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Que pensez-vous de cette assertion dun philosophe contemporain : « Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons mêmes par lesquelles nous les justifions sont rarement celles

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Ce texte de Bergson se trouve dans le chapitre II des Données immédiates de la conscience (dans les anciennes éditions, p. 102). Ce chapitre a pour but de montrer que, à la différence de l'espace dans lequel les phénomènes physiques se juxtaposent, la durée réalise la fusion des faits psychiques : L'extériorité est le caractère propre des choses qui occupent l'espace, tandis que les faits de conscience ne sont point essentiellement extérieurs les uns aux autres, et ne le deviennent que par un déroulement dans le temps, considéré comme un milieu homogène. » (p. 75.) De là « les deux aspects du moi » : un moi fondamental et profond où tout fusionne; un moi superficiel dont les éléments se juxtaposent et, par suite, se discernent facilement. "Au-dessous de la durée homogène, symbole extensif de la durée vraie, une psychologie attentive démêle une durée dont les moments hétérogènes se pénètrent; au-dessous de la multiplicité numérique des états conscients, une multiplicité qualitative. Au-dessous du moi aux états bien définis, un moi où succession. implique fusion et organisation. Maïs nous nous contentons le plus souvent du premier, c'est-à-dire de l'ombre du moi projetée dans l'espace homogène. La conscience, tourmentée d'un insatiable désir de distinguer, substitue le symbole à la réalité, ou n'aperçoit la réalité qu'à travers le symbole. Comme le moi ainsi réfracté, et par là même divisé, se prête infiniment mieux aux exigences de la vie sociale en général et du langage en particulier, elle le préfère, et perd peu à peu de vue le moi fondamental." (P. 97.) Les opinions ordinaires, que nous adoptons dans une grande mesure pour répondre aux exigences de la vie sociale, par exemple pour prendre part aux conversations, n'affectent pas la zone profonde de la conscience : nous pesons les raisons pour et les raisons contre et optons pour le parti qui nous semble plus probable. Ces raisons sont juxtaposées en quelque sorte; aussi pouvons- nous les examiner une à une et les comparer. n en est pas de même des opinions dans lesquelles tout notre être est engagé : elles nous tiennent à coeur et s'enracinent au plus profond de notre moi, dans cette zone où tout fusionne dans l'indistinction. "...L'ardeur irréfléchie avec laquelle nous prenons parti dans certaines questions prouve assez que notre intelligence a ses instincts; et comment nous représenter ces instincts sinon par un élan commun à toutes ans idées c'est-à-dire par leur pénétration mutuelle ? Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons par lesquelles nous les justifions sont rarement celles qui nous ont déterminés à les adopter. En un certain sens, nous les avens adoptées sans raison, car ce qui en fait le prix à nos yeux, c'est que leur nuance répond à la coloration commune de toutes nos autres idées, c'est mie nous y avons vu, dès l'abord, quelque chose de nous. Aussi ne prennent-elles pas dans notre esprit la forme banale qu'elles revêtiront dès qu'on les en fera sortir pour les exposer par des mots; et bien que, chez d'autres esprits, elles portent le même nom, elles ne sont pas du tout la même chose. A vrai dire, chacune d'elles vit à la manière d'une cellule dans un organisme; tout ce qui modifie l'état général du moi la modifie elle-même. Mais tandis que la cellule occupe un point déterminé de l'organisme, une idée vraiment nôtre remplit notre moi tout entier. (p. 102-106.) De ce passage il convient de rapprocher quelques lignes du dernier chapitre dans lequel l'auteur expose sa conception de la liberté : "...nous cherchons en vain à expliquer notre brusque changement de résolution par les circonstances apparentes qui le précédèrent. Nous voulons savoir en vertu de quelle raison nous nous sommes décidés et nous trouvons que nous nous sommes décidés sans raison, peut-être même contre toute raison. Mais c'est là précisément, dans certains cas, la meilleure des raisons. Car l'action accomplie n'exprime plus alors une idée superficielle, presque extérieure à nous, distincte et facile à exprimer : elle répond à l'ensemble de nos pensées et de nos aspirations les plus intimes." (P. 130.) Bref, nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité tout entière, (P. 132.) INTRODUCTION. - Quoi qu en disent les existentialistes, qui prétendent que chacun décide arbitrairement des normes du vrai et du bien, l'homme ne peut pas se défendre de justifier sa conduite et les principes qui le guident. Mais cette justification s'avère fort difficile. Gomme le dit BERGSON : « Les opinions auxquelles nous tenons le plus... » Que penser de ces affirmations ? Ne sont-elles pas trop sceptiques ? Pour en juger, nous allons les suivre phrase à phrase et comme mot par mot. Si, au cours du commentaire, aucune réserve ne s'impose, nous conclurons que BERGSON a bien mis en relief le mystère de la naissance des opinions.

« Que pensez-vous de cette assertion d'un philosophe contemporain : « Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons mêmes par lesquelles nous les justifions sont rarement celles qui nous ont déterminés à les adopter » Ce texte de Bergson se trouve dans le chapitre II des Données immédiates de la conscience (dans les anciennes éditions, p.

102).

Ce chapitre a pour but de montrer que, à la différence de l'espace dans lequel les phénomènes physiques se juxtaposent, la durée réalise la fusion des faits psychiques : L'extériorité est le caractère propre des choses qui occupent l'espace, tandis que les faits de conscience ne sont point essentiellement extérieurs les uns aux autres, et ne le deviennent que par un déroulement dans le temps, considéré comme un milieu homogène.

» (p. 75.) De là « les deux aspects du moi » : un moi fondamental et profond où tout fusionne; un moi superficiel dont les éléments se juxtaposent et, par suite, se discernent facilement. "Au-dessous de la durée homogène, symbole extensif de la durée vraie, une psychologie attentive démêle une durée dont les moments hétérogènes se pénètrent; au-dessous de la multiplicité numérique des états conscients, une multiplicité qualitative.

Au-dessous du moi aux états bien définis, un moi où succession.

implique fusion et organisation.

Maïs nous nous contentons le plus souvent du premier, c'est-à-dire de l'ombre du moi projetée dans l'espace homogène.

La conscience, tourmentée d'un insatiable désir de distinguer, substitue le symbole à la réalité, ou n'aperçoit la réalité qu'à travers le symbole.

Comme le moi ainsi réfracté, et par là même divisé, se prête infiniment mieux aux exigences de la vie sociale en général et du langage en particulier, elle le préfère, et perd peu à peu de vue le moi fondamental." (P.

97.) Les opinions ordinaires, que nous adoptons dans une grande mesure pour répondre aux exigences de la vie sociale, par exemple pour prendre part aux conversations, n'affectent pas la zone profonde de la conscience : nous pesons les raisons pour et les raisons contre et optons pour le parti qui nous semble plus probable.

Ces raisons sont juxtaposées en quelque sorte; aussi pouvons- nous les examiner une à une et les comparer.

n en est pas de même des opinions dans lesquelles tout notre être est engagé : elles nous tiennent à coeur et s'enracinent au plus profond de notre moi, dans cette zone où tout fusionne dans l'indistinction. "...L'ardeur irréfléchie avec laquelle nous prenons parti dans certaines questions prouve assez que notre intelligence a ses instincts; et comment nous représenter ces instincts sinon par un élan commun à toutes ans idées c'est-à-dire par leur pénétration mutuelle ? Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons par lesquelles nous les justifions sont rarement celles qui nous ont déterminés à les adopter.

En un certain sens, nous les avens adoptées sans raison, car ce qui en fait le prix à nos yeux, c'est que leur nuance répond à la coloration commune de toutes nos autres idées, c'est mie nous y avons vu, dès l'abord, quelque chose de nous.

Aussi ne prennent-elles pas dans notre esprit la forme banale qu'elles revêtiront dès qu'on les en fera sortir pour les exposer par des mots; et bien que, chez d'autres esprits, elles portent le même nom, elles ne sont pas du tout la même chose.

A vrai dire, chacune d'elles vit à la manière d'une cellule dans un organisme; tout ce qui modifie l'état général du moi la modifie elle-même.

Mais tandis que la cellule occupe un point déterminé de l'organisme, une idée vraiment nôtre remplit notre moi tout entier.

(p.

102106.) De ce passage il convient de rapprocher quelques lignes du dernier chapitre dans lequel l'auteur expose sa conception de la liberté : "...nous cherchons en vain à expliquer notre brusque changement de résolution par les circonstances apparentes qui le précédèrent.

Nous voulons savoir en vertu de quelle raison nous nous sommes décidés et nous trouvons que nous nous sommes décidés sans raison, peut-être même contre toute raison.

Mais c'est là précisément, dans certains cas, la meilleure des raisons.

Car l'action accomplie n'exprime plus alors une idée superficielle, presque extérieure à nous, distincte et facile à exprimer : elle répond à l'ensemble de nos pensées et de nos aspirations les plus intimes." (P.

130.) Bref, nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité tout entière, (P.

132.) INTRODUCTION.

- Quoi qu en disent les existentialistes, qui prétendent que chacun décide arbitrairement des normes du vrai et du bien, l'homme ne peut pas se défendre de justifier sa conduite et les principes qui le guident. Mais cette justification s'avère fort difficile.

Gomme le dit BERGSON : « Les opinions auxquelles nous tenons le plus... » Que penser de ces affirmations ? Ne sont-elles pas trop sceptiques ? Pour en juger, nous allons les suivre phrase à phrase et comme mot par mot.

Si, au cours du commentaire, aucune réserve ne s'impose, nous conclurons que BERGSON a bien mis en relief le mystère de la naissance des opinions. Les opinions... Il importe avant tout de bien préciser sur quoi porte l'affirmation de notre auteur : il ne parle pas des certitudes ou des évidences, mais des opinions. La certitude, comme l'évidence, est une.

A une question donnée, il est impossible que, avec la même assurance d'être dans la vérité, les uns puissent répondre « oui » et d'autres « non ».

Sans doute, il peut m'arriver de me. »

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