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Pouvons-nous tirer des leçons de l'histoire ?

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« Tirer une leçon de quelque chose c'est savoir profiter d'un enseignement, d'un avertissement.

Que peut nous apprendre l'histoire ? Que nous enseigne-t-elle ? Votre professeur d'histoire, tout au long de votre scolarité, remonte le cours du temps, le fleuve de l'oubli. Préhistoire, Égypte, empires grecs et romains, guerres et paix, bouleversements sociaux, économiques, culturels, divisions de territoires, reconquêtes, mouvements révolutionnaires, etc.

Vous apprenez le tumulte des sociétés, disparues ou non, un tumulte qui semble ne jamais tirer expérience des échecs précédents ; comme si chaque situation historique ne valait que pour un seul lieu et un seul temps déterminés. Dans ce cas, pourquoi étudier l'histoire ? Jusqu'au triomphe du christianisme, on peut affirmer que l'histoire n'intéressait que comme nostalgie des origines.

En effet jusque-là, la notion de progrès de l'histoire n'existait pas.

La vision de l'histoire était circulaire : telle la nature, les cycles se suivaient et se répétaient, de la naissance à la mort.

Ce cycle était destructeur.

La vision chrétienne va opérer un renversement philosophique : l'histoire devient linéaire, elle a un début et une fin, en quête de salut. Le progrès est dynamique et non plus destructeur.

C'est au xviiie siècle, siècle des Lumières, et au XIXe siècle - que l'on a appelé le siècle de l'Histoire - que l'idée de progrès et de sens de l'histoire devient dominante. Hegel conçoit l'histoire comme une progression de l'esprit qui s'auto-produit.

Tout conflit devient accoucheur de vérité : « L'histoire du monde est le tribunal du monde ». HEGEL: « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Le déroulement de l'histoire est rationnel. « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Hegel, La Raison dans l'histoire (1830). • Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possible de donner une vision systématique.

Ainsi, chaque peuple exprime une étape du déploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va de l'Est (Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne).

Ce processus est dialectique: de la rencontre et de la confrontation entre les cultures adviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époque précédente.

C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers un but) qui mène, selon Hegel, à la prise de conscience de soi de l'Esprit du monde. • Le travail de l'historien-philosophe, c'est donc, pour Hegel, la saisie des processus rationnels à l'oeuvre dans l'histoire de l'humanité, en insérant tous les événements dans un processus censé être nécessaire et ordonné par une fin prédéterminée. « RIEN DE GRAND NE S'EST ACCOMPLI DANS LE MONDE SANS PASSION.

» La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moins mauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à la passion toute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dans l'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après sa mort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cet intérêt nous l'appelons passion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.

En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Qui a contemplé les ruines de Carthage, de Palmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur la caducité des empires et des hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas comme devant la tombe des êtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée.

» L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plus grandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des États et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnels que par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voir l'oeuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

La Raison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la. »

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