Que recouvre la notion d'événement en histoire ?
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Que recouvre la notion d'événement en histoire ?
Le premier historien est le grec Hérodote. Chez lui, l’Histoire est uniquement événementielle. Dans ses Guerres Médiques, il nous raconte les guerres entre les grecs et les Perses mélangeant l’essentiel à l’anecdotique et suivant la chronologie des événements.
«
L'événement est, selon Cicéron, ce qui arrive selon le temps, les devoirs et les nécessités » (De finibus).
En tant
que fait, il est donc le résultat de l'enchaînement d'autres faits à partir desquels on peut en rendre raison.
Ces faits
présentent une unité temporelle.
Un événement est donc un fait dans la série des faits dont l'unité est celle d'une
coupe temporelle.
Si le temps est une continuité, toute coupe dans le temps suppose la différenciation et la comparaison de deux
états de fait.
Un événement est en conséquence un fait ayant une unité temporelle, mais doté d'un effet
modificateur.
Par exemple, l'arrivée de l'automne fait événement dans sa différence avec l'été.
Toutefois, tout ce
qui arrive de nouveau ne fait pas nécessairement événement : un fait divers est limité dans le temps et transforme
l'état antérieur, mais ce n'est pas un événement.
Il convient donc introduire un principe d'évaluation afin de
hiérarchiser les faits selon leur importance.
Un événement doit produire une modification significative.
La question devient alors celle du critère retenu pour juger de l'importance d'un fait au regard de sa reconnaissance
comme événement.
Le critère du journaliste — et il faudrait encore distinguer entre le chroniqueur des faits divers
et l'éditorialiste — est différent de celui de l'historien.
Celui du philosophe est encore autre chose : si, pour Kant, la
Révolution française est un événement, c'est qu'elle signifie pour le genre humain la possibilité d'accéder à la liberté.
Pour le philosophe, la distinction temporelle sera expressive de la série idéale (l'histoire du genre humain) jouant
comme critère d'évaluation.
Si le temps n'est pas un processus réel, mais naît de mon rapport aux choses, alors il n'y a pas d'événement sans
observateur et pas de temps sans une vue sur le temps.
Cette analyse de Merleau-Ponty a soulevé plusieurs
objections.
On ne peut concevoir un observateur isolé et immobile car alors il ne pourrait y avoir de confrontation
entre les points de vue de deux observateurs distincts, ni de distinction entre perception et hallucination, cette
dernière étant une perception sans objet.
L'événement ne saurait d'autant moins être réduit à l'observateur que si
une chose est perçue, c'est qu'elle doit être perceptible (Krzysztof Pomian, l'Ordre du temps, 1984).
Mais surtout, la
définition de l'événement comme simple effet de la perception de l'observateur ignore que la perception n'est pas
seulement réception passive, mais activité.
Et que cette activité, en sélectionnant un événement parmi d'autres et
en l'intégrant dans un univers de permanence produit par l'observateur, produit du nouveau et donc un monde à elle
(Alfonso M.
Iacono, l'Événement et l'Observateur, 1998).
L'observateur transforme ainsi l'action en événement.
Il
fait lui même partie de l'observation par l'interprétation qu'il en donne.
C'est pourquoi l'histoire est inséparable d'une
«histoire de l'histoire» (Fontenelle, Sur l'histoire, 1761) qui s'interroge sur ce qui commande
la sélection pour l'accession d'un fait au rang d'événement..
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