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Que nous apprend le temps ?

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« Introduction Le temps est intimement lié au sentiment de notre existence, il échappe presque à la définition.

Pascal dira même « qu'il est impossible et inutile de définir » (De l'esprit géométrique).

Ainsi tous les hommes, même s'ils n'ont pas de définition exacte du temps, paraissent s'orienter sur une même idée.

Ainsi le temps marquerait ce devenir permanent intégrant en lui l'avant et l'après, cette durée marquée par la successions d'évènements.

Le temps est ainsi décomposé en trois modes : le passé, le présent et le futur.

Mais peut-on tirer du temps une idée de quelque chose qui serait hors du temps ? I.

L'irréversibilité du temps a.

Le principal caractère du temps est son ordre qui s'impose à l'attention, et plus précisément, l'irréversibilité de cet ordre.

On peut ainsi tout inverser, sauf le temps.

On peut mettre les choses la tête en bas, mettre « la charrue avant les bœufs » même si c'est difficile, dangereux, ce n'est pas impossible.

Mais on aura beau retourner sur ses pas, rien ne défera l'aller.

Lavelle dira que « L'irréversibilité constitue pourtant le caractère le plus essentiel du temps, le plus émouvant, et celui qui donne à notre vie tant de gravité » (Du temps et de l'éternité).

Jankélévitch affirmera : « Le voyageur revient à son point de départ, mais il a vieilli entre-temps ! » (L'irréversible et la nostalgie).

Ainsi l'irrémédiable réside en ceci qu'une fois qu'on est parti d'un point du temps, celui-ci ne peut plus jamais être retrouvé, puisqu'il est toujours déjà passé. b.

Le passé est donc ce mode temporel qui est définitivement perdu.

Il a perdu toute existence réelle, et ne réside alors que dans l'ombre du souvenir.

L'homme a ainsi souvent la nostalgie du passé, ce désir de retrouver ce qu'il a à jamais perdu.

Ce passé peut cependant être utilisé afin de se racheter d'une faute commise par exemple, voire afin de faire une histoire.

L'ordre irréversible du temps est ressenti selon les trois modalités du passé, du présent, de l'avenir.

Mais c'est au sein du présent que se dessine sans cesse ces trois mouvement de conscience : l'attention à l'existence actuelle, le retour en pensée vers ce qui fut et n'est plus, la projection vers ce qui va se produire.

Ce qui amène St Augustin à décrire le temps comme une tension de l'esprit d'attente en souvenir.

Il montrera que le présent seul existe, et qu'il contient le passé et le futur : « il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de l'avenir.

Il y a en effet dans l'âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l'avenir, l'attente » (Confessions, L.

XI). II.

Temps et durée a.

Le présent vécu est le temps expérimenté par le sujet dans ses actes de la vie quotidienne.

Le moment présent, à la différence de l'instant comporte le passé immédiat et une anticipation du futur immédiat.

C'est ce qui donne à l'homme ce sentiment de continuité, car autrement, le présent ne serait que rupture perpétuelle.

Ainsi le temps est à la fois continu et hétérogène.

Bergson a insisté sur la continuité, évidente « quand notre moi se laisse vivre ».

il réserve le nom de durée à cette continuité.

A la différence du temps ordinaire, physique, qui n'est qu'une représentation symbolique tirée de l'étendue (cf.

Bergson, Matière et mémoire). BERGSON : le temps, spatialisation de la durée Nous pensons ordinairement un temps spatialisé.

En effet nous sommes si familiarisés avec l'idée d'espace que « nous l'introduisons à notre insu dans notre représentation de la succession pure ».

Ainsi nous concevons un temps contaminé par l'espace, projeté dans l'espace, c'est-à-dire un temps homogène qui se mesure grâce à des moyens spatiaux comme les mouvements des astres ou les horloges.

Mais ce temps n'est qu'un temps conceptuel, abstrait.

Le vrai temps, vécu par la conscience, c'est-à-dire la durée, n'est « qu'une succession de changements qualitatifs qui se fondent, se pénètrent sans contours précis, sans aucune tendance à s'extérioriser les uns par rapport aux autres, sans aucune parenté avec le nombre ».

Loin d'être homogène, la durée est donc l'hétérogénéité pure.

Le vrai temps n'est pas une détermination des choses, mais le mouvement concret de la vie intérieure. b.

C'est cette représentation symbolique, et non la durée vécu, qui peut être considérée comme une « quatrième dimension » de l'ensemble espace-temps. Cette transposition est nécessaire pour la représentation mathématique des phénomènes physiques.

Mais elle s'écarte des intuitions immédiates de la conscience.

Seul le temps mathématique est mesurable.

On ne peut donner de traduction en termes scientifiques au sentiment, inhérent à la conscience intime, que l'instant présent est le présent simultané de l'univers entier.. »

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