Pouvons nous dire que seul aujourd'hui compte ?
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a. Le principal caractère du temps est son ordre qui s’impose à l’attention, et plus précisément, l’irréversibilité de cet ordre. On peut ainsi tout inverser, sauf le temps. On peut mettre les choses la tête en bas, mettre « la charrue avant les bœufs » même si c’est difficile, dangereux, ce n’est pas impossible. Mais on aura beau retourner sur ses pas, rien ne défera l’aller. Lavelle dira que « L’irréversibilité constitue pourtant le caractère le plus essentiel du temps, le plus émouvant, et celui qui donne à notre vie tant de gravité » (Du temps et de l’éternité). Jankélévitch affirmera : « Le voyageur revient à son point de départ, mais il a vieilli entre-temps ! » (L’irréversible et la nostalgie). Ainsi l’irrémédiable réside en ceci qu’une fois qu’on est parti d’un point du temps, celui-ci ne peut plus jamais être retrouvé, puisqu’il est toujours déjà passé.
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Ce document reprend les analyses de la problématique: N'y a-t-il que le présent qui soit digne d'estime ?
«
Introduction
Le présent est déjà mort à l'instant où on le dit.
S'il persiste pour la conscience, c'est parce qu'il est toujours
gros d'un passé et d'un futur, d'une mémoire (individuelle et collective) et de projets.
L'estime ne revient au présent
qu'en en tant qu'il est pensé par une conscience lucide des modalités existentielles qui la déterminent.
Et c'est sur
ce point que se terminera ce sujet, quand l'authenticité (qui peut rejoindre d'ailleurs des conceptions spirituelles
orientales, indiennes) est le critère d'une présence à soi digne et sensée.
I.
L'irréversibilité du temps
a.
Le principal caractère du temps est son ordre qui s'impose à l'attention, et plus précisément, l'irréversibilité de
cet ordre.
On peut ainsi tout inverser, sauf le temps.
On peut mettre les choses la tête en bas, mettre « la charrue
avant les bœufs » même si c'est difficile, dangereux, ce n'est pas impossible.
Mais on aura beau retourner sur ses
pas, rien ne défera l'aller.
Lavelle dira que « L'irréversibilité constitue pourtant le caractère le plus essentiel du
temps, le plus émouvant, et celui qui donne à notre vie tant de gravité » (Du temps et de l'éternité).
Jankélévitch
affirmera : « Le voyageur revient à son point de départ, mais il a vieilli entre-temps ! » (L'irréversible et la
nostalgie).
Ainsi l'irrémédiable réside en ceci qu'une fois qu'on est parti d'un point du temps, celui-ci ne peut plus
jamais être retrouvé, puisqu'il est toujours déjà passé.
b.
Le passé est donc ce mode temporel qui est définitivement perdu.
Il a perdu toute existence réelle, et ne
réside alors que dans l'ombre du souvenir.
L'homme a ainsi souvent la nostalgie du passé, ce désir de retrouver ce
qu'il a à jamais perdu.
Ce passé peut cependant être utilisé afin de se racheter d'une faute commise par exemple,
voire afin de faire une histoire.
L'ordre irréversible du temps est ressenti selon les trois modalités du passé, du
présent, de l'avenir.
Mais c'est au sein du présent que se dessine sans cesse ces trois mouvement de conscience :
l'attention à l'existence actuelle, le retour en pensée vers ce qui fut et n'est plus, la projection vers ce qui va se
produire.
Ce qui amène St Augustin à décrire le temps comme une tension de l'esprit d'attente en souvenir.
Il
montrera que le présent seul existe, et qu'il contient le passé et le futur : « il y a trois temps, un présent au sujet
du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de l'avenir.
Il y a en effet dans l'âme ces trois
instances, et je ne les vois pas ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la
perception, un présent relatif à l'avenir, l'attente » (Confessions, L.
XI).
II.
L'homme dans le temps
a.
L'homme pense le temps.
Le flux du temps n'a de sens et de réalité que pour une conscience qui ajuste son
emprise sur le monde.
Elle porte son attention sur le présent, tout en faisant agir la mémoire et une imagination
rationnelle (anticiper l'avenir), et ainsi lie les moments du temps.
Elle instaure ainsi, non une permanence (car on
change sans cesse, intellectuellement et physiquement), mais notre identité.
Et nous restons nous-mêmes malgré
ces changements.
Je peux présenter une photographie d'enfant en disant « c'est moi à sept ans » : l'enfant sur la
photo n'existe plus, mais il n'a pas disparu non plus puisqu'il s'est transformé en adulte que je suis, qui garde dans sa
mémoire les souvenirs de l'enfant et le sens de l'identité des deux.
b.
Le présent vécu est le temps expérimenté par le sujet dans ses actes de la vie quotidienne.
Le moment
présent, à la différence de l'instant comporte le passé immédiat et une anticipation du futur immédiat.
C'est ce qui
donne à l'homme ce sentiment de continuité, car autrement, le présent ne serait que rupture perpétuelle.
Ainsi le
temps est à la fois continu et hétérogène.
Bergson a insisté sur la continuité, évidente « quand notre moi se laisse
vivre ».
Il réserve le nom de durée à cette continuité.
A la différence du temps
ordinaire, physique, qui n'est qu'une représentation symbolique tirée de l'étendue
(cf.
Bergson, Matière et mémoire).
c.
L'homme est ainsi voué au temps.
Son identification n'est possible qu'au
regard d'une temporalité intégrative, c'est-à-dire qui prend en compte les modes
passé, présent et avenir.
Sans « la présence du passé », l'homme ne saurait
s'orienter dans le présent.
Aussi, la mémoire (consciente ou inconsciente)
permet ce retour en soi d'événements passés.
Le passé, dans la pensée
psychanalytique, est toujours là à demeurer dans l'ombre du présent.
Enfin, la
conscience historique, capable de récit, permet quant à elle de restaurer à la
conscience collective l'intelligibilité de l'histoire passé.
III.
L'existence et le temps
a.
Montaigne montre dans ses Essais que vouloir saisir l'être, c'est comme
vouloir empoigner de l'eau.
La raison n'est pas un honorable refuge, d'où une
déconstruction de l'homme et de ses prétendues facultés, c'est ce qu'appelle
Montaigne « la vanité et dénéantise de l'homme ».
Il y a une vacuité ontologique
de l'homme, alors que ce dernier croit le plus souvent fermement à sa raison, ou
à son être.
Avec Montaigne on peut douter sur tout, sauf sur la vanité de
l'homme.
Ainsi le stoïcien est vaniteux puisqu'il pense être maître de lui-même.
Le doute exclut qu'on ne fasse jamais sienne une certaine présentation du moi, et c'est toute la présentation des
Essais : « Je ne peins pas l'être, je peins le passage » (III, 2).
Ainsi il n'y a pas avec Montaigne de résultat, que ce
soit l'ataraxie sceptique, ou une certitude inébranlable ; de fait, pour cet humaniste, la vie humaine n'a pas de but,
mais seulement « un bout » (Essai, III, 12).
Ainsi le titre de cette œuvre montre bien que l'homme est un essai.
»
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