Quelle place doit-on donner à l'oeuvre d'art ?
Extrait du document
«
Dans notre société occidentale contemporaine, une expression est apparue : celle de « marché de l'art ».
L'art
s'achète et se vend, a des cotations plus ou moins fluctuantes (selon les modes).
Quelque part, cette réduction de
l'oeuvre d'art à une simple marchandise ne trahit-elle pas la nature même de l'oeuvre d'art ? L'oeuvre d'art n'a-t-elle
d'autre valeur qu'une valeur d'échange ?
A une époque où l'oeuvre d'art a une place sur le marché économique, il est bon de se questionner sur sa place en
tant qu'objet artistique et non pas seulement en tant que marchandise, aussi bien dans la société que chez
l'individu.
La question de la place de l'oeuvre d'art est inséparable de la question de sa fonction : compte tenu de sa
fonction, quelle place doit-on donner à l'oeuvre d'art ?
Problématique : Pourquoi une oeuvre d'art ? Que nous apporte l'art ?
I L'art n'a pas toujours eu son autonomie
A-
Pendant l'antiquité, et notamment chez Platon, la notion de beau existe (Kalos), mais elle est
fondamentalement liée au Bon (Kagathos).
Le Beau est un absolu, un idéal, et en tant que tel, il se confond
avec l'idéal de Bonté.
Kalos-Kagathos : ce qui est beau est bon, et ce qui est bon est beau.
BLe beau n'a ainsi pas de valeur esthétique, mais bien plutôt une valeur éthique et cosmologique.
Au
couple Kalos/Kagathos correspond celui Technè/utile.
« Si la cuillère de figuier, dira-t-il, convient mieux que celle d'or, n'est-il pas vrai qu'elle est plus belle,
puisque tu es convenu, Socrate, que ce qui convient est plus beau que ce qui ne convient pas ? Avoueronsnous, Hippias, que la cuillère de figuier est plus belle que celle d'or ? » Platon
Est beau ce qui correspond le mieux à sa fonction.
Le beau sensible n'a pas de valeur en soi, mais est
seulement révélateur d'un ordre plus profond : celui du cosmos.
CIl n'y a ainsi pas de Beaux-arts.
La notion d'art comme production du beau n'existait pas.
Ce que nous
appelons maintenant art était totalement déprécié dans l'Antiquité, car ce n'était finalement que la copie
d'une copie.
Le monde matériel n'est déjà que l'ombre du monde intelligible, la copie dégradée de celui-ci.
Il n'y a de beau
que le modèle, et la sculpture par exemple, est la reproduction imparfaite d'un modèle déjà imparfait.
La
peinture, la sculpture, voir la musique (même si son caractère plus rationnel la rend plus digne) étaient
considérées comme des illusions, et étaient à ce titre condamnées par Platon comme étant dangereuses.
Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.
Cette dévalorisation a pour fondement la
dévalorisation du monde sensible an nom de cette même vérité.
Et valorisation ontologique du
Beau, Idée ou Essence.
La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture.
Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se
soumettent pas à la vérité.
Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.
Dans le
« Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur
degré de perfection c'est à dire de connaissance.
Il distingue neuf degrés qui vont de la vie
philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).
L'artiste imitateur occupe la
6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.
Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de
l'art ?
1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.
a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.
Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre
contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.
Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la
guerre et les pires vilenies.
Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).
D'autre part, représenter les
Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs,
quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.
et créditent le mensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste
puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence en utilisant les
séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple le bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un
espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.
Plus l'image produite par le peintre semble
vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il est.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les
règles de 1a perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation.
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire de nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente les Dieux à l'image.
»
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