Pourquoi y a-t-il de l'imprévisible ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
POURQUOI: pour quelle raison, quel motif: raison intellectuelle de parler ou d'agir OU pour quel mobile, force
irrationnelle qui pousse à parler ou à agir.
Est imprévisible ce qu'on ne peut pas prévoir, c'est-à-dire déterminer, connaître à l'avance.
Les raisons de
l'imprévisibilité des phénomènes peuvent être de deux ordres : subjectif, humain, ou objectif, naturel.
L'imprévisibilité
peut être en effet de nature gnoséologique — tenir à l'imperfection ou à la faiblesse de nos moyens de connaître ;
elle peut être aussi de nature ontologique — tenir à l'essence même des phénomènes.
I.
Les raisons gnoséologiques
1) Un phénomène est prévisible s'il est connu (cf.
éclipses du soleil).
L'imprévisibilité est donc la mesure de notre
ignorance.
La preuve : ce sont les domaines où nos connaissances sont les plus étendues (astronomie, physique)
qui sont aussi ceux où la prévisibilité est la plus forte.
b) On parlera de hasard pour désigner un fait qui échappe à
tout pouvoir humain de le déterminer d'avance, un fait imprévisible, sans pour cela vouloir dire que le fait attribué au
hasard est un fait sans cause.
Par exemple, j'ai gagné un lot à la loterie nationale C'est un hasard.
Mais soulignons
avec Vassails que « Loin de signifier l'absence de relations, de lois nécessaires, le hasard manifeste au contraire leur
trop d'abondance, leur trop de complexité eu égard à nos possibilités pratiques d'information et de prévision.
» Le
hasard n'est pas la contingence, il se réduit à mon ignorance d'un déterminisme qui existe.
Et comme l'avait vu
Spinoza, le hasard n'est pas l'absence de nécessité, mais l'ignorance de la nécessité.
2) Un phénomène est prévisible s'il est mesuré.
L'absence ou la faiblesse de nos instruments de mesure fait
l'imprévisibilité des phénomènes (par exemple, si tous les mouvements de convection de la matière visqueuse sous la
croûte terrestre étaient calculés, il nous serait possible de prévoir n'importe quel tremblement de terre, n'importe
quelle éruption volcanique).
Si devant n'importe quel phénomène naturel l'esprit a tendance à se demander « pourquoi », parvenu à la maturité
scientifique, il réduit ses exigences.
Il cherche seulement « comment » se produisent les phénomènes, autrement dit
selon quelles lois, dans quel ordre.
La loi est le « rapport nécessaire entre les phénomènes ».
On a dit que l'idée de
loi naturelle est « tombée du ciel sur la terre » ce qui signifie que l'idée de loi vient de l'astronomie.
C'est en effet
ans le domaine de l'astronomie qu'on s'aperçoit d'abord que les phénomènes naturels se produisaient d'une façon
ordonnée, régulière, ce qui permit de prévoir exactement certaines manifestations comme les éclipses.
Citons par
exemple la première loi de Kepler énoncée en 1609 dans son « Astronomia nova » : « chaque planète décrit dans
le sens direct une ellipse dont le soleil occupe un des foyers ».
Le génie de Galilée a consisté à introduire l'idée de
loi en physique.
Galilée ne se demande pas pourquoi les corps tombent mais comment ils tombent.
Autrement dit il
décrit la chute des corps par une formule algébrique, ce qui permet de calculer, par exemple, un corps étant lâché
dans le vide à l'instant T 0 ce que sera sa vitesse à l'instant T 1.
La loi a une grande importance pratique et
technique puisqu'elle permet de prévoir.
Elle rend l'univers intelligible puisqu'elle enchaîne les phénomènes dans un
réseau d'équations mathématiques.
Le principe du déterminisme actuel revient à dire que « l'apparition d'un
phénomène est strictement déterminée par des conditions d'existence bien définis.
Le phénomène ne se produit que
si elles sont réalisées mais alors il se produit nécessairement.
»
« L'état présent du système de la nature est évidemment une suite de ce qu'il était
au moment précédent, et, si nous concevons une intelligence qui, pour un instant
donné, embrasse tous les rapports des êtres de cet Univers, elle pourra déterminer
pour un temps quelconque pris dans le passé ou dans l'avenir la position respective,
les mouvements, et généralement les affections de tous ces êtres.
»
Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces de l'univers et
la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs, elle était assez vaste
pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les
mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome ; rien ne
serait incertain pour elle et l'avenir comme le passé seraient présents à ses yeux
LAPLACE.
II.
Les raisons ontologiques
1) Tous les phénomènes n'obéissent pas à des lois simples (comme celle de la gravitation universelle).
La relation
causale n'est pas toujours simple et linéaire (telle cause a produit tel effet b) — elle peut être multiple (plusieurs
causes produisent tel effet) et circulaire (l'effet rétroagissant sur sa cause).
Une éclipse du soleil obéit à des
mécanismes simples et linéaires, mais pas le temps qu'il fait à Cambrai aujourd'hui..
»
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