POUVONS-NOUS PENSER L'ABSOLU ?
Extrait du document
«
Divers sens du mot absolu.
— La notion de l'absolu a soulevé les plus graves problèmes.
Pour répondre à la
question proposée il importe de bien définir ce qu'on entend par absolu.
a) D'abord l'absolu c'est ce qui est réellement tel qu'il apparaît, et qu'on ne peut nier sans se contredire.
Tels
sont les phénomènes de conscience : je pense, je sens, je souffre.
» La psychologie la plus terre à terre, dit
M.
Rabier, est, en ce sens, une connaissance de l'absolument réel, aussi bien que si nous voyions Dieu face à
face.
»
b) L'absolu, c'est encore ce qui nous apparaît comme ne pouvant pas être autrement qu'il est.
Ainsi entendue,
l'absoluité exprime et vise uniquement, dans notre entendement, une question de rapports nécessaires
considérée abstractivement.
Ainsi deux et deux font quatre, le tout est plus grand que la partie, sont des
absolus, qui restent tels indépendamment de toutes les autres choses, et même indépendamment de la chose
elle-même.
c) Mais ce qu'il faut entendre par l'Absolu, c'est l'être en soi et par soi, l'inconditionné, qui ne dépend de rien
et de qui tout dépend.
C'est le sens précis du mot.
Cet Absolu existe-t-il ? Pouvons-nous le penser? La
première question relève de la métaphysique; c'est la question même de l'existence de Dieu.
Il s'agit ici de la
deuxième question : Pouvons-nous penser l'absolu?
Objection d'Hamilton.
— Kant admet l'idée d'absolu; il nie seulement la possibilité pour la raison théorique de
passer de l'idée d'absolu à son existence.
Hamilton va plus loin; d'après
lui, l'absolu est inconcevable, c'est une idée contradictoire.
En effet :
a) Nous ne pouvons concevoir l'absolu que sous une forme de cause
première ; or, toute idée de cause est essentiellement relative à son
effet, et concevoir l'absolu sous forme de relatif est une pure
contradiction.
b) D'autre part, concevoir, penser, c'est conditionner, c'est établir une
relation entre une chose et une autre.
L'absolu ne peut donc tomber
sous notre pensée, parce qu'il subirait par là même les lois de notre
pensée et deviendrait conditionné et relatif.
REPONSE : a) Le premier argument repose sur une fausse notion de
l'absolu.
On doit entendre par l'absolu, non ce qui est en dehors de
toute relation, mais ce qui exclut toute relation de dépendance.
Le
véritable absolu, c'est l'être qui ne dépend de rien, et de qui tout
dépend.
b) Dire d'autre part que l'absolu devient relatif par cela seul que nous le
pensons, c'est un paralogisme.
L'acte de l'intelligence qui connaît, on
plutôt qui affirme, n'altère pas la notion de l'absolu, et ce n'est pas
déchoir que d'être connu ou affirmé.
c) En outre, le relatif, considéré comme tel, n'a de sens que si nous
avons quelque idée de l'absolu, et l'une de ces notions ne se conçoit pas sans l'autre.
Supprimez l'absolu, le
relatif le devient.
d) H.
Spencer va plus loin : « Dire que nous ne pouvons penser l'absolu, c'est dire implicitement qu'il y a un
absolu.
Quand nous nions que nous avons le pouvoir de connaître l'essence de l'absolu, nous en admettons
tacitement l'existence; et ce seul fait prouve que l'absolu a été présent à notre esprit non pas en tant que
rien, mais en tant que quelque chose.
»
Conclusion.
— Sans doute l'Absolu, le Parfait, sont nécessairement incompréhensibles à toute intelligence
bornée.
Mais, de ce que nous ne pouvons en avoir une idée adéquate, il ne s'ensuit pas qu'ils soient pour nous
l'inconcevable, l'inconnaissable.
Comme dit Descartes, « je puis toucher une montagne quoique je ne puisse
l'embrasser ».
De même nous pouvons atteindre l'Absolu par la pointe de notre raison, qui est faite pour l'infini.
Bien plus, comme nous allons le voir, tout oblige notre esprit à monter jusqu'à l'Absolu pur et simple, qui est
Dieu..
»
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