Quelle place doit avoir la réflexion philosophique dans la démarche scientifique ?
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«
Introduction
Traditionnellement, à propos d'une connaissance scientifique, les philosophes ont opposé la sensibilité (faculté
d'obtenir des sens des impressions sur ce qui existe en dehors de nous) et l'entendement (faculté de penser les
objets de la connaissance, c'est-à-dire d'ordonner les données de l'expérience grâce aux concepts ou
« catégories »).
Mais il apparaît qu'au lieu de distinguer ces deux modes, il est nécessaire de les unir pour une
meilleure connaissance de l'objet.
Descartes montrera, dans le célèbre exemple du morceau de cire, comment la
cire, d'abord dure, froide, etc.
n'a plus, une fois fondue, toutes les qualités
que l'évidence sensible lui attribuait au départ.
Autrement dit, pour savoir ce
qu'est la cire, il ne suffit pas de la voir, de la toucher, etc., il faut aussi la
concevoir.
Car ce que les choses donnent à voir d'elles-mêmes, n'est bien
souvent qu'apparence, qualité sensible, mais non propriété constitutive de
l'objet (cf.
Descartes, Méditations métaphysiques, II).
Ce rationaliste n'est
qu'un exemple parmi ceux qui tentent d'établir de manière intelligible des
connaissances scientifiques.
On verra alors, à travers différents auteurs pour
la plupart épistémologues, les manières possibles de rendre compte d'une
théorie scientifique, c'est-à-dire la confirmer ou la réfuter.
Aussi, est-il
légitime de voir la philosophie s'immiscer dans les discussions scientifiques ?
I.
Les remous de la causalité
a.
L'expérience nous présente des phénomènes qui se répètent selon les
mêmes lois.
Ainsi la répétition des expériences tend à nous faire croire qu'il y
a, entre les faits, les événements, les phénomènes, des relations de cause à
effet.
Mais aux yeux de l'empiriste D.
Hume, la répétition constatée ne suffit
pas à établir de façon indiscutable l'existence des lois causales dans la
nature.
Avec lui, la connaissance scientifique se voit reléguait au rang de
simple croyance : « Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n'est
pas moins intelligible et n'implique pas plus contradiction que l'affirmation : il
se lèvera » (Enquête sur l'entendement humain, section IV).
Dès lors, à force de constater que le soleil se lève, on
en vient à se forger la croyance selon laquelle il est nécessaire qu'il se lève.
Mais cela n'a rien, selon Hume, d'une
connaissance scientifique inébranlable.
Le soleil se lèvera-t-il demain ? Bien sûr que oui serions-nous tentés de
répondre, sauf extravagance.
Pourtant, qu'est-ce qui nous permet de fonder
cette affirmation ? Pas autre chose que l'habitude : nous avons toujours vu le
soleil se lever et après notre mort, nous supposons qu'il continuera à poindre
à l'horizon.
Or, d'une habitude (nous avons toujours vu…), pouvons-nous à
bon droit tirer une loi et une certitude ? Hume n'est pas fou, il se doute bien
que le soleil va continuer à se lever mais son raisonnement marque les limites
de ce que nous pouvons apprendre par l'expérience et par l'induction (aller du
singulier au général).
Quand nous voulons comprendre un phénomène, nous
nous fions toujours à nos inductions.
Nous voyons de la fumée s'élever
derrière une colline et nous en induisons alors qu'il y a un feu que nous ne
percevons pourtant pas.
Nous relions un phénomène à un autre et cette mise
en relation naît d'une répétition d'expériences qui nous fait dire ensuite sous
forme de loi : « il n'y a pas de fumée sans feu ».
Cependant, il n'y a aucune
liaison nécessaire entre eux.
Il faut donc distinguer les vérités de fait et les
vérités de raison.
Les premières sont contingentes et relèvent de
l'expérience, ce sont des conjonctions de phénomènes (A et B).
Les secondes
sont nécessaires et renvoient à une logique de connexion (A donc B).
Quoi
que l'on puisse invoquer : conviction intime, habitude, autorité de l'astronome
ou vraisemblance, le fait que le soleil ne se lève pas demain est possible bien
qu'improbable, et c'est pourquoi « nous tenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté ».
En revanche, les
vérités de raison sont toutes nécessaires (hier, aujourd'hui et demain) parce que leur contraire implique
contradiction.
Par exemple, il serait contradictoire et donc impensable que la partie soit plus grande que le tout.
Dans ces conditions, ce que l'on démontre en mathématique ou en géométrie a un coefficient de certitude absolu,
tandis que ce que l'on démontre en physique et dans les sciences expérimentales en général, à partir de nos
inductions, n'a pas le même degré de certitude.
Il ne s'agit surtout pas pour Hume d'invalider la science, ni d'affirmer
sa totale relativité, mais de noter que nos déductions ne sont que des inductions dans le cadre expérimental.
Tirer
une loi à partir d'une série de phénomènes qui présentent seulement des conjonctions régulières, pour nous qui
cherchons à les comprendre, n'implique pas qu'ils aient des liaisons nécessaires.
b.
Kant répondra à Hume en montrant que le concept de cause doit comprendre en lui-même l'idée de liaison
nécessaire entre cause et effet.
Selon lui, la théorie de Hume ne répond pas à cette exigence.
Une telle idée de
cause ne peut selon Kant être tirée de l'expérience, d'où son affirmation qu'il existe des connaissances a priori,
c'est-à-dire entièrement et uniquement produites par la raison.
Pour Kant, ces connaissances sont les conditions de
possibilité de toute expérience.
Car on ne pourrait rien connaître sans que le sensible (un phénomène) soit relié aux.
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