Que nous apprennent les sens ?
Extrait du document
«
Nos interrogations sur la connaissance que nous pouvons avoir des choses, sur la valeur et la nature de cette
connaissance nous amènent à examiner la façon dont nous pouvons entrer en contact avec elles.
Connaître, c'est
d'une certaine façon atteindre ou saisir un objet.
À l'inverse, l'inconnu ou l'inconnaissable est ce que l'on ne peut
atteindre, ce qui demeure inaccessible.
Il faut que nous soyons en présence de la chose pour pouvoir envisager une
démarche de connaissance.
Or cette présence de la chose pour nous passe par le contact sensible entre elle et
nous : elle entre dans notre champ de vision, se fait entendre...
Ainsi la sensation apparaît comme un moment
crucial de la connaissance, celui qui garantit l'accès à la chose extérieure.
L'objet est donné, et pas seulement
conçu ou construit.
La description que l'on donne de la sensation peut alors conditionner notre compréhension du
processus de connaissance et sa capacité à découvrir la vérité de la chose.
Pour toute philosophie de la
connaissance, la sensation se pose comme le moment objectif de l'acte de connaître, moment qui nous enracine
dans la réalité.
1.
LA SENSATION COMME ACTION DE L'OBJET SUR L'ORGANE
A - La sensation seule est signe de l'existence de la chose
¦ La sensation est propre à nous faire connaître l'existence de la chose, contrairement aux autres activités de
représentation, car elle dépend de la chose pour se produire.
On ne peut percevoir à volonté tel ou tel objet : il faut
qu'il soit là en chair et en os pour être vu.
Au contraire, je peux concevoir, imaginer, ou vouloir un objet à n'importe
quel moment.
Le fait de concevoir l'objet ne garantit en rien sa présence ou son existence, car concevoir ou
imaginer un objet n'est pas entrer en contact avec lui.
B - La sensation est réceptacle neutre de la chose
¦ La sensation correspond à la mise en contact de la chose avec l'un de nos organes.
C'est ainsi que la sensation
est bien souvent décrite dans les textes philosophiques en termes d'impression sensible.
La chose agit sur notre
organe et s'y imprime d'une certaine façon.
Notre organe remplit son rôle sensitif dans la mesure où il peut servir de
réceptacle de la chose.
¦ On comprend dès lors la nécessité de garantir la passivité et la neutralité de l'organe pour pouvoir s'assurer de la
véracité de la connaissance qu'il nous donne de la chose.
Si nos sens agissaient sur la chose pour la connaître ou la
déformer en fonction de leur caractéristiques propres, on ne pourrait plus avoir accès à la chose telle qu'elle est en
elle-même.
Si l'organe de vision est coloré de bleu, toute chose sera vue bleue quelle que soit sa véritable couleur.
C - La subjectivité de la sensation : une norme introuvable
¦ Cet idéal de neutralité et de passivité des sens, qui offriraient une voie d'accès directe aux choses mêmes, paraît
cependant incompatible avec la nature subjective, individuelle et variable de l'acte de sentir.
Chacun l'accomplit
avec un corps qui lui est complètement propre, selon une nature et un état que l'on ne peut mesurer à aucune
norme universelle.
¦ On pourrait invoquer la distinction entre l'homme sain et l'homme malade, le premier pouvant servir de norme pour
définir une sensation véridique en opposition aux sensations déformées de l'homme malade.
Mais la variété et la
variabilité de la sensation dépasse cette ligne de partage sommaire.
De deux personnes qui ne voient pas une chose
de la même couleur, comment savoir qui voit la chose telle qu'elle est vraiment ? On ne peut ni ressentir ce que
l'autre ressent, ni comparer la chose avec la vision que l'on en a, puisque précisément nous ne connaissons la chose
qu'au travers de cette vision.
La couleur est-elle même une qualité de la chose, ou simplement un effet de notre
corps en réaction à la chose ? On voit comment loin d'introduire un rapport direct entre le sujet et l'objet, la
sensation fait intervenir la relation que le sujet entretient avec son corps propre diversement réactif au monde
extérieur..
»
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