Quelle différence y a-t-il entre une démonstration mathématique et une preuve expérimentale ?
Extrait du document
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Une démonstration mathématique :
C'est le fait d'établir un raisonnement pour justifier une proposition, c'est-à-dire une affirmation représentée par son
expression verbale.
Ce raisonnement s'appuie sur la logique, qui permet d'établir des assertions à partir de propriétés
précédemment établies ou admises.
L'assertion une fois démontrée peut ensuite être elle-même utilisée dans
d'autres démonstrations et, en admettant que le système de déduction soit correcte, une démonstration ne sera
plus contestée, seules les hypothèses pourront être discutées.
Une preuve expérimentale :
Elle est du domaine de l'observation : en observant les faits, le scientifique confirme ou infirme l'hypothèse qu'il a
formulée précédemment.
I.
Pensée discursive et démarche expérimentale
La démonstration mathématique et la preuve expérimentale n'appartiennent pas au même domaine scientifique.
Tout
comme Cournot faisait la distinction entre la philosophie et la science, nous pouvons dire qu'elles font toutes deux
appel à la raison mais pas aux mêmes facultés de celle-ci.
Dans la démonstration mathématique, il faut justifier une
proposition posée.
Il faut donc la rattacher à d'autres propositions déjà émises, c'est-à-dire la déduire de ces
propositions.
On se sert donc de la logique, la discipline qui établit les règles auxquelles le raisonnement doit
satisfaire pour conclure de façon correcte.
C'est Aristote qui invente la logique formelle dans son Organon : il y
explicite les règles de la déduction, notamment à partir de son analyse du
syllogisme.
Le syllogisme est un raisonnement qui, de deux propositions
appelées prémisses, déduit une conclusion nécessaire.
Un raisonnement est
nécessaire, ou encore apodictique, lorsque la conclusion peut s'identifier aux
prémisses.
C'est parce que la conclusion est au fond identique aux prémisses
qu'elle est nécessaire, elle ne peut pas ne pas être.
Leibniz montre donc que
démontrer, c'est identifier, c'est, par un jeu de substitutions, réduire la
proposition en question à des propositions déjà connues.
Tandis que la preuve
expérimentale appartient aux sciences de la nature : c'est donc l'effort pour
connaître le réel.
Ces sciences portent sur des faits.
Le savant ici, se soumet
au verdict de l'expérience, il ne construit pas des modèles comme le
mathématicien.
Bachelard explique que le scientifique part de l'observation de
faits qui posent problèmes, des faits nouvellement découverts qui entrent en
contradiction avec le système du monde précédemment admis.
Tandis que la
mathématique ressemble à un jeu de l'esprit, les sciences paraissent porter
sur le réel.
L'objet mathématique est une abstraction, celui des sciences
expérimentales et concret.
Pensée formelle contre démarche expérimentale.
II.
L'hypothèse et la prémisse
Il ne faut pas pour autant minorer le rôle que joue l'hypothèse dans les sciences expérimentales.
Claude Bernard
montre que ce n'est pas une conjecture fortuite, mais bien plutôt une interprétation anticipée et rationnelle des
phénomènes de la nature.
L'hypothèse rétablit l'intelligibilité harmonieuse que le fait polémique avait rompue.
Le
savant ne répond pas directement et définitivement à la question à la question pourquoi, par une proposition
affirmative.
Bachelard ajoute qu'il formule une autre question, un détour, qui revient à demander pourquoi pas ? on
remarque donc que l'hypothèse est une invention de l'intelligence pour
résoudre la contradiction posée par le fait-problème.
L'hypothèse est un
effort pour rassembler les faits au sein d'un système cohérent.
Elle acquiert
une signification scientifique quand elle devient vérifiable.
C'est ici que se
rencontre la pensée formelle : si l'hypothèse n'est pas vérifiable directement,
elle l'est par déduction.
Pascal, lui-même mathématicien, se servit de la
déduction pour raisonner sur la pression atmosphérique, il a déduit une
conséquence d'une hypothèse.
C'est, comme en mathématique, un
raisonnement hypothético-déductif, parce que l'hypothèse comme la
prémisse, ont un statut provisoire.
III.
La mathématique comme les sciences
expérimentales, se heurtent à la vérifiabilité absolue.
La mathématique a recours aux axiomes, des propositions premières comme
point de départ de la déduction et qui ne sont pas elles-mêmes déduites.
Descartes explique que les axiomes sont des « natures simples », saisies par
intuition intuitions intellectuelle, des évidences absolues.
La déduction
mathématique apparaît donc comme une « belle chaîne de raison », jusqu'aux
ultimes propositions déduites.
C'est donc une intuition continuée, transportée
à l'infini par les articulations du discours.
Le résultat, lorsque la déduction est bien menée, est donc lui aussi.
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