Que peut-on attendre de l'ordre social ?
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«
Que peut-on attendre de l'ordre social ?
Définition des termes du sujet
La question « peut-on » interroge deux types de capacités : une capacité de fait - au sens d'une capacité physique
par exemple : je ne peux pas voler dans les airs sans aide extérieure - et une capacité de droit - je ne peux pas
faire telle ou telle chose car une instance me l'interdit, que cette instance soit un gouvernement, une tierce
personne ou encore moi-même.
Cela rejoint une notion de droit, et on pourrait peut-être, pour l'éclaircir, reformuler
le sujet en « Que sommes-nous en droit d'attendre de l'ordre social ? »
« On », c'est l'ensemble des hommes.
Attendre une chose d'une autre chose, c'est formuler une certaine exigence à son égard, exigence que l'on espère
voir satisfaite sans en être certain, c'est considérer ce que nous voudrions que cette chose nous apporte.
L'expression d' « ordre social » doit être interrogée avec soin.
Le mot « ordre » contient à la fois l'idée d'une
organisation réfléchie et l'idée d'un système à l'autorité duquel on se soumet.
L'adjectif « social » précise la nature
de cet ordre, et le désigne comme l'ordre politique par lequel l'homme applique des règles pour sa vie en
communauté.
Il faudra donc définir les exigences que nous sommes fondés à formuler à l'égard de l'ordre social : que voulons-nous
qu'il nous apporte, et que peut-il effectivement nous apporter étant donné sa nature ? Cette question suppose que
l'on s'interroge sur la relation que l'ordre social entretient avec nous - il nous rend service, par exemple en
protégeant nos biens par la justice qu'il rend, mais il nous soumet également à son autorité et nous impose certains
devoirs.
Le sujet interroge donc en quelque sorte la nature de la contrepartie que nous attendons de l'ordre social en
échange de notre soumission.
La notion notamment rousseauiste de « contrat social » pourra être particulièrement
utile à ce sujet, le contrat définissant des attentes que l'une des parties qui contracte ce contrat formule à l'égard
de l'autre.
Eléments pour le développement
* Nous attendons de l'ordre social une protection contre l'état de nature
Kant, Essai philosophique sur la paix perpétuelle
« Il en est des peuples, en tant qu'États, comme des individus : dans l'état de nature (c'est-à-dire dans
l'indépendance de toute loi extérieure), leur seul voisinage est déjà une lésion réciproque ; et, pour garantir sa
sûreté, chacun d'eux peut et doit exiger des autres qu'ils entrent avec lui dans une constitution analogue à la
constitution civile, où les droits de chacun puissent être assurés.
Ce serait là une fédération de peuples, qui ne
formeraient pas cependant un seul et même État.
Il y aurait en effet contradiction dans cette idée ; car, comme
chaque État suppose le rapport d'un supérieur (le législateur) à un inférieur (celui qui obéit, c'est-à-dire le peuple),
plusieurs peuples réunis en un État ne formeraient plus qu'un peuple, ce qui est contraire à la supposition (puisque
nous avons à considérer ici le droit des peuples entre eux, en tant qu'ils constituent autant d'États différents et ne
devant pas se confondre en un seul et même État) (...)
Il n'y a, aux yeux de la raison, pour les États considérés dans leurs relations réciproques, d'autre moyen de sortir de
l'état de guerre où les retient l'absence de toute loi, que de renoncer, comme les individus, à leur liberté sauvage
(déréglée), pour se soumettre à la contrainte de lois publiques et former ainsi un État de nations (civitas gentium),
qui croîtrait toujours et embrasserait à la fin tous les peuples de la terre.
Mais, comme, d'après l'idée qu'ils se font.
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