Proust - A la Recherche du Temps perdu....
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A la Recherche du Temps Perdu
Le roman décrit en détail la vie et surtout la pensée de l'oisif évoluant dans la société mondaine.
L'oeuvre,
autobiographique à bien des égards, est
écrite sous la forme d'un monologue intérieur.
La première partie, "Du Côté de chez Swann", paraît en 1913 à
compte d'auteur et ne suscite guère
d'attention.
La deuxième partie, "A l'Ombre des jeunes filles en fleur", remporte le prix Goncourt en 1919.
Les
troisième et quatrième parties, "Le Côté
de Guermantes" (1920-21) et "Sodome et Gomorrhe" (1922), sont également bien accueillies.
Les trois dernières
parties sont publiées après la mort de Proust: "La Prisonnière" (1923), "Albertine disparue" (1925) et "le Temps
retrouvé" (1927).
L'importance de ce roman réside principalement dans le développement psychologique des personnages et dans la
réflexion philosophique sur le temps.
Proust traite le temps à la fois comme un agent destructeur et comme un
principe positif qui ne peut être appréhendé que par la mémoire intuitive.
Le temps est perçu à la lumière des théories du philosophe français Henri Bergson, que Proust admire.
Il explore
également les profondeurs de la psyché humaine, les motivations inconscientes et l'irrationalité du comportement
humain, en particulier dans les relations amoureuses.
Sa méthode
narrative, qui analyse le développement des personnages dans ses moindres détails, exercera une influence
importante sur la littérature du XXème siècle
Introduction
Proust est né en 1871 dans une famille très aisée.
H consacre sa jeunesse aux mondanités des salons parisiens.
Sa mère meurt en 1905, ce qui correspond au début de ses ennuis de santé et à la fin d'une période insouciante.
Il
vit reclus chez lui.
Il passe tout son temps à une oeuvre unique et monumentale : A la recherche du temps perdu
pour laquelle il reçoit le prix Goncourt pour un fragment « à l'ombre des jeunes filles en fleurs » en 1915.
Il est
surtout reconnu après sa mort.
Dans la première partie de A la recherche du temps perdu (« Du côté de chez Swann »), il raconte le drame de son
coucher qui l'obsède.
Cet épisode la petite Madeleine lui permet d'évoquer toute son enfance.
La question posée
dans ce texte n'est résolue qu'à la fin de l'oeuvre.
C'est un texte essentiel qui constitue la matrice de A la
recherche du temps perdu et plus particulièrement le déclencheur du récit d'enfance.
Ce passage a subit de
nombreuses modifications, des changements de place.
C'est donc un souvenir construit, élaboré pour les besoins
d'une démonstration.
Problématique : à la fois énigme et clé de l'œuvre, ce passage prétend traiter de la mémoire involontaire, mais
n'est-il pas avant tout un exemple de représentation (construction, interprétation) donc de création ?
Lecture
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher
n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me
proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé.
Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me
ravisai.
Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été
moulées dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques.
Et bientôt, machinalement, accablé par la morne
journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir
un morceau de madeleine.
Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je
tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi.
Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion
de sa cause.
Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté
illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse: ou plutôt cette essence
n'était pas en moi, elle était moi.
J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel.
D'où avait pu me venir
cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment,
ne devait pas être de même nature.
D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l'appréhender ? Je bois une seconde
gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m'apporte un peu moins que la seconde.
Il est temps que je m'arrête, la vertu du breuvage semble diminuer.
Il est clair que la vérité que je cherche n'est pas
en lui, mais en moi.
Il l'y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en
moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander
et retrouver intact, à ma disposition, tout à l'heure, pour un éclaircissement décisif.
Je pose la tasse et me tourne
vers mon esprit.
C'est à lui de trouver la vérité.
Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l'esprit se
sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout.
»
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