Quel est le fondement de la société civile ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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Il faut d'abord remarquer que le sujet ne demande pas de répondre seulement à la question « quel est le
meilleur fondement pour la société ? » mais qu'il est borné par trois termes entre lesquels on nous demande
de choisir : l'intérêt, le sentiment et la raison.
Il faudra donc tenter une étude comparative de ces trois termes et décider lequel serait le meilleur des
trois.
Il ne faut pas non plus perdre de vue qu'on ne nous demande pas « quel est le fondement de la
société ? » mais « quel est le meilleur fondement pour la société ? » Il ne s'agit donc pas simplement de
décrire ce qui est, mais de prescrire ce qui serait le mieux.
On sent que l'intérêt pose problème parce qu'il renforce les mesquineries naturelles, il apparaît trop léger
pour donner sens à une tâche aussi grande.
D'un autre côté, l'intérêt a fait ses preuves, et on sait qu'il est rare que quiconque le sacrifie au profit
de la société.
Il se donne donc comme un élément de base de la société.
Le sentiment, quant à lui, fait briller beaucoup d'espoirs.
Mais en faire la base d'une société, ne seraitce pas verser dans un romantisme peu sage ?
La raison, pour sa part, apparaît bien faible pour composer avec les enjeux de pouvoirs qui sévissent
dans la société et elle semble trop faible pour convaincre tous les individus.
Mais il faut avouer qu'on aurait plutôt tendance à considérer qu'elle seule peut établir un ordre stable.
Problématisation :
Notre sensibilité semble se défendre contre l'hypothèse de fonder la société sur l'intérêt, elle y voit le triomphe de
l'égoïsme qui nous apparaît bien souvent comme strictement opposé à la vie en société.
On préférerait donc
naturellement que ce soit le sentiment qui guide les hommes.
Mais celui-ci ne remplit pas son office, il semble pris de
dégénération en toutes circonstances.
Ne faudrait-il pas fonder la société sur quelque chose qui chapeaute ces
deux notions instables ? N'y aurait-il pas que la raison qui puisse conférer ordre et stabilité ?
Proposition de plan :
1.
L'illusion de la sentimentalité.
a) Dans l'évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean, il nous est conté qu'au cours du dernier repas que le Messie prit
avec ses disciples, celui-ci leur donna ce commandement : « aimez-vous les uns les autres.
» Il semblerait en effet
plus aisé de fonder la société sur le sentiment : s'il était tout simplement possible d'aimer la société, d'aimer autrui,
alors la société marcherait d'elle-même.
Le lien se créerait de lui-même autour de cette affection du coeur qu'est le
sentiment et la société avancerait d'un bon pas.
b) Mais il y a un problème avec les sentiments, c'est qu'ils sont multiples.
Il n'y a pas que des sentiments d'amour, il
y a aussi des sentiments de haine, et les seconds peuvent même avoir été engendrés par les premiers.
Les
sentiments changent, ils évoluent.
Pourquoi ? Parce qu'ils proviennent du corps et qu'ils font appel à notre
sensibilité.
Or la sensibilité est en devenir, elle est tributaire du monde sensible qui inflige à notre âme une
multiplicité d'expériences.
N'est-il pas vrai, ainsi que l'affirme Platon que : « Toute âme humaine, en proie à un plaisir
ou à un chagrin violent, est forcée de croire que l'objet qui est la principale cause de ce qu'elle éprouve est très
clair et très vrai, alors qu'il n'en est rien » ? (Phédon, 83b)
c) Le sentiment engendre donc l'opinion, or l'opinion est une mauvaise chose pour la société.
En effet, elle engendre
le relativisme, car elle n'a pas d'unité, elle ne dispose pas de principe directeur puisqu'elle est liée au sensible.
Pénétrée par le sensible, elle varie comme lui, et alors la connaissance devient impossible puisqu'elle est soumise aux
contradictions des points de vue et aux aléas du devenir universel.
L'unité sociale est alors gravement mise en péril,
et plutôt que l'amour du prochain, c'est l'intérêt égoïste qui prend le dessus et le conflit généralisé qui s'instaure.
Transition : Puisque c'est l'intérêt qui prévaut, ne serait-il pas dès lors plus réaliste de fonder la société sur
l'intérêt ?
2.
Le réalisme pragmatique tiré de l'intérêt.
a) La réalité semble donner raison à l'intérêt.
L'opinion domine la société et le pouvoir apparaît comme accaparé par
les sophistes qui jouent sur la sensibilité pour faire triompher leurs intérêts.
Les sophistes possèdent en effet la
rhétorique, cet art qui confère « le pouvoir de persuader par ses discours les juges au tribunal, les sénateurs dans le
Conseil, les citoyens dans l'assemblée du peuple et dans toute autre réunion qui soit une réunion de citoyens »
comme le déclare Gorgias dans le Gorgias de Platon.
b) La société serait fondée, qu'on le veuille ou non, sur l'intérêt : celui que les hommes trouvent dans le fait d'établir
des lois pour ne pas subir l'injustice.
Glaucon, dans la République (358e), soutient que « l'injustice est par nature un
bien, et que le fait de subir l'injustice est un mal ».
Il ajoute également que « subir l'injustice représente un mal plus.
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