Quelle est la signification et la portée de L'Allégorie de la Caverne de Platon ?
Extrait du document
«
L'allégorie de la caverne retrace le chemin que doit parcourir l'homme pour parvenir à la connaissance.
Elle est une
ascension à partir d'un degré de connaissance très faible, le plus courant, qui est symbolisé par les ombres des
objets fabriqués projetées sur le mur de la caverne par un feu ; le second degré est la vision des objets fabriqués
eux-mêmes puis - troisième degré - celle des réalités de la nature, et enfin, dernier stade du savoir, celle du soleil
qui permet de voir toute chose.
La connaissance oppose deux mondes, celui des réalités sensibles, changeantes,
mouvantes, et celui des réalités idéales, les idées, qui sont les essences des choses, ce qui leur permet d'être parce
que les choses sensibles participent de cette idéalité.
Le monde des hommes n'est pas une illusion mais un reflet
déformé qui ne tire toute sa réalité que d'éléments qui sont en dehors de lui : la conception platonicienne de la
connaissance est donc transcendante.
Le monde sensible dévalorisé.
Mais, en même temps, il est indispensable, comme on peut le voir dans le Banquet qui
élabore une théorie amoureuse du savoir : la beauté, qui est la valeur suprême, provoque l'amour.
Or cette beauté
peut appartenir, même sous une forme dégradée, à des objets sensibles, et en particulier des corps.
C'est à la fois
ce qui explique l'amour humain et ce qui indique la voie à suivre : il faut s'éprendre d'un corps pour sa beauté puis
rechercher en lui le principe qui suscite l'amour - la beauté - puis rechercher la beauté dans tous les corps puis
l'essence de la beauté - ce qui est parvenir au principe suprême.
Cette quête est celle du philosophe.
C'est de lui dont il est question dans l'allégorie de la caverne lorsqu'un
prisonnier parvient à s'échapper.
Il monte vers les réalités immuables dont le monde sensible n'est qu'un reflet.
Mais
son rôle est aussi de retourner auprès de ses anciens compagnons de chaîne - ses concitoyens dans la cité - pour
leur dire que ce qu'ils prennent pour un savoir véritable n'est constitué que d'ombres.
Il risque sa vie en faisant cela,
car ses compagnons, après l'avoir traité de fou, « le tueront », dit Platon en songeant au sort de son maître
Socrate.
Mais ce retour du philosophe citoyen qui ne s'isole pas dans la seule contemplation des idées explique la
phrase de Socrate : « Je suis le seul qui fasse de la politique.
» La connaissance des réalités ultimes est la condition
de la bonne politique, il faut savoir ce qu'est la justice en soi pour pouvoir ensuite donner des lois à la cité.
C'est le
travail de la République que de parvenir à cette élaboration, qui rassemble la quête de la connaissance et la quête
politique.
Le philosophe est un aiguillon, un « taon » dit Socrate, pour que chacun soit délogé de la position qu'il
occupe, position d'ignorance.
Tel est bien le rôle de celui qui, revenu dans la caverne, révèle à ses compagnons que
ce qu'ils considèrent comme le réel n'est qu'une ombre.
L'ignorance empêche de concevoir ce qui est véritablement
bon pour soi et pour la conduite de sa vie.
C'est ce qu'indiquent les mythes eschatologiques de la République ou du
Gorgias, qui relatent le jugement des morts en fonction des fautes commises au cours de leur vie.
Le philosophe est
un guide pour la connaissance du monde, et pour la connaissance de soi..
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