Quel est, selon vous, le rôle de l'histoire dans la société contemporaine ?
Extrait du document
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Éléments d'introduction
• Au XIXe siècle, l'histoire a été une discipline maîtresse, considérée comme une science capable de tracer de grandes
fresques illustrant le passé (Michelet) et pensant éclairer l'avenir (Marx).
• Les historiens du XXe siècle sont plus modestes : leurs oeuvres suscitent pourtant toujours le même engouement parmi
le public (Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, a rendu célèbre Emmanuel Leroy-Ladurie en 1975).
• Quel rôle joue donc l'histoire dans la société contemporaine ?
• Annonce du plan.
Première partie : quelle est l'utilité de l'histoire?
• A côté du français et des mathématiques, l'enseignement de l'histoire conserve une place prépondérante dans le
système scolaire.
Sa pédagogie fait d'ailleurs souvent l'objet d'un débat entre les tenants d'une histoire chronologique et
ceux d'une histoire thématique.
On considère donc qu'elle fait partie de la formation de base de tout citoyen : elle est un
des instruments essentiels du développement de l'esprit critique.
• L'histoire a d'abord une première utilité : toute tentative de connaître et de comprendre le passé est nécessairement
historique.
Il est indispensable de pouvoir situer les événements dans leur chronologie pour en comprendre l'évolution.
• Elle permet de situer le présent dans cette évolution :
elle enracine dans une continuité intelligible les événements contemporains.
• L'étude des civilisations disparues (Égypte, Aztèques) permet de relativiser la valeur des modèles dominants
d'aujourd'hui : d'autres formes d'organisation sociale ont pu et pourront exister.
• En lui faisant connaître les origines de sa culture, ses racines, l'histoire permet à chaque individu d'explorer son identité.
• L'étude des causes et des conséquences des événements majeurs du passé semble pouvoir donner quelques leçons
pour l'avenir : ainsi l'étude des sinistres conséquences de la « grande crise de 29 » n'est pas sans intérêt dans une
période de crise économique comme celle que traversent les pays industriels aujourd'hui.
Deuxième partie : les effets pervers d'une mauvaise utilisation de l'histoire
• Tous les régimes totalitaires ont toujours donné leur version de l'histoire : la version officielle.
L'histoire est donc
falsifiable, ne serait-ce que par omission.
• Les historiens jouissent en général auprès du public d'une autorité telle que les impostures sont possibles : le
révisionnisme est la dernière en date.
• La valeur exemplaire de l'histoire est sujette à caution : en effet, présentant de nombreux exemples de manquements
aux droits de l'homme qui ont été profitables à ceux qui les ont commis, elle permettrait de justifier toutes les exactions à
venir (coups d'État, impérialisme).
• L'engouement que suscite l'histoire n'est-il pas une façon de fuir le présent en se réfugiant dans le passé ? Ne nous
empêche-t-elle pas dès lors de préparer l'avenir? Les souvenirs ressassés et entretenus de la Seconde Guerre mondiale
n'ont-ils pas formé un obstacle à la construction européenne ?
• Aujourd'hui, les approches des historiens sont multiples.
C'est bien là l'expression d'une liberté d'opinion et le seul
moyen d'approcher la vérité.
Cependant, la diversité des thèses en présence, influencées parfois par des idéologies, peut
semer le trouble et le doute auprès du public peu averti qui cède alors au scepticisme le plus stérile.
Troisième partie : l'histoire peut-elle nous permettre de construire un avenir meilleur ?
• On invoque souvent les « leçons de l'histoire » dont la valeur exemplaire devrait permettre d'éviter de commettre deux
fois la même erreur.
• On peut songer à l'exemple de la décolonisation française de l'Afrique de l'Ouest, qui s'est faite presque « en douceur »
probablement à cause du tragique exemple algérien.
• La France a intégré avec succès, au cours de son histoire, des populations hétérogènes qui ont contribué à constituer sa
richesse.
Cette réussite exemplaire, qui ne s'est pas faite sans difficultés, devrait inspirer les décideurs d'aujourd'hui et
peut nous permettre d'envisager l'avenir avec sérénité.
• Cela dit, considérer que l'histoire est une évolution continue et linéaire (dans le sens du progrès ou de la décadence) est
fondamentalement une source d'erreurs : on ne peut guère en tirer de lois applicables à l'avenir.
• L'histoire, en effet, «ne repasse pas deux fois les plats » : c'est un lieu commun, mais qui ne manque pas de bon sens.
Jamais les conditions n'étant exactement les mêmes, tout ce qui arrive est inédit et donc imprévisible.
La guerre francoprussienne de 1870 et la Première Guerre mondiale n'ont pas permis d'éviter l'embrasement de l'Europe et du monde à
partir de 1939.
• Le psychanalyste Gérard Miller insiste pour sa part sur le fait qu'« il n'y a pas de pédagogie de l'horreur » : l'histoire a
beau nous présenter de nombreux exemples de violences qui nous choquent et qu'on pourrait croire d'un autre âge, nous
continuons à vivre dans un monde où l'horreur se répète.
Si l'histoire avait une valeur exemplaire, il n'y aurait plus de
guerres depuis longtemps.
L'histoire ne nous apprend rien.
Éléments de conclusion
• Le problème de l'utilité de l'histoire revient à poser celui de l'expérience.
Or, chacun d'entre nous sait que sa valeur est
toute relative.
• Ce qui fait la valeur de l'expérience, ce n'est pas tant l'expérience en elle-même que le crédit délibéré qu'on lui accorde :
c'est par un mouvement volontaire et optimiste que l'homme veut croire en la valeur de l'histoire.
• L'histoire n'est-elle pas volonté de progresser et optimisme dans cette voie difficile ?.
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