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Pourquoi peut-on dire des vérités scientifiques qu'elles sont provisoires ?

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« [Les sciences contemporaines ont mis fin aux anciennes certitudes.

Elles ne fournissent pas de connaissances définitives, mais des connaissances approchées et provisoires. Elles progressent en «falsifiant» les théories précédentes.] On ne peut plus croire qu'une théorie scientifique est définitive On a longtemps tenu la géométrie euclidienne pour un modèle mathématique parfait.

Pourtant, les travaux de Lobatchevski et de Riemann ont conduit à la construction d'une géométrie non euclidienne.

On peut en dire tout autant de la physique qui, avec Einstein, devient non newtonienne. Une théorie peut être vraie et relative, les conditions de cette relativité étant définies par une théorie plus vaste qui l'intègre.

Prenons un exemple : un théorème est vrai dans le système d'axiomes de la géométrie à trois dimensions d'Euclide, mais faux dans le système à n dimensions de Riemann et Lobatchevsky.

La mathématique est un système hypothético-déductif qui n'a pas besoin de la réalité, c'est-à-dire de la vérité matérielle, pour être vraie.

Le raisonnement tire les conséquences logiques des hypothèses qui constituent l'axiomatique. Les Anciens essayèrent, en vain, de déduire le cinquième postulat de la géométrie d'Euclide (par un point extérieur à une droite donnée, on peut mener une seule parallèle à cette droite) des autres postulats.

Au début du XIXe siècle, Lobatchevsky et Bolyai fondèrent une nouvelle géométrie en partant du postulat que par un point extérieur à une droite donnée on peut mener plusieurs parallèles à cette droite.

En 1854, Riemann créa une autre géométrie postulant qu'il n'existe pas de droites parallèles.

Si ces géométries sont sans rapport avec notre représentation familière de l'espace, elles n'en sont pas moins légitimes à partir du moment où elles n'impliquent aucune contradiction logique.

Ajoutons qu'avec les progrès de l'analyse, apparaissent, dans la seconde moitié du XIXe siècle, des courbes sans tangentes, des courbes remplissant un carré... On peut répondre, à la lumière de Popper que la vérité n'est plus un rapport à une réalité.

Popper ne parle même plus de vérité mais de proposition convaincante.

Les connaissances scientifiques ne sont « vraies » que lorsqu'elles décrivent de façon satisfaisante le phénomène ; et cette description reste valable tant que l'observation ou l'expérimentation confirme la proposition explicative.

Ainsi se substitue à la notion de vérité, celle de puissance.

Une théorie n'est plus vraie mais dite puissante lorsqu'elle permet d'expliquer un grand nombre de phénomènes ou lorsqu'elle donne l'espoir de résoudre certains problèmes.

Ainsi, les connaissances scientifiques sont admises non pas parce qu'elles décrivent objectivement la réalité mais par leur capacité à décrire momentanément des phénomènes observés. Mais cette nouvelle approche des sciences pose problème : ont-elle un quelconque rapport avec la réalité (même subjective et phénoménale).

En effet, toute théorie, toute démonstration, de la plus élégante à la plus puissante suppose des hypothèses ou des postulats.

Car ces connaissances scientifiques que l'on qualifie trop rapidement de vraies ne peuvent pas être déduites d'elles-mêmes.

L'édifice scientifique ne repose que sur des affirmations que l'on tient pour véridique.

Aussi peut-on dire que les sciences sont « vraies » parce qu'on y croit...

Les sciences qui passent pour vraies aux yeux du sens commun ne sont que des sciences hypothético-déductives.

Le scientifique est un homme de foi, d'une foi non religieuse mais d'une foi épistémologique.

Les connaissances scientifiques ne décrivent le phénomène ou résolvent des énigmes que si l'on admet les axiomes de départ mais qui nous assurent de la véracité de leur fondement ? Une fois encore l'histoire des idées scientifiques nous poussent à suspecter le rapport science et phénomène: à la géométrie euclidienne est apparue une géométrie non-euclidienne...

Les sciences ne seraient-elles pas qu'un rêve ? Cohérent certes mais un rêve quand même. Une théorie scientifique n'est qu'une approximation toujours plus rigoureuse Dans sa thèse principale de doctorat, Essai sur la connaissance approchée, Gaston Bachelard montre qu'il ne peut pas y avoir de connaissances scientifiques exactes et définitives.

Tout au plus s'approche-t-on de manière plus exacte des phénomènes.

Cette approche se fait au détriment des théories précédentes, moins précises.

Ainsi les concepts scientifiques se généralisent et se rectifient.

La vérification expérimentale est une perpétuelle « crise de croissance de la pensée » (Bachelard).

Dans une dialectique sans fin, la réalité, la réalité propose « une masse d'objections » à la « raison constituée d'une époque », l'esprit « réplique » par de. »

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