zola.

Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire : trente-deux volumes, mille noms de personnages, tableau gigantesque d'une humanité qui se décompose sous l'influence scientifique des lois de l'hérédité, voilà « une construction considérable, menée à bout avec une volonté solide et un talent énorme ».

Et pourtant, qui peu se vanter d'avoir lu sans en sauter une page ces Rougon, dont toute la philosophie se réduit à la Sagesse des Nations ? On salue de loin cette œuvre qu'on ne lit que pour mémoire, par curiosité.

Elle a vieilli d'une façon étonnante. II.

- «UN COIN DE LA CRÉATION VU A TRAVERS UN TEMPÉRAMENT» Apparemment, l'idée est foute différente de la première formule.

Cependant le biais vous est fourni par l'idée de ce « moi artiste » et du « tempérament ».

Ici et là, il y a cette même proposition.

C'est l'homme, c'est l'artiste, qui vient en ce monde pour imposer sa vision de la vie à haute et intelligible voix, pour faire part de sa conception de la vie à fout un chacun.. »

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