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Que pensez-vous de la fameuse ironie socratique: "Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien" ?

Extrait du document

« Ce sujet est difficile à traiter pour celui qui ignore tout du personnage et de l'attitude philosophique de Socrate.

A sa simple lecture, on comprend toutefois qu'il ne suffit pas de se croire savant pour l'être.

Bien au contraire, celui qui croit qu'il sait, bien qu'il ne sache pas, est en quelque sorte doublement ignorant.

A son ignorance s'ajoute l'ignorance de son ignorance.

En affirmant qu'il sait qu'il ne sait rien, Socrate se révèle un tant soit peu plus savant, en ceci qu'il ne croit pas savoir ce qu'il ne sait pas. Partant de là, le candidat peut réfléchir sur la distinction entre la philosophie et l'opinion.

La démarche philosophique commence, en effet, par une prise de distance à l'égard de ce qu'on croit savoir.

Comme le souligne Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit, « ce qui est bien connu en général, justement parce qu'il est bien connu, n'est pas connu.

C'est la façon la plus commune de se faire illusion et de faire illusion aux autres que de présupposer dans la connaissance quelque chose comme étant bien connu, et de le tolérer comme tel ».

Mais si la philosophie ne peut se déployer qu'à partir de la critique radicale de l'opinion, elle ne peut toutefois faire de cette critique son seul but.

S'en tenir à la simple réfutation du prétendu savoir des autres reviendrait à faire de la philosophie une recherche sans résultat ou, tout au moins, sans autre résultat que celui dont se vante le Socrate de l'Apologie : savoir que nous ne savons rien. Qu'en est-il de Socrate ? On sait par Platon, qui le met en scène dans ses dialogues, que savoir, c'est, pour Socrate, connaître ce qui est éternellement valable et, donc, comprendre ce qui est conditionné temporellement.

Si Socrate prétend ne pas posséder un tel savoir, il sait qu'un tel savoir existe.

Mais où ? En chacun de nous.

La vérité n'est pas produite par un maître, elle est première, toujours déjà là, mais dissimulée, enfouie, voilée.

Notre âme a eu connaissance de la vérité, mais, en étant plongée dans un corps, elle l'a oubliée (Alètheia, en grec, signifie « vérité », littéralement non-masquage ou non-oubli: A-Lètheia.

Le fleuve Léthé est, dans la mythologie grecque, un des cinq fleuves des Enfers, qui séparait le Tartare des Champs Elysées.

Les âmes des morts, en buvant de ses eaux, oubliaient le passé). Si Socrate prétend n'être savant en rien, c'est précisément parce que sa fonction est d'accoucher les âmes de la vérité qu'elles portent en elles.

Il est un accoucheur et non un accouché.

On sait que Socrate se désignait lui-même comme «fils d'accoucheuse » (il s'agit de sa mère Phénarète).

Mais son art qu'on appelle la maïeutique, à la différence de celui des sages-femmes, porte sur les âmes et non sur les corps.

Il permet, en outre, de «faire l'épreuve, et discerner en toute rigueur si c'est apparence vaine et mensongère qu'enfante la réflexion » de l'interlocuteur (Platon, Théétète, 150 a-c).

Autrement dit, contrairement aux accoucheuses qui n'accouchent pas tantôt d'une « vaine apparence », tantôt d'un « fruit réel » (il n'y a pas de « vrais » et de.

« faux » enfants), la maïeutique permet de discriminer ce qui est vraiment (les fruits de vie et de vérité ) et ce qui n'est qu'apparence. En comparant son art à celui des accoucheuses, Socrate avoue qu'il a « même impuissance » qu'elles : « J'ai, en effet, même impuissance que les accoucheuses.

Enfanter en sagesse n'est point en mon pouvoir, et le blâme dont plusieurs déjà m'ont fait opprobre, qu 'aux autres posant question je ne donne jamais mon avis personnel sur aucun sujet et que la cause en est dans le néant de ma propre sagesse, est blâme véridique » (Théétète, Les Belles-Lettres, 150 a-c). Et Socrate, en effet, posait des questions aux autres, mais ne produisait lui-même aucun savoir.

Les premiers dialogues de Platon, antérieurs à la fondation de l'Académie (école philosophique fondée par Platon, vers 389, à Athènes, dans les jardins d'Akadémos), n'exposent aucune philosophie.

Ils sont une incitation au « dialogue intérieur de l'âme avec elle-même ».

La discussion se perd dans une impasse (dialogues aporétiques - une aporie est une contradiction logique).

Le principal résultat est que le prétendu savoir de l'interlocuteur a été détruit (dialogues éristiques - l'éristique étant l'art de la réfutation). Il est clair que si Socrate donnait son avis personnel sur tout, il transformerait la philosophie en savoir clos.

Les disciples ne seraient plus que des réceptacles vides en lesquels on déverserait des connaissances.

Il n'y aurait plus accouchement mais viol des âmes.

En mettant son interlocuteur face à une aporie (contradiction), Socrate provoque un choc qui peut susciter la réminiscence (ressouvenir). 1.

La recherche des essences : la réminiscence Socrate montre par l'exemple la nécessité de faire l'hypothèse de la réminiscence.

En interrogeant l'esclave de Ménon sur un problème de géométrie, celui-ci finit par trouver la solution alors qu'il semblait l'ignorer : c'est qu'il la savait depuis toujours mais ne s'en était pas aperçu.

La réminiscence n'est pas un souvenir ordinaire comme le souvenir d'un événement dans le temps, mais le souvenir d'une autre existence, celle que l'âme menait lorsqu'elle pouvait contempler les essences.

La réminiscence est le souvenir des essences. 2.

Sensible et intelligible Pour Platon, est sensible ce que l'on peut saisir par les sens, intelligible ce que l'on saisit par l'esprit ou l'intelligence, ce que l'on comprend.

Ainsi, la croyance est déterminée par des objets sensibles, alors que la science a pour principe des réalités intelligibles. La réalité sensible est celle des objets qui nous entourent.

Soumise aux contradictions, celle du temps notamment, dans lequel chaque chose devient une autre, elle s'oppose à la réalité des essences, ou Idées, dans laquelle chaque chose est ce qu'elle est de toute éternité.. »

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