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Que serait une morale sans sanction ni obligation

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« Approche problématique La morale est un code éthique qui tend à réglementer, sur les bases de la raison, les actions de l'homme.

Elle a pour but une organiser la vie sociale, dans un but de paix et d'altruisme.

Elle a pour caractéristique, communément, de poser des règles et établir une norme, un carcan visant à limiter les actions humaines ou à les diriger.

Elle apparaît donc comme restrictive par essence, et soumet l'homme à agir à l'encontre parfois de ses instincts. Cependant, une morale est un ensemble de codes collectivement admise par la société dans laquelle elle se trouve. De par sa nature subjective et sociale, la morale se définit par l'acceptation du groupe dans lequel elle intervient.

Ainsi, au XVIIème siècle, la morale étant gouvernée par l ‘Église était une morale chrétienne qui se voulait propre à la nature de l'homme et qui faisait partie d'un consensus.

La morale ne peut donc pas être considérée comme une obligation pour le groupe puisqu'elle est issue de son choix, une morale est humaine, elle est donc le fruit d'une décision collective et non pas un code tombé du ciel qui s'impose à l'homme.

De cette tradition, Bergson en a dégagé d'ailleurs l'idée d'une « morale ouverte », c'est à dire une morale échappant à l'étouffement d'un cercle de règles rigides et s'ouvrant à la création et à la vie.

Il faudrait donc ne plus concevoir la morale absolue qui s'étend sans distinction au groupe mais une morale particulière, individuelle qui permet à l'homme de se développer dans toute sa singularité.

C'est également un thème fort présente dans la philosophie libertine du début du XVIIème s., où les « libertins érudits » réclamaient cette liberté de choisir une morale propre à l'individu et non aux intérêts de l'Église. Ainsi, pour analyser ce problème, il faudra distinguer deux sortes de morale: d'une coté, la morale unique qui prétend à l'Universel et qui , choisie par un groupe de gouvernants, pose ses diktats au risque de sanctions sévères et d'un autre une morale particulière, également humaine, mais qui s'attache non plus au collectif mais à l'individuel et qui permet à l'homme de se réaliser dans son être.

Cette morale singulière ne s'impose plus à l'homme, elle est créatrice et libre et découle du choix individuel tout en restant issue de sa raison. INTRODUCTION.

— La morale occidentale a été profondément imprégnée par le christianisme; aussi retrouve-t-on dans ses soubassements des présupposés religieux plus ou moins inconscients.

Le peuple chrétien admettait au-dessus des hommes un législateur suprême qui leur imposait des lois et qui serait pins tard leur juge et leur justicier : ces thèses admises, l'obligation était fondée, et la sanction de la conduite humaine garantie par les récompenses et les châtiments de l'au-delà.

Or, depuis près d'un siècle, l'enseignement officiel de la morale, non seulement s'est rendu indépendant des dogmes chrétiens, mais encore a voulu se passer de Dieu, tout en continuant de parler d'obligation et même de sanction. Plus logique, semble-t-il, Jean-Marie GUYAU présenta, en 1884, son Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction que les fidèles de la morale traditionnelle considèrent comme un paradoxe ou même comme une contradiction.

Après trois quarts de siècle, porterons-nous le même jugement ? I.

Il est une obligation et une sanction qui ne sont pas essentielles à la morale.

— Accordons-le tout d'abord aux partisans d'une morale sans obligation ni sanction : il n'est pas nécessaire, pour constituer une morale, d'admettre la conception que se font les chrétiens ordinaires des rapports de l'homme avec Dieu et d'adhérer aux dogmes de la création et de l'enfer.

Bien plus, il est une religion populaire d'où découle une morale populaire que le philosophe ne peut pas admettre. A.

L'obligation.

— Pour le commun des chrétiens, en effet, l'obligation morale résulte de notre condition de créature et de notre dépendance absolue à l'égard du Créateur.

Pour eux, la volonté du Tout-Puissant est le dernier mot de la morale. Le philosophe ne saurait se contenter d'une telle conception, car il doit se demander pourquoi il faut obéir au Créateur et pourquoi le Créateur noua commande ce qu'il nous commande.

Si la seule raison de lui obéir était sa force et si les lois qu'il porte ne dépendaient que de son caprice, c'est la révolte et non l'obéissance qui serait bonne et noble.

S'il est bon d'obéir à Dieu, c'est que Dieu veut et ne peut vouloir que le bien.

Par suite, le dernier mot de la morale est dans le bien et non dans la volonté de Dieu, et s'il y a une obligation en morale, ce n'est pas celle qu'admet le commun des chrétiens. D'autre part, comment, dans une morale philosophique et même dans une grande mesure dans une morale théologique, apprenons-nous normalement ce que Dieu veut de nous ? Non pas par une révélation directe ou indirecte, mais par la conscience on la raison.

Nous supposons à juste titre que Dieu nous demande de nous conformer aux exigences de la raison.

Or, là raison, c'est notre raison, c'est nous.

Par conséquent, le devoir ne nous est pas dicté de l'extérieur.

Chacun, en définitive, se le fixe à soi-même.

Sans doute, nous pouvons demander conseil à un ami, à un confesseur, à une Église, et même nous abandonner docilement à leur conduite.

Mais l'autorité qu'exercent sur nous ces conseillers ou ces directeurs dépend de là confiance que nous leur avons» accordée, de notre choix personnel.

A la base de l'édifice moral, le philosophe place l'autonomie; par là encore il s'écarte de l'idée qu'on se fait couramment de l'obligation. B.

La sanction.

— Il est encore plus éloigné de concevoir la sanction comme elle est communément conçue.

Beaucoup de chrétiens, en effet, font des récompenses et des peines de l'au-delà la raison essentielle de la conduite morale : ce qu'il faut avant tout, c'est gagner le ciel et échapper aux tourments de l'enfer. Si on se représentait le ciel comme le lieu où l'homme, confirmé dans l'état de sainteté, serait assuré de ne plus faire le mal, tandis que l'enfer, .

au contraire, fixe dans l'aversion à l'égard du bien, le philosophe n'aurait rien à dire.

Mais il ne peut admettre qu'on fasse du bonheur personnel le but unique et dernier de la vie.

Il n'y a de moralité que dans la recherche du bien, et celui qui, hypnotisé par les sanctions de l'au-delà, ne songe plus au bien se détourne de sa fin morale. On le voit, il est des types d'obligation et de sanction dont la morale peut se passer et même qu'elle exclut.. »

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