Que peut nous apprendre une image ?

« Vocabulaire: IMAGE - IMAGINATION - IMAGINAIRE L'image est, en psychologie, une représentation mentale d'objets non présents.

L'imagination est, dans la psychologie classique, une activité de l'esprit qui fabrique des combinaisons nouvelles d'images.

Pour Sartre (qui nie comme Alain la réalité de l'image mentale, reflet passif du réel) l'imagination, ou fonction imageante, n'est qu'une manière de viser un objet réel : le viser, l'« intentionner » comme n'étant pas là.

Est dit imaginaire, tout produit de l'imagination, en tant qu'il se distingue du réel.

L'esprit humain est doué de diverses facultés, l'intuition sensible, l'entendement et l'imagination : celle-ci permet aux hommes de se représenter mentalement des objets non présents, autrement dit de les imaginer.

Elle joue également un rôle essentiel dans l'invention, c'est-à-dire dans la production de fictions.

Mais quelle est la puissance créatrice de l'imagination ? Il semble que l'imagination est limitée aux objets que nous avons antérieurement perçus. Image: du latin imago, représentation, image, portrait; représentation matérielle d'un objet; représentation mentale de ce qui a déjà été perçu. Introduction À l'heure du multimédia et de la « civilisation de l'image », le texte brut, support traditionnel de la transmission du savoir, est souvent décrié comme un fossile témoignant d'une époque révolue.

Mais les détracteurs de l'image ne sont pas moins nombreux ni virulents.

Il semble donc urgent de poser la question : que peut nous apprendre une image ? En travaillant sur le sens et la fonction de l'image selon ses différents supports, nous examinerons tout d'abord les arguments de ceux qui - depuis Platon ! - critiquent le recours à l'image ; puis nous nous demanderons si l'image ne peut nous apporter un savoir, au moins à titre d'illustration ; nous étudierons enfin les atouts spécifiques que l'image peut faire valoir pour nous apprendre quelque chose. I.

L'image, obstacle à l'apprentissage Sans attendre les débats sur l'inflation de l'image télévisée, Platon avait déjà rejeté l'image en tant qu'outil pédagogique.

Pourquoi cette longue méfiance à l'égard de l'image ? Le flot de l'image, le fil du discours. De nos jours, la critique à l'égard de l'image porte souvent sur son aspect quantitatif: nous sommes soumis à un flot d'images qui ne nous apprennent rien si nous ne possédons pas d'outil de discernement et d'interprétation.

On reproche à l'image de susciter la passivité de l'intelligence. Image sensible, raisonnement abstrait. Cette critique rejoint en fait la perspective intellectualiste dont Platon est un des premiers représentants et qui fait valoir que les images se juxtaposent et fournissent des impressions subjectives, alors que le discours, qu'il s'agisse d'un texte ou d'un dialogue, organise logiquement des arguments conceptuels. L'intuition sans concept est aveugle. Sans opposer comme Platon l'image qui nous rattache au sensible et la parole qui éveille l'esprit au savoir, Kant souligne le fait que l'image, seule, ne peut procurer un savoir : sans concept pour en dire le sens, une intuition est « aveugle ».

C'est le problème posé par exemple par les séquences d'information télévisée livrées « sans commentaire » sous prétexte de ne pas influencer le spectateur. II.

L'image comme illustration Si l'image en elle-même n'apprend rien, ne peut-elle à tout le moins constituer un auxiliaire précieux pour la transmission du savoir ? L'image fournit l'intuition qui éclaire le concept. Kant rappelle en effet que, si l'intuition sans concept est aveugle, le concept sans intuition est creux ; nous n'apprenons donc quelque chose que dans la mesure où nous apprenons à combiner des concepts appuyés sur des images. L'image comme document : un problème historique. Que nous apprend l'image lorsqu'il s'agit d'un document historique (photo, carte ...) ? Elle montre bien des choses, mais ne nous apprend réellement quelque chose que si elle est environnée d'un discours de présentation, d'authentification et de commentaire : l'image seule est muette et bien des exemples de propagande nous montrent qu'elle ne peut avoir d'emblée force de preuve.

On peut tout de même noter qu'au fil du temps les manuels d'histoire sont passés d'illustrations purement décoratives et souvent fantaisistes, à la présentation de documents susceptibles d'être commentés. î L'image comme figure : un problème géométrique L'intégration au processus même de la preuve semble en revanche plus parfaite dans le cas de la démonstration de géométrie.

La figure est en effet une image, mais une image abstraite, symbolique.

Les lignes ou les points que trace le géomètre ne valent pas pour eux-mêmes mais en tant qu'ils symbolisent la ligne ou le point mathématiques.

L'image nous apprend alors quelque chose non pas comme un élément extérieur qui s'ajouterait au raisonnement, mais comme un élément du raisonnement lui-même.. »