Pourquoi nous trompons-nous ?
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• Reformulation de la question:
On remarque que l'énoncé ne dit pas que nous sommes trompés, mais que nous nous trompons.
L'erreur dépendraitelle de nous ? Comment le comprendre si nous sommes attachés à la vérité ? Alors par quels mécanismes s'explique
l'erreur? Et quelles raisons justifieraient qu'on y reste ?
Se tromper signifie couramment commettre une erreur , il s'agit donc ici de déterminer les origines de l'erreur, c'està-dire des affirmations fausses.
Montrez d'abord en la distinguant de la faute (qui engage notre responsabilité
morale) et de l'illusion (qui est une mauvaise perception ou une mauvaise représentation qui ne disparaît pas quand
on la dénonce), que l'erreur provient toujours de notre jugement.
Demandez-vous alors si c'est la faculté même du
jugement qui est faible et qui engendre nécessairement les erreurs (mais alors c'est que nous serions déterminés à
l'erreur et incapable de vérité), ou si au contraire, l'erreur ne constitue qu'une privation provisoire et contingente de
connaissance (l'erreur proviendrait alors du fait que nous outrepassons nos capacités du moment).
Cependant,
l'erreur pourrait- elle pour autant être évitée ? Ici, vous pouvez vous reporter aux règles de la méthode énoncées
par Descartes dans le Discours de la méthode.
Vous trouverez le texte intégral sous la rubrique "Textes" de l'espace
terminale.
Vous pouvez également lire les analyses de Bachelard dans la Formation de l'esprit scientifique.
Il montre
ainsi en quoi des obstacles à notre connaissance se constituent.
Reportez-vous au dossier sur Bachelard indiqué
plus bas.
Demandez-vous ainsi s'il faut nécessairement condamner l'erreur ou si au contraire on ne pourrait la
considérer comme bénéfique.
• Démarche Possible
Partir de la notion-clé de l'énoncé pour en éclaircir le sens et les conditions.
Les hommes se trompent, tels des prisonniers attachés au fond d'une caverne, le regard orienté vers la paroi.
Que
voient-ils ? Les ombres 52
du réel.
Que croient-ils ? Ils croient que les ombres sont le réel.
Leur erreur consiste à croire que l'apparence est la
réalité.
Lire : Platon, La République, livre VII.
Approfondir le sens des mots.
Croire, c'est donner son adhésion à travers un jugement, c'est-à-dire l'affirmation
d'une liaison entre cieux termes.
Soit un reflet d'une part ; soit l'idée de réel d'autre part.
Produire un jugement,
c'est affirmer que le reflet est réel.
Tant que la liaison des deux termes n'est pas faite, il n'y a pas jugement, il n'y a
ni vrai, ni faux.
L'erreur se situe au niveau du jugement.
Ce que nous dévoile aussi l'Allégorie de la caverne, c'est que l'erreur tient à la condition des hommes : ils sont
trompés, au moins initialement.
On pourrait parvenir à la même conclusion en se référant à ce que Descartes appelle
"prévention", principale source de nos erreurs parce qu'elle nous rend victimes des préjugés qui viennent de
l'enfance, de l'illusion, de l'inattention, ou des pièges du langage.
Lire : Descartes, Les Principes de la Philosophie, première partie, art.
71 à 74.
Conclure : l'homme est initialement trompé du fait d'un aveuglement dû à sa
condition, en particulier sa condition d'enfant.
Approfondir.
Deux questions surgissent : d'abord, si l'homme reste clans ses
erreurs, c'est qu'il les croit vraies.
N'est-ce pas le signe de son attachement
fondamental à la vérité ? Ensuite, s'il est en situation d'erreur, comment peutil la reconnaître, si ce n'est en rencontrant la vérité ? Ce n'est qu'en face du
vrai qu'on prend conscience de son erreur.
Mais dès que la prise de
conscience est faite que le vrai n'est pas toujours ce qu'il croit, peut-il
encore rester passif devant l'erreur ? S'y maintenir n'engage-t-il pas sa
responsabilité ? Dans ce cas on peut dire que l'homme se trompe.
Comment
l'expliquer ?
Analyser les mécanismes qui expliquent.
On peut partir de cette phrase de Descartes qui exprime le paradoxe :
"Encore que nous ne voulions jamais faillir, c'est néanmoins par notre volonté
que nous faillons".
L'erreur ne serait donc pas une fatalité ; comment dépendelle de notre volonté ? L'analyse de Descartes le met en lumière.
Lire : Descartes, Méditations Métaphysiques, quatrième méditation.
Le jugement fait appel à deux facultés : l'entendement et la volonté.
L'entendement est la faculté de la conception.
Par lui nous concevons nos idées.
La volonté s'engage dans l'adhésion aux idées de l'entendement.
C'est par elle
que nous affirmons ou nions.
Par exemple on peut concevoir l'idée d'une montagne d'or ; la volonté décide d'en
affirmer ou nier l'existence.
Elle juge et donc risque de se tromper.
Quand se trompe-t-elle ? On pourrait répondre :
quand elle juge trop vite.
En effet les idées que conçoit l'entendement ne sont pas toutes claires ni distinctes..
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