Quelle distinction faites-vous entre l'homme et l'animal ?
Extrait du document
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Une entreprise philosophique se proposant comme but d'établir la différence anthropologique, c'est-à-dire d'établir ce que
l'homme a en propre, doit se fonder sur une zoologie comparative.
C'est en observant les comportements et sociétés
animales que l'on pourra par comparaison avec les pendants humains mettre à jour une distinction entre homme et animal.
Cette distinction pourra être de nature ou de degré, soit nous verrons que l'homme participe d'un autre mode d'être que
l'animal, soit nous verrons que la distinction s'inscrit dans une perspective naturaliste, c'est-à-dire dans l'idée d'une
continuité entre l'animal et l'homme.
I-L'animal « possède » de nombreux traits humains.
Il semble de prime abord que quantité de différences régionales se présentent pour singulariser l'homme dans le
règne animal.
Or la tâche de distinction se trouve plus ardue que prévu.
En effet, certains singes, animaux marins, oiseaux,
semblent posséder leur propre langage ; certes ceux-ci sont moins élaborés, les animaux ne font pas de poème, mais du
point de vue de la nécessité vitale, de la communication, la langue qu'ils utilisent est tout à fait suffisante.
Chez certains
manchots les individus sont capables parmi des centaines de cris de reconnaître la voix de leur congénère, ce qui d'un
point de vue humain relève de la performance.
On ne peut donc raisonnablement, sans anthropomorphisme, établir de
distinction hiérarchisante entre un Logos humain et un système de communication animale.
Comme les humains les animaux vivent en société, celle-ci est hiérarchisée et réglementée.
Certains singes sont
capables de produire des outils ou bien de transmettre une technique de savoir faire.
Certes ces traits sont réduits chez
l'animal mais ils existent néanmoins.
Serait-ce par la conscience de soi que l'homme se distingue de l'animal ? Là encore des expériences célèbres
mettent en avant la fragilité d'une telle affirmation.
Les expériences de Gallup montrent que le singe peut se reconnaître
dans le miroir.
Finalement il convient de chercher plus en amont une différence non plus régionale mais générale, qui
expliquerait par exemple une différence de capacité entre l'animal et l'homme.
II- L'animal est toujours rivé à l'actuel, il est doué d'instinct, non d'intelligence.
Comme le montre Bergson l'animal est un être instinctif, ses réponses sont toujours adaptées à la situation
donnée, il n'y a pas de médiation entre le sujet et l'action à accomplir, l'animal agit sans réflexion ni délai.
Son hésitation
éventuelle n'est corrélative d'aucune interrogation, elle correspond juste à la logique de ses mouvements.
L'animal comme l'écrit Heidegger, est pauvre en monde, rivé à son environnement, il reste prisonnier d'un cycle
biologique, rivé à l'actualité de ses besoins vitaux.
L'homme lui fait des projets, sa vie est régie par une temporalité qui ne
se résume pas au cycle de la nécessité vitale.
Il a une vie psychique beaucoup plus riche que celle de l'animal, sa mémoire
et sa conscience sont pénétrées du passé et déjà dans l'avenir.
Mais plus profondément on peut dire que c'est l'intelligence qui permet à l'homme de se distinguer de l'animal,
c'est-à-dire avant tout pour Bergson la capacité de l'homme à se représenter spatialement les choses.
Les animaux selon
Bergson ne vivent que dans la durée, c'est-à-dire ne ressentent les « choses » que de façon qualitative (c'est ainsi qu'il
explique dans L'Essai sur les données immédiates de la conscience la capacité étonnante d'un point de vue humain qu'ont
les chiens à pouvoir retrouver leur chemin sans avoir pu l'apprendre comme nous l'aurions appris).
III- L'homme vit dans un monde de normes et de symboles.
Dans La structure du comportement Merleau-Ponty montre qu'un chimpanzé
peut apprendre à se servir d'une caisse pour monter dessus et atteindre à manger,
en revanche il n'en n'aura plus l'idée si un autre singe est assis sur celle-ci car ce
simple fait modifie pour lui sa perception de la caisse, elle n'est plus utile pour
atteindre x mais devient un objet sur lequel un autre est assis, et les deux
représentations ne peuvent cohabiter.
L'animal peut donc apprendre en imitant ou
par conditionnement, mais bien vite les limites de sa capacité de généralisation
apparaissent.
Cassirer, repris par Ruyer, a montré que c'est la faculté à appréhender les
symboles qui distingue l'homme de l'animal.
Le symbolique permet de mettre la réalité
à distance, de n'en pas rester à l'immédiateté du signe qui ne « parle » que de ce qui
est présent là.
Cette faculté de représentation est corrélative de l'instauration de
normes, il peut y avoir des règles dans le monde animal mais elles sont liées à une
hiérarchie physique, affective, non à une convention, à un système de lois.
Ces différences peuvent être raccordées au phénomène de la néoténie mis en
avant par les scientifiques.
C'est le fait que l'homme est biologiquement parlant un
singe prématuré ce qui a causé son inadaptation au milieu naturel et donc sa capacité
à créer un monde qui lui soi propre.
Conclusion :
La distinction entre l'homme est l'animal s'expliquerait donc par une différence de degré : l'homme est un singe qui
n'a pas fini de se développer, la conséquence de cela est la capacité inhérente à l'homme de se perfectionner, tandis que
l'animal comme le dit Bergson est immédiatement adapté à son milieu et donc ne sait pas s'en défaire.
Inadapté, l'homme
a su s'arracher à l'environnement pour se créer un monde.
Or la différence si elle s'explique de façon naturaliste peut être
perçue comme différence de nature puisque les conséquences sont telles que l'homme développe des facultés qui
paraissent sans commune mesure avec ce dont est capable l'animal (l'amour, l'intelligence, les arts,...
lesquels ont leur
pendant atrophié chez l'animal)..
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