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Quel est le Rôle du sentiment dans la vie intellectuelle ?

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Introduction. — Il est si courant d'opposer sentimental et intellectuel qu'il peut paraître paradoxal de parler du rôle du sentiment dans la vie intellectuelle autrement que pour signaler leur opposition foncière : le sentiment n'est-il pas la source de la plupart des préjugés? Le sentimental n'arrive-t-il pas à prendre ses rêves pour la réalité, et chez le passionné l'intelligence n'est-elle pas domestiquée ? Certaine hypertrophie de sentiment entraîne, il est vrai, l'arrêt de la vie de l'esprit. Mais il ne faudrait pas en conclure que la vie de l'esprit, quand elle est puissante, se réduit à une froide spéculation et que le sentiment n'y intervient pas. I. Il y a d'abord un sentiment (anticipation intuitive d'une connaissance raisonnée) qui est comme l'éclaireur de la raison. a) C'est bien par un sentiment de ce genre que nous connaissons ce qui se passe en nous et même que nous pénétrons dans l'âme d'autrui par l'intermédiaire des signes qu'ils nous donnent de leurs états affectifs et de leurs pensées. b) Suivant le mot de Claude Bernard, c'est le sentiment qui suggère l'idée ou l'hypothèse, levier de tout progrès dans les sciences expérimentales. Le savant, dit Pasteur, remue les hypothèses à la pelle; son esprit est sans cesse traversé d'intuitions fuyantes, de pressentiments tenaces : on pourrait presque dire que le savant est un sentimental. C'est là, il est vrai, une acception particulière du mot sentiment, le sentiment-connaissance. Trouverons-nous des rapports analogues entre le sentiment proprement dit ou sentiment affectif et la vie intellectuelle ?

« Introduction.

— Il est si courant d'opposer sentimental et intellectuel qu'il peut paraître paradoxal de parler du rôle du sentiment dans la vie intellectuelle autrement que pour signaler leur opposition foncière : le sentiment n'est-il pas la source de la plupart des préjugés? Le sentimental n'arrive-t-il pas à prendre ses rêves pour la réalité, et chez le passionné l'intelligence n'est-elle pas domestiquée ? Certaine hypertrophie de sentiment entraîne, il est vrai, l'arrêt de la vie de l'esprit.

Mais il ne faudrait pas en conclure que la vie de l'esprit, quand elle est puissante, se réduit à une froide spéculation et que le sentiment n'y intervient pas. I.

Il y a d'abord un sentiment (anticipation intuitive d'une connaissance raisonnée) qui est comme l'éclaireur de la raison. a) C'est bien par un sentiment de ce genre que nous connaissons ce qui se passe en nous et même que nous pénétrons dans l'âme d'autrui par l'intermédiaire des signes qu'ils nous donnent de leurs états affectifs et de leurs pensées. b) Suivant le mot de Claude Bernard, c'est le sentiment qui suggère l'idée ou l'hypothèse, levier de tout progrès dans les sciences expérimentales.

Le savant, dit Pasteur, remue les hypothèses à la pelle; son esprit est sans cesse traversé d'intuitions fuyantes, de pressentiments tenaces : on pourrait presque dire que le savant est un sentimental. C'est là, il est vrai, une acception particulière du mot sentiment, le sentiment-connaissance.

Trouverons-nous des rapports analogues entre le sentiment proprement dit ou sentiment affectif et la vie intellectuelle ? II.

Il est sans doute des esprits dont la vie sentimentale se développe en marge de la vie intellectuelle, sans empiéter sur elle, du moins apparemment : les joies personnelles, les passions politiques, les plaisirs familiaux ont leur heure, le travail intellectuel les siennes. Mais ce n'est là, semble-t-il, qu'apparence.

On pourrait le dire à priori : l'homme peut avoir plusieurs moi, mais il n'a qu'un je.

Chez tout penseur et tout chercheur, le sentiment est le ressort de la vie intellectuelle. A.

Ce ressort agit parfois comme de l'extérieur : c'est par besoin de gagner sa vie, ambition de réussir à un concours ou de s'imposer à l'attention publique, souci de plaire à celle qu'on aime,...

qu'on fait des efforts de pensée et qu'on cherche à mieux poser les problèmes et à les résoudre : qui sait si le pessimisme d'Alceste n'était pas dans une grande mesure commandé par le désir de se rendre intéressant aux yeux de Célimène ? B.

Souvent le sentiment pénètre plus intimement la vie intellectuelle : il dicte à l'esprit la thèse à soutenir, a) Il est facile de le constater, nos opinions penchent naturellement du côté de nos intérêts, b) Des mêmes données (documents historiques, faits d'expérience biologique...) des esprits d'une compétence égale et également sincères tireront des conclusions opposées parce qu'ils ont des sentiments différents.

La logique du passionné est la logique la plus commune, car ils sont rares ceux qui cherchent la vérité pour la vérité. C.

D'ailleurs, chez ceux-là mêmes qui cherchent la vérité pour elle-même, le sentiment joue un rôle très important.

« La science, a dit Aristote, commence par l'étonnement et finit par son contraire.

» L'étonnement est un sentiment et, pour le savant, un sentiment douloureux, la douleur de ne pas comprendre.

Ce qui met fin à ce sentiment, l'explication ou la découverte, produit une détente bienheureuse qu'illustre avec une simplicité touchante l' « eurêka » d'Archimède.

Mais c'est surtout l'entre-deux qui est rempli d'une vie affective fort riche : joie d'agir, perspective de découvertes...

On comprend que le savant passe parfois pour avoir le cœur de pierre : son cœur, il est tout entier à la recherche qui l'occupe, mais il déborde de sentiments au lieu d'en être vide. Conclusion.

— Vie intellectuelle et vie affective fusionnent donc intimement.

Peut-être dans les natures pauvres le développement de l'une d'elles, entraîne-t-il l'étiolement de l'autre; dans les âmes riches, elles se soutiennent mutuellement et l'affectivité est un facteur puissant de vie intellectuelle.

Suivant le mot de Platon, il faut aller au vrai avec toute son âme, avec le sentiment comme avec l'intelligence.. »

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