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Quelle relation y a-t-il entre le savoir et le bonheur ?

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« « Je ne cherche point à m'instruire, il est trop tard.

D'ailleurs, je n'ai jamais vu que tant de science contribuât au bonheur de la vie.

» Appréciez cette pensée de Jean-Jacques Rousseau. I.

— INTRODUCTION. Au moment où Rousseau écrit cette phrase, il se sent vraiment heureux.

Il déclare : « Ici (aux Charmettes), commence le court bonheur de ma vie; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m'ont donné le droit de dire que j'ai vécu.

» Il écrit alors la page devenue célèbre : « Si j'étais riche », encore intitulée : « Une Maison modèle ». A cette heure, il constate qu'il est trop âgé pour employer le reste de sa vie à accumuler des connaissances.

Il aime mieux consacrer, ce temps à s'organiser une vie heureuse. Selon lui, une telle tâche ne requiert pas « tant de science ». Point n'est besoin de beaucoup de savoir pour y parvenir. Il pose ainsi le problème des rapports entre le savoir et le bonheur.

Reste à se demander si un savoir étendu contribue effectivement à rendre heureux celui qui le possède. II. — UN SAVOIR ÉTENDU EST-IL INDISPENSABLE AU BONHEUR ? A) Des gens peu instruits semblent heureux. Beaucoup de personnes sans instruction paraissent heureuses de leur sort. En général, elles ont des ambitions limitées, poursuivent un horizon restreint et ont, par cela même, des soucis diminués. Parfois, leur bonheur dérive du fait qu'elles sont satisfaites d'elles-mêmes par incapacité de se comparer objectivement aux autres.

Elles adoptent une attitude assurée, souvent tranchante ou même cassante, sans aucune humilité.

Elles se contentent des joies simples émanant du foyer, du secteur professionnel ou de la considération de leur voisinage immédiat. B) Un savoir étendu ne procure pas forcément le bonheur. Le bonheur résulte de la satisfaction harmonieuse de toutes les tendances de l'être humain pour autant qu'il sache organiser, dans cette intention, sa vie personnelle. Le bonheur individuel est une synthèse d'éléments variés.

Dans ces derniers, entrent la santé, la vie familiale, la situation sociale, l'emploi des aptitudes, la considération par ses semblables...

Or, ils n'ont aucun rapport direct avec le degré d'instruction. Beaucoup de science peut troubler le bonheur en faisant naître la crainte ou l'inquiétude.

Trop de science fait craindre les dangers et déclenche le sentiment d'insécurité et d'angoisse devant l'avenir. Parfois même, l'inquiétude du savant augmente devant la complexité des problèmes à résoudre et la faiblesse des moyens dont l'homme dispose malgré tout son savoir. III.

— LE BONHEUR DANS L'IGNORANCE N'EST QUE QUIÉTUDE DE NATURE INFÉRIEURE. Les conditions du bonheur ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

Aussi dit-on du bonheur qu'il est relatif.

Certaines tendances générales semblent cependant communes à tous les humains. En premier lieu se placent les tendances dirigées vers la conservation de l'individu et de l'espèce. On ne peut nier ces tendances.

Il faut tenir compte de leurs exigences et les satisfaire.

Le plaisir ou la sensation qu'elles font éprouver quand elles sont satisfaites ne constitue pas le vrai bonheur. En seconde place viennent les tendances intellectuelles et morales comme le désir de connaître, le besoin de savoir, l'instinct social qui fait rechercher la compagnie d'autres hommes pour sympathiser avec eux et donner libre cours à notre besoin de communication. La tendance naturelle à connaître, est déjà, chez l'homme, une curiosité intellectuelle sous sa forme rudimentaire. Sous sa forme élevée, elle devient recherche de la vérité, plaisir désintéressé de la connaissance ou de la découverte.

Les plaisirs de l'esprit sont intenses : comme ceux du succès ou de la difficulté vaincue, celui que procure le libre jeu des facultés bien exercées, celui de la recherche des énigmes de la nature humaine et du secret des choses.. »

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