Pourquoi philosophe-t-on ?
Publié le 02/10/2024
Extrait du document
«
Pourquoi philosophe-t-on?
L’étonnement, source de la philosophie!
Texte d’Aristote:
Thème : les origines de la philosophie ou Quelle
est la cause de la philosophie?
Thèse: L’étonnement est la cause première de la
philosophie
" C'est, en effet, l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux
spéculations philosophiques.
Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se
présentaient les premières à l'esprit; puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils étendirent leur
exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil
et des Étoiles, enfin la genèse de l'Univers.
Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est
reconnaître sa propre ignorance (c'est pourquoi même l'amour des mythes est, en quelque
manière, amour de la Sagesse, car le mythe est un assemblage de merveilleux).
Ainsi donc, si ce
fut bien pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie,
c'est qu'évidemment ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une
fin utilitaire.
Et ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve : presque toutes les nécessités de
la vie, et les choses qui intéressent son bien-être et son agrément avaient reçu satisfaction, quand
on commença à rechercher une discipline de ce genre.
Je conclus que, manifestement, nous
n'avons en vue, dans notre recherche, aucun intérêt étranger.
Mais, de même que nous appelons
libre celui qui est à lui-même sa fin et n'existe pas pour un autre, ainsi cette science est aussi la
seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa
propre fin.
«
Aristote, extrait de Métaphysique.
Les articulations du texte
I) Lg 1 à « l’Univers ».
C’est parce que les
hommes peuvent s’étonner que la philosophie est
possible.
Le questionnement philosophique est
déterminé par un étonnement.
Éclaircissement de l’auteur:
- qu’y a-t-il d’étonnant ? Nombreux sont ceux qui
passent leur vie, la voient passer sans se poser
une seule question.
Pourtant la réponse est
simple : n’importe quoi, et donc tout.
II) « Or apercevoir une difficulté…fin
utilitaire ».
l’étonnement est surtout le signe de
l’ignorance.
Aussi la philosophie devient une
quête de la science.
Une science qui n’a pas
d’autres fins que la connaissance elle-même et
qui donc ne sert pas immédiatement un intérêt
utilitaire.
Faire de la philosophie, c’est chercher à
savoir pour savoir…Or, sait-on jamais?
La philosophie est une soif inextinguible
de connaissance.
Si la philosophie devenait une
connaissance, elle ne serait plus philosophie.
La
philosophie est une quête du savoir, mais le
philosophe est condamné à ne jamais savoir.
Cf: mythe de la naissance d’Eros, Le
banquet, Platon
Le jour où naquit Aphrodite, les dieux étaient au festin.
Avec eux tous il y avait le fils de Mètis,
Poros.
Après le dîner, Pénia était venue mendier, ce qui est naturel un jour de bombance, et elle se
tenait près de la porte.
Poros qui s’était enivré de nectar (car le vin n’existait pas encore) entra dans le
jardin de Zeus, et tout alourdi s’endormit.
Pénia, dans sa pénurie, eut l’idée d’avoir un enfant de Poros :
elle se coucha près de lui, et fut enceinte de l’Amour.
Voilà pourquoi l’Amour est devenu le
compagnon d’Aphrodite et son serviteur ; engendré lors des fêtes de la naissance de celle-ci, il est
naturellement amoureux du beau – et Aphrodite est belle.
Étant donc fils de Poros et de Pénia, l’Amour
se trouve dans la condition que voici : d’abord, il est toujours pauvre, et loin d’être délicat et beau
comme le croient la plupart, il est rude au contraire, il est dur, il va pieds nus, il est sans gîte, il couche
toujours par terre, sur la dure, il dort à la belle étoile près des portes et sur les chemins, car il tient de sa
mère,
et
le
besoin
l’accompagne
toujours.
D’autre part, à l’exemple de son père, il est à l’affût de ce qui est beau et de ce qui est bon, il est viril,
résolu, ardent, c’est un chasseur de premier ordre, il ne cesse d’inventer des ruses ; il est désireux du
savoir et sait trouver les passages qui y mènent, il emploie à philosopher tout le temps de sa vie, il est
merveilleux sorcier, et magicien, et sophiste.
Ajoutons qu’il n’est, par nature, ni immortel ni mortel.
Dans la même journée tantôt il fleurit et il vit, tantôt il meurt ; puis il revit quand passent en lui les
ressources qu’il doit à la nature de son père mais ce qui passe en lui sans cesse lui échappe ; aussi
l’Amour
n’est-il
jamais
ni
dans
l’indigence
ni
dans
l’opulence.
Platon, Le Banquet, 201d-203e
III) Vérification de l’hypothèse.
« Et ce qui s’est passé en réalité… » à la fin du
texte.
L’étonnement concerne donc l’ensemble de ce
qui peut exister...
La satisfaction des besoins naturels conduit à des
activités de loisir, en particulier la philosophie.
Il donne lieu à ce qu’on appelle la métaphysique,
qui désigne étymologiquement ce qui est au-delà des
choses physiques ou de la nature, en même temps que
ce dont l’étude peut être entrepris après (autre sens de
méta) celle des choses physiques.
L’étonnement
débouche donc sur des questions concernant le principe
ultime de ce qui est, ou sur ce qui fonde la nécessité.
« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
Conclusion:
La philosophie est une activité libre car elle
est, à elle-même, sa propre fin.
Penser pour
penser, réfléchir pour réfléchir, ne peut que nous
satisfaire.
Et faire ce pour quoi on est fait, c’est
faire l’expérience du bonheur.
I) Objet de la philosophie
A) la lutte contre les
apparences
Dans sa quête de la connaissance, la
philosophie n’a de cesse de s’opposer à ce qui se
prétend connaissance mais ne l’est pas.
Celui
qui fait de la philosophie ne cesse de contredire
l’opinion dont se satisfont les autres.
Il veut
penser paradoxalement (en grec : para, contre,
doxa, l’opinion), autrement que ce que suggère
l’air du temps, l’esprit à la mode….
Texte 3: Socrate versus
Ménon
Thème: Qu’est-ce que la vertu, ou l’excellence?
Thèse: La vertu ne se réduit pas à des exemples
de vertu.
Connaître la vertu serait la définir,
saisir sa nature ou son essence.
Articulations du texte:
A) Mais toi-même…vice »: Ménon s’efforce de
définir la vertu mais ne parvient qu’à proposer
des exemples.
B) « j’ai vraiment…oui ».
Réponse ironique de
Socrate.
Il use d’une image pour mettre à mal les
certitudes de Ménon.
Dire qu’il existe des
abeilles vivant en essaim, qu’elles sont
différentes les unes des autres, est-ce définir
l’abeille?
En fait, ce qui étonne Socrate par exemple, c’est que
le mot « vertu » ou « excellence » s’applique à des
individus et à des situations très différentes les uns des
autres.
D’où le besoin de repérer une signification générale
pour ce terme, un sens qui englobe et dépasse tous ses cas
particuliers d’application, c'est-à-dire le concept de vertu.
Cette démarche ne semble pas aller de soi, si l’on en croit
l’impossibilité éprouvée par Ménon à s’élever à une telle
généralité.
C’est que Ménon ne parvient pas à se dégager
des apparences ou de la multiplicité de ses expériences.
C) « et bien, c’est pareil..
» à la fin du texte: la
philosophie est la quête de l’essence des choses.
Qu’est-ce qui fait qu’une chose, un être , une
valeur, une idée est ce qu’il ou elle est…
B) Méthode de la philosophie.
L’esprit philosophique se fie à la raison, censée être
partagée par l’ensemble des hommes.
C’est pour cette
raison que tout discours doit pouvoir être entendu par
l’autre et que toute réflexion philosophique ne peut s’en
tenir aux opinions et aux préjugés.
Dans le langage
courant, quand on demande à quelqu’un d’être philosophe,
on lui demande de prendre du recul en s’efforçant de
trouver une justification rationnelle à l’évènement.
Les
stoïciens sont des modèles en la matière…
Illustration:
« Si l’on vient te dire que quelqu’un a mal
parlé de toi, réponds: il faut qu’il ignore mes
autres défauts, pour ne parler que de ceux qui
lui sont connus ».
Epictéte
Celui qui n’est pas philosophe ne peut être heureux
ou alors il ne vit pas, cherchant à se perdre dans
l’inconscience.
Il désespère et craint tout ce qui
menace la vie.
La philosophie n’apporte pas de réponse
et c’est pour cela qu’elle ne rassure pas celui qui
désespère.
Elle est essentiellement une attitude.
C’est
bien pour cela que Kant affirme que la philosophie ne
s’apprend pas mais qu’il s’agit surtout d’apprendre à
philosopher.
II) Philosophie et culture
Selon la formule de Cicéron, « un champ
si fertile soit-il, ne peut-être productif sans
culture, et c’est la même chose pour l’âme sans
enseignement ».
A) Qu’est-ce que la culture ?
La notion de « culture » renvoie à l’ensemble des
activités et des résultats de ces activités qui témoignent
d’une capacité à s’écarter de la nature.
Seuls les hommes
semblent a priori capables de cela.
La culture....
»
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