Pourquoi une morale ?
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VOCABULAIRE:
MORAL(E):
Moral: 1) qui concerne la morale.
2) qui est conforme aux règles de la morale; opposé à immoral.
Morale: ensemble des règles de conduite -concernant les actions permises ou défendues- tenues pour
universellement et inconditionnellement valables.
Pour Kant, la morale n'a aucune fonction, elle est le fait de la raison humaine, c'est tout (c'est : même pour cela
que l'impératif est catégorique : il ne sert pas à quelque chose).
Donc se demander pourquoi une morale n'est pas
une question évidente...
L'article "une" s'opposerait à une pluralité des morales, par exemple par société ; mais on
peut aussi l'entendre en : pourquoi faudrait-il une seule morale (alors qu'il y en a de fait plusieurs) ? Mandeville,
dans La Fable des abeilles, au XVIIIe siècle, montrait que les vices individuels étaient plus profitables à la société
que les vertus (le luxe fait travailler l'industrie, etc.).
La morale est-elle un bienfait pour la société, ou est-elle un
point de conservatisme, d'immobilisme ? Doit-elle être remise en question ? "Pourquoi" questionne l'utilité, mais aussi
la cause, l'origine.
Rousseau, dans le Discours sur l'origine de l'inégalité, dit qu'à l'origine les hommes à l'état de la
nature avaient des sentiments de pitié et d'amour de soi, qui suffisaient à régler leurs actes, mais qu'à l'état social
ces sentiments se sont estompés et qu'il a fallu fonder un droit — une morale — sur des principes rationnels...
On
questionne donc à la fois la genèse (comment les sociétés en sont venues à avoir des morales) et la justification (à
quoi ça sert, quel en est le but, quelle en est la raison, le principe).
À la première question, la Généalogie de la
morale de Nietzsche, parle en termes de combats entre "forts" et "faibles" (ce ne sont pas forcément des groupes,
ce peuvent même être des instances à l'intérieur des individus) et apporte des réponses.
De même, la théorie du
Surmoi comme intériorisation des interdits parentaux selon Freud ("Le moi et le ça", dans Essais de psychanalyse et
Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse).
Introduction
La morale désigne un ensemble de règles ou de conduites admises à une époque ou par un groupe d'hommes.
Le
sociologue Durkheim dira que « chaque peuple a sa morale, qui est déterminée par les conditions dans lesquelles il
vit.
On ne peut donc lui en inculquer une autre, si élevée qu'elle soit, sans la désorganiser » (Division du travail
social, II, chap.
1).
Mais au regard d'une réalité supérieure, la morale donne des règles de conduites tenues pour
inconditionnellement valables (nécessaires, universelles, etc.).
Ainsi elle s'avère être une théorie raisonnée du bien
et du mal, impliquant que le sujet obéisse de façon normative face aux situations.
La morale semble par conséquent
permettre aux hommes de vivre sous une organisation de principes, où chacun a le devoir de respecter la vie
d'autrui.
Mais quelle est la place, la fin ou la fonction véritable de la morale ?
I.
La morale ou comment se conduire.
a.
La philosophie morale cherche à répondre, sous la seule autorité de la raison, à la question des fins et de la
destination de l'homme, pour éclairer ses choix pratiques.
En cela elle se distingue de la religion ou de toute autre
forme de morale établie.
La philosophie a d'abord posée le bien comme principe d'évaluation permettant de
déterminer quelles sont les fins que doit se proposer l'action humaine.
Ainsi pour l'épicurisme, le bien consiste dans
l'usage raisonnable des plaisirs ; pour le stoïcisme, il est dans l'exercice de la vertu.
Même si la définition du bien
varie d'une doctrine à l'autre, la morale est ce désir de poser les fondements d'une vie bonne, et donc d'une vie
heureuse.
b.
Kant, de son côté, proposera une morale du devoir, récusant toute
morale soumise à la définition préalable du bien, toujours dépendante de
conditions empiriques et donc particulières.
Avec Kant la morale doit avoir une
exigence de rationalité, d'universalité.
Il déterminera ainsi l'action morale, à la
lumière d'un impératif catégorique : « agis de telle sorte que la maxime de ton
action puisse valoir de manière universelle » (cf.
Critique de la raison
pratique, « Analytique »).
C'est la loi que tout homme doit suivre en toutes
circonstances.
Le devoir est une loi de la raison.
«Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que
dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et
jamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysique
des moeurs (1785).
• L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique
quant à son fondement.
En effet le commandement d'amour du Christ vient de
l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescrit
l'obéissance inconditionnelle au Christ.
L'impératif kantien vient, lui, de la
raison.
C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de
notre propre esprit, qui fonde notre moralité.
• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous comme
une règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»)..
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