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Que peut une preuve, une démonstration contre un préjugé ?

Extrait du document

« Vocabulaire: PRÉJUGÉ : Praejudicare =juger avant.

Opinion reçue qui, à notre insu, influence notre jugement.

Opinion favorable ou défavorable formée sans examen préalable; le préjugé se situe avant le jugement; il est donc l'opposé de ce qui fonde la connaissance rationnelle ou expérimentale. PREUVE: Tout ce qui peut être invoqué à l'appui d'une affirmation: une démonstration, un fait, une vérification, un témoignage, etc.

Souvent synonyme de démonstration. APPROCHE: « Preuve » signifie connaissance démontrée ; « préjugé » signifie au contraire : idée acceptée avant d'être examinée (pré-jugé), idée préconçue.

Un préjugé n'est pas nécessairement faux, mais il est cru sans qu'on ait la preuve de sa vérité ou de sa fausseté.

Une preuve peut donc logiquement soit établir la vérité d'un préjugé, soit établir sa fausseté.

Par exemple, le préjugé selon lequel le soleil tourne autour de la terre a été ruiné par la preuve du contraire.

Mais pourquoi demander alors : « Que vaut une preuve contre un préjugé ? » et non l'inverse : « Que vaut un préjugé contre une preuve » ? La formulation du sujet suppose donc que les préjugés peuvent avoir une force qui leur fait résister aux preuves susceptibles de les réfuter.

On peut donc reformuler le sujet ainsi : « comment expliquer que les preuves ne suffisent pas à détruire les préjugés ? ».

Cela nous permet de comprendre le sens de la question « que vaut...

? ».

Il faut ici distinguer une valeur logique de la preuve (la preuve que la terre tourne autour du soleil prive en effet le préjugé inverse de tout fondement) et une valeur psychologique de la preuve : bien que la rotation de la terre autour du soleil soit prouvée, le préjugé inverse peut continuer à être cru. Pour quelles raisons ? C'est ce à quoi le sujet invite à réfléchir. L'erreur ici serait de comprendre : la preuve vaut-elle mieux que le préjugé ? Question totalement dépourvue d'intérêt : comment pourrait-on soutenir le contraire, et une question dont la réponse est évidente est a priori une fausse question.

Mais en réalité le sujet est : que vaut une preuve contre un préjugé ? La préposition « contre » indique que la preuve et le préjugé sont engagés dans une lutte et l'on se demande alors quelles sont les chances pour la preuve de l'emporter face à son adversaire. A quelle occasion cette question se pose-t-elle vraiment ? On imagine bien un scientifique ou un philosophe qui, après s'être évertué à prouver, par exemple, que la notion de race humaine est sans valeur, constaterait son impuissance à contrer les « arguments » du démagogue qui sait adroitement flatter les préjugés racistes de son auditoire.

La question qu'il viendrait alors à se poser : « Que vaut une preuve contre un préjugé ? » exprimerait son sentiment d'échec et la réponse qu'elle appellerait serait évidente : « La preuve ne vaut rien, ou pas grand-chose.

» [Aucune idée ne peut être soutenue si l'on prouve le contraire.

Aucune opinion ne peut être soutenue si l'expérience démontre qu'elle est fausse.

Un préjugé est une opinion injustifiée.

La seule manière d'en venir à bout, c'est de prouver qu'il ne correspond pas à la vérité.] Le préjugé est une croyance Un préjugé est un «jugement» fait «avant» d'avoir examiné objectivement la réalité.

C'est une croyance que nous tenons pour objective parce qu'elle flatte l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes.

Comme le dit Goethe: «La vérité demande que nous nous reconnaissions pour des êtres bornés; l'erreur nous berce de l'idée que, d'une manière ou d'une autre, nous sommes infinis» (Pensées). Le libre examen dissipe les superstitions La meilleure manière de venir à bout de ces croyances, c'est de démontrer qu'elles sont injustifiées.

Ainsi, pour Pierre Bayle, au XVIIe siècle, l'on peut prouver que les prétendus miracles sont des phénomènes naturels explicables scientifiquement.

Le libre examen, l'exercice critique de la raison permettent de dévoiler les superstitions sur lesquelles la religion assoit indûment son autorité. La science réfute les préjugés L'on peut infirmer les préjugés racistes en prouvant qu'ils n'ont aucune base scientifique ou morale. Biologiquement parlant, en effet, aucune race n'est supérieure aux autres.

De même, on peut démontrer par l'expérience que la fumée du tabac est nuisible pour la santé ou que les femmes peuvent avoir les mêmes responsabilités que les hommes au sein de l'entreprise.. »

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