Que la philosophie n'ait pas d'autre fin qu'elle-même, cela signifie-t-il qu'elle n'a aucune utilité ?
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Introduction
Contrairement aux sciences, auxquelles souvent on l'oppose, la philosophie ne vise ni un savoir-faire technique, ni
une pratique précise, ni à élucider tel ou tel mystère, la philosophie est avant tout un regard particulier, critique,
porté sur soi et sur le monde, elle interroge l'homme sur la place qu'il occupe dans l'univers.
Bien souvent, le sens
commun présente la philosophie comme une discipline n'ayant pas d'autre but qu'elle même, tournant à vide, n'ayant
aucune influence concrète sur le monde.
Dès lors se pose la question de son utilité : si la philosophie se suffit à ellemême, quelle est la place qu'il faut lui laisser dans un monde tout entier tourné vers le résultat et l'efficacité
(représentés par la technique) ? Si, comme le précise le sujet, cette vision triviale de la philosophie ne visant pas
d'autre fin qu'elle même a une certaine part de vérité, et que l'image du philosophe perdu dans ses pensées sans
rapport avec le monde n'est pas à rejeter entièrement, nous verrons qu'il faut dépasser cette représentation
commune pour arriver à esquisser ce que peut être la philosophie dans son rapport au concept "d'utilité".
1/ L'inutilité au coeur de la philosophie
Dans cette partie, nous mettrons en lumière certaines raisons qui peuvent pousser le sens commun à penser que la
philosophie est inutile.
- La philosophie ne permet pas de survivre.
La première des utilités est la survie.
Or, si l'on observe un philosophe, nous remarquons que la philosophie ne
permet pas de survivre.
Elle ne permet ni de manger, ni de se protéger des dangers extérieurs, ni de se défendre (on
pourrait parler du cas des sophistes qui faisaient payer très chères leurs leçons).
Si l'on pose l'utilité comme ce qui
permet à l'homme de survivre, alors la philosophie est sans aucun doute la reine des inutiles.
D'autant plus à notre
époque, entièrement tournée vers l'efficacité et le résultat.
- La philosophie est un mouvement qui n'a pas de fin.
Ici, fin est à prendre au sens "qui termine".
La philosophie se termine-t-elle ? Il semblerait que non.
Depuis ses
2500+ ans d'histoire, la philosophie ne semble pas partie pour se terminer un jour.
Qu'est-ce que la philosophie, au
sens étymologique ? Étymologiquement le terme philosophia signifie "désir du savoir", ou "amour de la sagesse".
Or
cette recherche semble sans fin.
Jamais elle ne s'arrête.
Puisqu'il s'agit ici de "regard critique" et d'introspection, les
vérités obtenues par les philosophes sont toujours remises en question.
Soit par eux-mêmes, soit par les philosophes
du siècle suivant.
Ainsi va la philosophie, dans son déploiement historique : sans cesse elle vacille, elle ne semble
pas promise à l'équilibre.
En ce sens précis, nous pouvons dire que la philosophie est inutile : elle ne vise aucun
avantage, aucun résultat particulier.
Et, d'un certain point de vue, certes étriqué, nous pouvons dire qu'elle est
inutile.
- Les philosophes ne tombent jamais d'accord.
La philosophie présente un drôle de tableau : au fil des siècles, chaque philosophe balaye les "vérités" présentées
par ceux qui le précédent.
Chaque grande figure de la philosophie fait place à ses propres travaux en essayant de
montrer que ceux réalisés avant les siens sont caduques, limités, faux.
(on pensera à Descartes, Kant, Nietzsche ou
encore Heidegger).
Mais si la philosophie est un balai incessant de vérités qui n'en sont pas, de résultats qui n'en sont pas, si la
philosophie ne produit rien d'autre que des textes qui finiront par être balayés, on peut légitimement s'interroger sur
son utilité.
D'autant plus que dans notre monde actuel, il semble difficile d'accorder de la place à une discipline
ancestrale qui ne semble pouvoir que poser des questions sans pouvoir y apporter de réponses définitive.
- Transition
La philosophie est bien représentée par le fameux tableau de Rembrandt ("Philosophe en méditation"), qui représente
un homme perdu dans ses pensées dans une pièce sombre.
Le philosophe est-il complètement déconnecté de la
réalité ? La philosophie est-elle alors une discipline obscure qui ne se donne d'autre fin qu'elle même ? Perdrait-elle
ceux qui s'y oublie dans des chemins métaphysiques inutiles ? Pour tenter d'apporter une réponse à ces questions, il
s'agit maintenant d'observer ses origines, ou plutôt d'interroger des philosophes quant aux origines de la philosophie.
2/ L'origine de la philosophie
Dans cette partie nous réaffirmerons la première partie du sujet : "la philosophie n'a pas d'autre fin qu'elle même",
pour s'introduire au sein de la problématique du sujet.
- De l'intérêt de s'interroger sur l'origine de la philosophie.
Si nous cherchons à savoir quelle est la fin de la philosophie, il semble évident qu'il est intéressant d'interroger la
nature de ses origines.
Savoir quel était la fin visée par les premiers penseurs nous mettra sans doute sur la piste
pour répondre à la question : quelle peut être l'utilité de la philosophie ? D'abord nous allons questionner la première
partie du sujet : "la philosophie n'a d'autre fin qu'elle même".
- Pour répondre à la question de l'origine de la philosophie, il faut se souvenir de l'importance de l'étonnement chez
Platon et Aristote..
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