Que puis-je connaître de mon inconscient ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer
quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder
une représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un
sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
INCONSCIENT
Du préfixe privatif in- et de -conscient, d'où « qui n'est pas conscient ».
a) Adjectif : ce qui est dépourvu de conscience.
b) Ce qu'on ressent ou perçoit sans en prendre conscience (cf.
les
« petites perceptions » de Leibniz).
Nom : chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques
(pulsions, désirs, souvenirs) qui sont refoulés hors de la conscience, et qui demeurent cependant actifs.
c)
Inconscient collectif : désigne, chez Jung, l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts
fondamentaux de l'homme.
• La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes
manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.
• Certains philosophes nient
l'existence de l'inconscient.
Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos
instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi.
1.
L'expérience de l'infra-conscient et les petites perceptions.
« Il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une infinité de
perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire
des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce
que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre, ou trop
unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part; mais jointes à
d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins
confusément dans l'assemblage.
C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous
ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou à une chute d'eau, quand
nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.
» Leibniz, Nouveaux
Essais sur l'entendement humain (écrit en 1704, publié en 1765).
Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petites
perceptions.
Il montre ainsi que notre perception consciente est composée
d'une infinité de petites perceptions.
Notre appétit conscient est composé
d'une infinité de petits appétits.
Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit que
notre perception consciente est composée d'une infinité de petites
perceptions, exactement comme la perception du bruit de la mer est
composée de la perception de toutes les gouttes d'eau ? Les passages du
conscient à l'inconscient et de l'inconscient au conscient renvoient à un
inconscient différentiel et pas à un inconscient d'opposition.
Or, c'est
complètement différent de concevoir un inconscient qui exprime des
différentiels de la conscience ou de concevoir un inconscient qui exprime une
force qui s'oppose à la conscience et qui entre en conflit avec elle.
En d'autres termes, chez Leibniz,
il y a un rapport entre la conscience et l'inconscient, un rapport de différence à différences
évanouissantes, chez Freud il y a un rapport d'opposition de forces.
"D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en
nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont
nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites ou en trop grand
nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres,
elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.
C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou à
une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.
Ce n'est pas que ce
mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme qui
y réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et
dans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre
attention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants.
Car toute attention demande de
la mémoire, et souvent quand nous ne sommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendre
garde, à quelques-unes de nos propres perceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexion
et même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertit incontinent après et nous fait
remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenons et nous nous
apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).
Et pour juger encore mieux des petites
perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du
mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Pour entendre ce bruit
comme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits
de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage
confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarquerait
pas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain.
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