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Que puis-je savoir de moi ?

Publié le 25/10/2022

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« Le moi est une chose qui nous est très familière, puisqu'elle nous accompagne partout, que nous ne nous pouvons pas en défaire, alors que nous aimerions parfois l'oublier, la remplacer, en raison de la conscience de nos fautes par exemple.

D'un autre côté, si l'on nous demande qui nous sommes véritablement, de décrire notre moi, nous pouvons tomber dans l'embarras.

Je peux dire que j'ai telle caractéristique physique ou psychique, que je suis par exemple brun et courageux, mais le corps comme l'esprit peuvent changer, alors que je reste le même.

Que sait-on, en réalité, de notre moi ? Nous en avons l'intuition, mais difficile de dégager un savoir discursif, pouvant s'exprimer clairement dans notre pensée par le langage.

Dans cette dissertation, nous allons essayer de déterminer par quels moyens nous pouvons obtenir un savoir, une science, que l'on peut définir avec Platon dans le Théétète comme « croyance vraie justifiée », sur notre moi ou une partie de celui-ci. L'enjeu de cette question n'est pas seulement théorique.

Il ne s'agit pas uniquement d'acquérir du savoir sur cette partie du monde qu'est notre moi.

La connaissance de qui nous sommes peut avoir des conséquences pratiques, sur les actions que nous devrions faire, aurions l'obligation de faire, et celles, au contraire, que nous ne devrions pas faire, aurions l'interdiction de faire.

La connaissance desoi devrait permettre de nous aider à devenir une bonne personne, éthique, voire un sage, si l'on suit le précepte socratique et de Delphes « Connais-toi toi-même ». Nous allons tout d'abord avancer que notre moi pensant, l'auteur de nos pensées, s'il ne peut être connu avec certitude, est néanmoins une hypothèse en laquelle nous devons croire si jamais une quelconque connaissance doit être possible.

Par la suite, nous verrons que nous pouvons, par introspection, tout savoir de notre moi psychologique, c'est-à-dire de l'ensemble de nos états mentaux, des données de notre esprit, entièrement conscient.

Enfin, nous essaierons de trouver un moyen d'acquérir des connaissances sur notre moi moral, c'est-à-dire sur notre moi porteur de droits, de devoirs et d'interdits, malgré l’écartement apparent qui sépare les valeurs des faits. L'existence du changement est problématique pour toute théorie de l'identité, de ce qui fait qu'une chose est et reste elle-même à travers le temps.

En effet, comment une chose pourrait rester la même alors qu'elle change ? Qu'est-ce donc que le moi s'il change sans cesse, sinon une illusion ? N'est-ce un nouveau corps qui apparaît lorsque je sors de la douche après avoir perdu quelques poils ? N'est-ce un nouvel esprit que celui qui se réveille après une nuit de rêves, de nouvelles image qui l'ont traversé et qui persistent à l'état de souvenirs ? J'ai pourtant bel et bien l'intuition que c'est moi et bien moi qui persiste à travers le temps, malgré le changement, que je suis un sujet dont les attributs, les qualités s'altèrent, se modifient, mais dont la nature, l'identité reste inchangée.

Quel pourrait donc être ce moi non sujet au changement ? Nous pouvons être victimes d'illusions et d'hallucinations, c'est-à-dire percevoir des choses autre qu'elles ne le sont (comme les illusions d'optique), ou des choses qui en réalité n'existent pas (comme les mirages dans le désert, ou les arcs-en-ciel).

Déçus par nos sens, nous pouvons alors douter d'eux, et nous tourner, comme Descartes dans les Méditations métaphysiques, vers notre entendement, notre intellect, pour avoir des certitudes.

Nous pouvons douter de tout, y compris que le monde extérieur existe, et des « vérités » mathématiques, mais pas du fait que je doute lorsque je doute.

Ainsi, la première des certitudes est que je doute, donc que je pense.

Une pensée requiert un sujet pensant, une « substance pensante », et telle est la nature de mon moi, de mon âme, selon la seconde des Méditations métaphysiques.

Cette substance ne fait que penser, et n'est pas soumise au changement, est intemporelle.

Elle n'est qu'activité pensante. Lorsque je fais l'expérience du doute hyperbolique avec Descartes, je réalise, et peux être certain, qu'il y a un doute, soit un genre de pensées, qui apparaît, qui traverse l'esprit.

Cependant, suis-je certain que cette pensée soit mienne, et pas, par exemple, celle de Dieu ? Qui me dit que c'est bien moi qui pense, que les pensées soient les miennes, que « je » pense ? La certitude que je puis, en toute rigueur, avoir, est, comme l'a souligné Nietzsche dans le Gai savoir, que « ça »pense, que quelque chose pense, pas nécessairement moi. Si je peux douter de l'existence de mon moi en tant que substance pensante, difficile d'y croire en pratique.

Peu de personnes croient que ce ne sont pas eux qui pensent, que leur moi pensant n'existe pas, que les pensées qui leur traversent l'esprit ne sont pas les leurs.

La critique nietzschéenne du cogito cartésien est difficile à admettre en pratique.

Par ailleurs, comment une connaissance pourrait être simplement possible s'il n'y avait personne pour penser ? Si une quelconque connaissance que ce soit, si un savoir sur n'importe quel sujet doit exister, il faut nécessairement qu'existe un sujet qui accompagne les pensées.

Tel est le raisonnement de Descartes, toujours dans les Méditations métaphysiques.

L'existence du moi pensant, de la substance pensante, est une condition du savoir-même, de la possibilité d'une science.

Nous pouvons donc, en théorie, mettre en question l'existence de notre identité de substance pensante mais il faudrait alors, si notre raisonnement est bon, abandonner l'idée de toute science, de tout savoir, chose que peu seraient, semble-t-il, prêts à admettre.

Après avoir défendu, dans la première partie de la dissertation, que l'on pouvait avoir de bonnes raisons de croire en l'existence de notre moi en tant que substance pensante, nous allons envisager, dans la partie suivante, ce que nous pouvons savoir, non pas de l'auteur de nos pensées, de l'auteur des contenus de notre esprit, mais de ce contenu lui-même.

Sommes-nous omniscients quant aux données de notre esprit, sommes-nous entièrement conscients de tout ce qui se trame dans notre psychê, de tous nos états mentaux ? D'un côté, il semble que l'esprit soit plus facile à connaître que le corps, avec l'infinité de ses parties (molécules, atomes, électrons, etc.).

D'un autre côté, nous pouvons nous rendre compte, par l'expérience de la jalousie ou du manque, que nous avons des sentiments pour telle personne alors que nous ne le soupçonnions pas, comme si cet état mental existait dans notre esprit préalablement à sa découverte, à l'état inconscient. Nous pouvons, par notre comportement ou nos émotions, prendre conscience de l'existence de sentiments ou de désirs.

Nous avons donné plus haut l'exemple du sentiment amoureux dévoilé par la jalousie ou le manque.

N'est-ce donc qu'il existe une partie de notre esprit qui soit inconsciente, hors du regard de nous-mêmes sur nous-mêmes ? La psychanalyse avance qu'au sein de notre psychê se trouve une instance, l'Inconscient, dans laquelle se trouveraient des désirs refoulés hors de la conscience.

Nous ne saurions donc pas, en permanence, savant quant au contenu de notre esprit. Autrement dit, nous serions en partie ignorants de notre moi psychologique, entendu au sens de personnalité ou de l'ensemble des traits, des contenus de notre âme.

Nous aurions le pouvoir, malgré tout, à en croire Freud, fondateur de la psychanalyse, de faire des abréactions, c'est-à-dire de faire passer des contenus de notre Inconscient vers notre Conscience.

Cela peut être opéré, lors de séances de psychanalyses, par des associations libres de mots, ou l'interprétation des rêves, de leur contenu latent.... »

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