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Prendre conscience n'est-il pas parfois un devoir ?

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« Introduction La prise de conscience nous paraît s'imposer à nous sans que nous n'y soyons pour rien.

Comment dès lors « devrions »-nous prendre conscience ? Et pourtant, il y a des choses q u e nous devons savoir, dont nous devons prendre conscience dans notre société toute personne humaine doit prendre conscience que le meurtre est susceptible de punition judiciaire.

C'est donc que la conscience constitue l'outil par lequel l'homme pense ce qui doit être ou p a s .

C o m m e n t le donné de la conscience peut-il devenir le critère jugeant de nos existences ? Ne faut-il pas aller jusqu'à penser que la conscience ne fait p a s q u e déterminer nos devoirs, mais qu'elle est elle-même l'origine de tous nos devoirs, et que le devoir est alors une norme fondant la conscience morale elle-même ? I La conscience comme phénomène nécessaire, objet d'aucun devoir : Freud et Husserl -Freud : la conscience est une simple réalité physiologique (corps) et psychique (esprit).

Son émergence est liée à la structure topique du psychisme humain, que Freud décrit comme organisée autour de trois grandes strates : l'inconscient, le pré-conscient et le conscient (première topique, L'Interprétation des rêves).

Le conscient, et la prise de conscience qui le manifeste, proviennent de la nécessité d'une liaison formée de l'énergie libre psychique de l'inconscient, alimentée par les excitations du système nerveux. Impossible alors de concevoir un quelconque « devoir » de prise de conscience : l'homme n'est pas libre de prendre conscience, ce phénomène est naturellement déterminé. -Husserl : il ne s'agit plus de saisir l a g e n è s e physiologico-psychique de la prise de conscience, m a i s d'étudier la nécessité même de l'état de conscience chez l'homme.

Husserl indique ainsi que la structure de la conscience n'est pas le fait de l'homme : elle lui est prédonnée, et représente le soubassement nécessaire de son existence (Méditations cartésiennes).

Accéder à la conscience est fondamentalement un état de fait humain, une possibilité nécessaire, irréductible.

Mais ce donné de la conscience n'ouvre-t-il pas la possibilité d'une exigence quant à l'exercice consécutif de cette conscience ? II La conscience comme objet de devoir par excellence : Platon et Descartes -Platon : La prise de conscience du fait q u e nous ne vivons que dans u n mon de empirique d'images trompeuses des I d é e s qui sont les seules réalités intelligibles est un devoir absolu pour qui veut entreprendre une démarche philosophique (La République).

Cette démarche n'est pas elle-même obligatoire : la plupart du temps, nous vivons sans cette prise d e conscience, dans l'ignorance d e la « Caverne » où sont projetées les images des réalités.

Mais une fois ce pas franchi, une fois la volonté de vérité affichée, la prise de conscience fondamentale de la réalité supérieure des Idées constituent un devoir absolu, un acte de pensée incontournable. -Descartes : démarche similaire dans le Discours de la méthode, mais Descartes va plus loin : le devoir de prise d e conscience s e fait plus pressant, plus impératif, car il concerne la certitude d e notre propre existence.

Le cogito permet ainsi, par le constat de la nécessité de notre état de conscience, d'assurer cette certitude.

Toute personne ne recherchant pas l'épreuve d e cette prise d e conscience est ainsi décrite comme inconséquente, ne parvenant pas à se prémunir contre le doute de sa propre existence, condamnant ainsi sa vie à errer dans la possibilité du rêve et donc de l'erreur.

On voit ici que la prise de conscience se fait plus urgente, car elle se prend elle-même comme objet : ce n'est un plus un devoir supérieur, c'est le devoir par excellence, la conscience se présentant comme critère pour diriger l'existence. III Le devoir comme forme critique de la conscience : Kant et Nietzsche -Kant : Non seulement une prise de conscience est susceptible d'être un devoir, mais toute conscience légitime, et morale, prend la forme du devoir.

En effet, la conscience donnée, la prise de conscience immédiate ne suffit pas : il faut éduquer sa conscience, en faire une prise de conscience responsable et morale, par l'épreuve d e l'universalité (Critique de la raison pratique).

Cette universalité fonde l'impérativité de cette prise de conscience, qui se révèle alors dans sa dimension essentielle de devoir. Toute conscience qui ne prend pas conscience de sa forme de devoir s e condamne aux illusions des objets empiriques du monde, instables et particuliers. -Nietzsche partage cette conception d e la conscience c o m m e apparaissant toujours et nécessairement c o m m e devoir.

Mais que la conscience prenne la forme du devoir n'implique pas forcément que cette prise de conscience soit ellemême un devoir réel.

Certaines prises de conscience sont au contraire des « péchés contre l'esprit », dit Nietzsche.

Ainsi, la pitié est un sentiment qui correspond à une prise de conscience, que Nietzsche juge comme illégitime car elle affaiblit la puissance de notre nature ( Le gai savoir).

La prise de conscience se présente comme un devoir, mais ce devoir doit être lui-même interrogé comme possible illusion. Conclusion -La conscience se détache d e sa dimension d e donné constitutif d e notre existence, pour être l'objet d'une exigence dans son exercice m ê m e .

Prendre conscience, c'est alors n o n plus seulement être conscient, mais élever la conscience à un rang moral de devoir. -Ce devoir peut-être particulier, m ê m e s'il représente le premier ou le plus fondamental d e tous les devoirs : il n'empêche qu'il est contingent malgré son extrême utilité (il ne s'impose que « parfois »). -Le devoir peut cependant se concevoir c o m m e la forme m ê m e d e la conscience : toute prise d e conscience serait-elle soumise à un devoir ? Nietzsche ne le pense pas : la prise de conscience doit être précisément l'élément critique qui vient remettre en cause le caractère moral de devoir de la conscience, déterminant quand la prise d e conscience est impérative, et quand elle est illusoire (d'où l'adverbe « parfois »…).. »

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