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Pourquoi se cultiver ?

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« Le terme de culture renvoie au verbe latin colere, qui signifie mettre en valeur, par exemple un champ, mais aussi l'esprit lui-même.

La rupture entre la nature et la culture se comprend donc comme un épanouissement de formes diverses, définissant des civilisations différentes.

La culture désigne dès lors un ensemble de normes collectives. Mais à cette définition, nous pourrions rajouter celle qui pense la culture comme une forme de raffinement pour l'esprit, comme un luxe que l'homme s'accorde.

La culture générale apparaît ainsi comme un ensemble de savoir qu'il est bon de posséder pour être à l'aise dans la société ; En fait de demander pourquoi se cultiver repose sur cette double définition du terme de culture.

Car si la culture est considérée comme ce bagage général que nous pouvons acquérir de façon superficielle, la question de son utilité se pose effectivement.

Notons que les matières que nous comprenons aujourd'hui comme faisant partie de la culture, étaient autrefois considérés comme des arts libéraux, c'est-à-dire qui n'avaient pas d'autres buts qu'eux-mêmes dans l'agrément qu'ils procuraient.

Pensons également que dans l'Antiquité, la culture était considérée comme un loisir, réservé aux hommes qui ne travaillaient pas. L'essentiel sera donc ici de considérer d'abord que la culture, avant d'être cet acquis institutionnalisé que nous devons posséder dans une société, est un ensemble de normes qui définit notre existence, et que nous ne remarquons même pas.

Or, de ce point de vue, la question du pourquoi de cette culture se laisse facilement pensé : la culture est ce qui rend possible la réalisation de la nature de l'homme qui est, justement, d'être un animal culturel. La culture, comprise ici comme un processus dynamique est ce mouvement par lequel l'homme se perfectionne, capacité qui le distingue des autres espèces animales. La question est dès lors de savoir si la nécessité pour l'homme d'être cultivé au sens large peut trouver un écho dans une nécessité de se cultiver au sens de la culture de l'esprit.

Pour répondre à cette question, vous devrez monter que la culture comme ensemble de savoirs regroupant les arts, l'histoire, la philosophie, la science est le moyen pour l'homme de réaliser à la fois sa nature d'animal rationnel, et sa vocation à s'individualiser.

Cette culture comme dépôt est en effet elle-même un moyen de perfectionnement si on la repense soi)-même, si on se l'approprie dans un mouvement critique. La culture, en ce sens, n'est pas qu'un ensemble de codes et de normes dont nous ne somme plus conscients et représente aussi un moyen pour l'homme de devenir un individu libre dans l'exercice de sa pensée. 1) La culture désigne à la fois un ensemble de normes et de processus typiquement humains et une forme de luxe de l'esprit, de raffinement, correspondant à l'acquisition d'un certain nombre de savoirs. Nous reconnaissons donc le niveau de culture d'un pays quand nous trouvons qu'en lui est entretenu et traité de façon appropriée tout ce qui sert à l'utilisation de la terre par l'homme et à la protection de celui-ci contre les forces de la nature, donc, brièvement résumé : ce qui lui est utile.

Dans un autre pays, les fleuves qui menacent de provoquer des inondations auraient leur cours régularisé, leur eau amenée par des canaux là où on en est privé. Le sol serait travaillé avec soin et serait planté des végétaux qu'il est propre à porter, les richesses minérales des profondeurs seraient extraites avec diligence et transformées pour en faire les outils et instruments requis.

Les moyens de communication seraient abondants, rapides et sûrs, les animaux sauvages et dangereux seraient exterminés, l'élevage des animaux domestiqués serait florissant.

Mais il nous faut poser encore d'autres exigences à la culture et il est remarquable que nous espérions les trouver réalisées dans ces mêmes pays.

Comme si nous voulions dénier la revendication que nous avons tout d'abord élevée, nous saluons aussi comme culturel ce que font les hommes quand nous voyons leur sollicitude se tourner vers des choses qui ne sont pas du tout utiles et sembleraient plutôt inutiles, par ex.

quand les espaces aménagés en jardins, nécessaires dans une ville comme terrains de jeu et réserves d'air, portent aussi des plates-bandes de fleurs, ou quand les fenêtres des demeures sont ornées de pots de fleurs.

Nous remarquons bientôt que l'inutile, dont nous attendons qu'il soit estimé par la culture, c'est la beauté ; [...] Selon nous, aucun autre trait ne caractérise mieux la culture que l'estime et les soins accordés aux activités psychiques supérieures, aux performances intellectuelles, scientifiques et artistiques, au rôle directeur concédé aux idées dans la vie des hommes.

Parmi ces idées se trouvent tout en haut les systèmes religieux [...], à côté d'eux, les spéculations philosophiques, et enfin ce qu'on peut appeler les formations d'idéal des hommes, leurs représentations d'une perfection possible de la personne individuelle, du peuple, de l'humanité tout entière, et les exigences qu'ils élèvent sur la base de ces représentations.

Freud Un peuple composé uniquement de paysans découvrirait et inventerait peu de choses ; au contraire, les mains oisives font les têtes actives.

Les arts et les sciences sont eux-mêmes enfants du luxe, et ils lui paient leur dette. Leur oeuvre est ce perfectionnement de la technologie, dans toutes ses branches, mécaniques, chimiques et physiques, qui, de nos jours, a porté le machinisme à une hauteur qu'on n'aurait jamais soupçonnée, et qui, notamment par la vapeur et l'électricité, accomplit des merveilles que les temps antérieurs auraient attribuées à. »

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