Que veut-on dire quand on affirme que la connaissance est relative ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION.
- « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
» La sagesse populaire et la réflexion
philosophique ont senti, comme PASCAL, combien notre connaissance est relative.
Loin de nous donner l'absolu, elle
dépend de tous ces facteurs subjectifs qui pèsent sur nos moyens de connaître, sens et raison : leur nature finie,
qui ne leur permet de nous présenter que des vues partielles, changeantes, trompeuses; les influences sociales,
comme le langage, la mentalité de notre époque, et individuelles, par exemple notre forme d'intelligence, nos
habitudes, jusqu'à ces passions qui nous rendent aveugles...
Une étude plus précise de la connaissance rationnelle
ensuite essaiera d'expliquer ce que l'on veut dire quand on les qualifie de « relatives ».
Ce qui a trait à la
connaissance scientifique étant un sujet généralement traité à part ne trouvera pas place dans cet exposé.
I.
- LA CONNAISSANCE SENSIBLE
Quidquid recipitur, ad modum recipientis recipitur, dit le célèbre adage classique.
La constitution même de nos sens,
et les conditions plus extérieures qui influent sur eux font ce « modum recipientis » assez peu fidèle dans son rôle
d'intermédiaire entre la réalité et notre esprit.
A.
— La constitution des sens : nature, éducation.
Nous saisissons seulement du monde extérieur ce que les sens nous en donnent; d'autres caractéristiques des
objets nous restent cachées page qu'aucun sens ne nous les livre.
Nos yeux ne saisissent pas les rayons infrarouges
ni les ultraviolets; les sons, au-delà d'une certaine fréquence, ne sont pas perçus par nos oreilles.
Nous vivons dans
un réseau serré d'ondes tout à fait inconnues, dont quelques-unes sont traduites par nos appareils de radio, de
télévision, etc.
A côté du peu que nous savons, que de choses nous ignorons ! Moindre mal encore, si notre
connaissance était toujours exacte.
L'objet extérieur est perçu par l'intermédiaire d'un organe (vue, ouïe, toucher,
etc.).
Si l'organe est modifié, l'objet restant le même, la sensation est différente.
Voici par exemple une expérience
bien connue : on plonge une main dans de l'eau chaude et une autre dans de l'eau froide, puis les deux ensemble
dans un récipient d'eau tiède : l'une donne alors l'impression de froid, l'autre, de chaleur.
Un sens peut également être plus ou moins aigu, suivant l'éducation qu'il a reçue : le toucher permet à un aveugle
de connaître une foule de choses que, chez un homme normal, il est impuissant à distinguer avec précision : parce
qu'il n'est pas aussi exercé à interpréter les sensations éprouvées.
B.
— Conditions extérieures : ambiance, perspective.
D'autres conditions, plus extérieures, déforment notre connaissance : l'intensité d'une sensation dépend de
l'intensité de celle qui l'a précédée
Ainsi, quand on passe d'une salle violemment éclairée dans une pièce obscure, on y distingue presque rien, alors que
des yeux accoutumés à cette obscurité s'y reconnaissent aisément.
Certains ont même affirmé que la sensation
n'est que le sentiment d'un contraste; de fait, prolongée sans changement, elle finit par n'être plus perçue.
Le point
de vue, la perspective, sont encore un élément tout à fait subjectif.
Quelle idée curieuse se ferait de la tour Eiffel
un homme qui ne l'aurait jamais regardée que d'en bas, en levant la tête ? Combien de temps a-t-on mis pour
s'apercevoir que la rotation du soleil autour de la terre n'est qu'un mouvement apparent ?
Ainsi, notre vision du monde dépend de l'image donnée par nos sens.
Ne doit-on pas aller jusqu'à affirmer que nous
ne connaissons pas les objets extérieurs,.
mais seulement nos sensations ? Un monde très différent de celui où nous
vivons pourrait nous donner les mêmes sensations, pensait Poincaré..
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