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Que penser de cette formule de Paul Valéry: Deux dangers ne cessent de menacer le monde: l'ordre et le désordre ?

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« Analyse du sujet : Il n'est pas nécessaire dans un tel sujet de comprendre la citation de Valéry en rapport aux thèmes abordés dans ses écrits.

On ne vous demande pas de connaître la pensée complexe de Paul Valéry, ni son intention exacte, il suffit de savoir que c'est un poète français du début du XX ème siècle.

L'important est de réfléchir sur la formule, sur le choix de chaque terme et d'en fournir une interprétation. Paul Valéry affirme que deux menaces pèsent sur le monde, deux menaces qui sont antinomiques : le désordre est en effet le contraire, l'opposé de l'ordre.

Mais cette opposition ne signifie pas qu'il y ait une alternative radicale entre un ordre pur et un désordre pur, le monde au contraire semble se tenir entre ces deux écueils. Le désordre total serait l'absence de tout ordre, un chaos sans distinctions, sans différenciations.

Il faut cependant bien distinguer l'ordre politique et social, de l'ordre du monde en général dont il n'est qu'une partie. S'il n'y avait pas d'ordre dans la nature, aucune connaissance, aucune action ; aucune vie ne serait possible. Un tel désordre serait par ailleurs inconcevable. Le désordre n'est pas nécessairement absence totale d'ordre, mais un défaut d'ordre, un déficit.

L'ordre produit des distinctions, des différenciations : mais il ne se contente pas de différencier, il ordonne cette différenciation, il crée un ensemble de liens entre les divers éléments, c'est donc un principe d'union qui lie les distinctions.

Le désordre est une remise en cause de ces différenciations, il n'est qualifié de désordre qu'en rapport à l'ordre auquel il s'oppose. Dans la citation de Valéry, l'article défini « le » (désordre) et « l' » (ordre) indique qu'il n'est pas question de tel ou tel ordre, de tel ou tel désordre mais de l'ordre ou du désordre en général quelque chose de commun à tout excès d'ordre et à tout défaut d'ordre. Problématisation : Les deux menaces qui pèsent sur le monde sont, d'après la formule de Valéry, toujours présentes, la tentation de l'ordre et du désordre sont donc des écueils permanents de toute organisation, et particulièrement de l'organisation sociale.

L'ordre fige, il structure, le risque est que l'ordre soit funeste, il est une spatialisation sans durée et donc sans vie.

Inversement, le désordre risque d'être un « devenir fou » pour reprendre une expression de Gilles Deleuze, une sorte de mouvement perpétuel sans assises, sans valeurs, sans structures.

Il faudra, dans ce sujet, saisir la différence entre les deux menaces.

Comment le monde se tient-il entre ces deux principes ? Le danger du désordre et de l'ordre sont coextensifs, le monde est pris dans un étau ; il faudra montrer que ces menaces sont réelles, notamment par des exemples historiques.

Comment prévenir de telles menaces ? 1.La menace du désordre. a) b) c) Tout ordre est mortel, l'histoire nous enseigne combien sont précaires les civilisations, les empires que l'on a pu croire en leur temps immortels.

L'effondrement de l'Empire romain par exemple témoigne de la précarité de tout ordre, l'Histoire est un processus qui bouleverse les ordres établis et ce, de manière violente, mais en réalité la révolution n'apparaît pas d'un seul coup, celle-ci a pu être portée par des idées, ralentie, étouffée ou accéléré, elle était en marche à partir du moment où l'ordre politique était en contradiction avec les idées.

Si un ordre est mortel, c'est qu'en lui est inclus un certain désordre, des contradictions, des tensions.

La révolte, la guerre civile existent dans une certaine mesure avant que leur éclat les rendent incontestables. Le défaut d'ordre, en quoi réside le désordre, ne semble pas pour autant pouvoir tenir.

Il semble en effet que le moment de désordre entendu comme une violence est peu durable et, l'Histoire nous l'apprend, celui-ci est suivi d'une réaction autoritaire.

La peur du désordre, par ceux qui sont situés dans un ordre, désigne aussi la peur de ceux que l'on a nommés les indigents. La menace du désordre est une justification courante du pouvoir.

Pour Hobbes, dans le Léviathan, les hommes sont à l'état de nature dans une guerre de chacun contre chacun.

L'état de nature désigne non pas un état originel de l'homme, mais l'état du monde en l'absence de tout artifice politique.

Les désirs des hommes aussi bien que leur raison portent les hommes au conflit car ils ne peuvent compter sur aucune force instituée pour garantir leur sécurité.

Or toute la démarche de Hobbes tient sur ce que l'état de nature ainsi décrit comme un état de guerre est le pire état possible.

Mieux vaut selon Hobbes le pire des tyrans qu'une absence totale de souverain.

Bien sûr le Léviathan consiste à édifier une structure politique conçue de telle manière qu'elle permette de régler ce problème de le guerre.

Mais, si l'on refuse que l'état de guerre soit le pire état qui soit, ou que l'état de nature soit un état de guerre alors on peut remettre en cause la légitimité d'un ordre : l'ordre doit-il être préserver à tout prix ? . 2.L'ordre à tout prix ? a) L'excès d'ordre pourrait-il être pire qu'un défaut d'ordre ? L'excès d'ordre se donne à voir dans ce qui le maintient.

Pour qu'un ordre s'impose, il faut user de la répression.

L'ordre est aussi rendu. »

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