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Puis-je désirer mourir ?

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« ANALYSE DU SUJET Ne pas oublier que le verbe pouvoir renvoie à une question « défait » et à une question de « droit » : • Avons-nous le « droit » (non de « mourir » ! ni même de nous suicider) mais de « désirer mourir ».

Par rapport à « quoi », par rapport à « qui » cette question peut-elle avoir un sens ? Comment y répondre ? • En fait, pouvons-nous réellement désirer « mourir » ? Lorsque nous disons ou croyons que nous désirons mourir, ne désirons-nous pas en réalité autre chose ? Mourir, pour chacun de nous, peut-il avoir une signification réelle (à strictement parler)? (entre autres nous n'avons pas alors l'expérience de notre propre mort...). • S'interroger non seulement sur l'objet du verbe désirer, mais sur le verbe désirer lui-même ici.

Quel(s) sens peut-il avoir ? En a-t-il un ? Discussion : Désirer mourir, c'est avant tout vouloir échapper à sa propre condition sur terre, soit parce que la vie est profondément insupportable, ou alors parce qu'on attend dans la mort une seconde vie bien plus satisfaisante que la précédente.

Dans les deux cas cités, l'image de la mort n'évolue pas, elle reste l'élément libérateur d'une vie sur terre bien trop dure et dont il est presque nécessaire d'échapper.

Cependant, il faut souligner que celui qui désire la mort est nécessairement celui qui n'a pas peur de la mort.

Or dans l'usage commun, cette dernière, est la plus grande crainte des hommes et leur principale préoccupation.

Ne plus craindre la mort serait-ce alors une preuve d'ataraxie, ou alors un simple rejet de la vie sur terre ? De plus, le problème de la mort est intrinsèquement lié à celui du bonheur.

On sait que l'unique but des hommes est d'aspirer à la vie heureuse ; ainsi dans cette vie soit sur terre ou après la mort, la finalité reste toujours la même : « Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et au bonheur, c'est là une chose manifeste » Aristote, La Politique. Première partie : La mort : la plus grande crainte des hommes. « Il m'est avis que c'est le bout (la mort), non pourtant le but de la vie...

et des plus légers si notre crainte ne lui donnait poids.

» Non seulement les hommes ont l'obsession de la volonté d'immortalité, mais de surcroît ils associent à la mort toutes sortes de peurs irrationnelles qui la rendent encore plus terrifiante et redoutable.

A lors qu'elle n'est rien, qu'elle n'est ni un mal, ni un bien, l'angoisse des hommes lui confère une dimension surnaturelle, et tout à fait au-delà de la réalité.

Non seulement les hommes se laissent envahir par l'idée de la mort mais de plus ils la rendent si insupportable qu'elle peut gâcher une vie entière.

La question se pose donc de savoir si la peur des hommes vient uniquement de la mort.

Le pouvoir d'immortalité serait-il un remède au malheur des hommes ? Saint- Augustin, La Trinité : « Puisque tous les hommes veulent être heureux, s'ils le veulent véritablement, ils veulent être en même temps immortels ».

L'immortalité semble aller de pair avec la notion de bonheur, car si l'unique trouble dans la vie des hommes est l'idée de mort, alors sans cela ils pourraient sereinement aspirer à une vie heureuse.

Dans cette perspective, et si l'on considère les thèses des différents philosophes on s'aperçoit que la mort, loin d'être désirée, est au contraire appréhendée.

Celui qui désire la mort apparaîtrait presque comme un fou, comme quelqu'un qui n'aurait pas conscience de ce que la mort représenterait.

« Je trouve la mort si terrible que je hais plus la vie parce qu'elle m'y mène, que par les épines dont elle est semée», écrit Mme de Sévigné à sa fille Mme de Grignan, soulignant à nouveau la pesanteur de la mort sur la vie. Deuxième partie : le désir inconscient de mourir. Être immortel apparaît comme la délivrance à toutes les souffrances des hommes, ce qui les libérerait de tous leurs maux.

Pourtant, inconsciemment, tous les hommes en aspirant au bonheur, désirent la mort, ou tout au moins l'idée de mort.

Le pouvoir d'immortalité serait-il un remède au malheur des hommes ? Il semble que si les hommes étaient immortels, ils ne seraient pas plus heureux, pris à l'inverse par l'idée de l'ennui et de la répétition.

Car ce qui est effrayant dans l'idée de mourir, c'est d'imaginer une fin à toutes les choses que l'ont fait sur terre, seulement, dans un autre sens, s'il n'y avait pas de fin à ces choses, et si les hommes savaient qu'ils pourraient les refaire éternellement il n'y aurait plus aucune jouissance de la chose en question.

La notion de fin, de finitude de la vie, est aussi angoissante qu'existante. Comme si la mort était finalement ce qui donnait de la valeur à toutes les choses de la vie, sans quoi tout deviendrait fade.

La mort est nécessaire au bonheur des hommes, car elle dessine une voie pour chaque homme et permet à chacun de se diriger vers un but, qui doit être la fin de la vie.

Ainsi comme on dit dans le langage courant : « toutes les bonnes choses ont une fin », et cette fin est absolument nécessaire en vue d'une vie heureuse.

Il s'agit donc ici, de reconnaître dans une certaine mesure le désir de mourir, mais encore une fois, presque inconscient, car totalement happé par une peur paralysante de cette mort. Troisième partie : mourir pour être heureux. Ainsi un acte, tel que le suicide, est-il une manifestation du désir de mourir ou du désir d'être heureux ? C ar objectivement, personne ne peut vouloir mourir pour le simple fait de mourir.

Il s'agit avant tout d'échapper à quelque chose dans sa vie, ou alors d'aller à la quête de quelque chose d'autre dans une autre vie.

Dans tous les cas la question de départ, à savoir, si l'on peut désirer mourir, est très superficielle car elle s'arrête à la notion de mort.

Or cette notion n'est pas transcendantale, elle est succédée par autre chose, par la manifestation d'un autre désir.

Le désir de mourir en tant que tel n'existe pas.

Il cache consciemment ou inconsciemment une autre volonté, qui pourrait être celle de la vie heureuse.

C elui qui commet un suicide veut avant tout se libérer d'un poids, d'une souffrance qui le hante dans sa vie sur terre.

En se donnant la mort, encore une fois, le but n'est pas simplement et bêtement de mourir, mais c'est avant tout d'échapper au malheur, et échapper au malheur c'est en d'autres termes vouloir être heureux : « Tous les hommes cherchent le bonheur même ceux qui vont se pendre » Pascal, Les Pensées. Conclusion : La question du désir de mourir ne peut prendre sens que dans un lien intime avec la question du bonheur.

Car celui qui souhaite mourir, souhaite avant tout accéder à une vie meilleure, ou encore échapper à la dureté de son existence.

On peut donc désirer mourir, mais cette pensée ne peut pas être construite sans autre but.

Il s'agit de vouloir mourir dans la perspective d'aspirer à une vie heureuse.. »

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