Pourquoi n'a-t-on jamais fini d'écrire l'histoire ?
Extrait du document
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Analyse et problème
• L'histoire est à la fois l'étude du passé humain, le récit des événement passé, et ce passé lui-même.
C'est donc
à la fois une connaissance (l'étude historique) et l'objet de cette connaissance (l'histoire de France par exemple).
• Ecrire l'histoire, c'est donc faire le récit des événements passé, les étudier, les mettre en ordre, mais aussi en
dégager le sens, les causalités : quelles sont les causes de tel événements, quels étaient les véritables enjeux
etc.
? Il s'agit de déterminer une vérité par rapport aux événements historique : non seulement une vérité factuelle
(les événements, les dates), mais surtout une vérité quant à leur sens et leurs causes.
• L'histoire en tant qu'étude est donc soumise à l'interprétation.
Il s'agit d'une interprétation des événements passé.
Mais pourtant, cette interprétation ne cherche-t-elle pas à dévoiler la vérité ?
• On peut ainsi analyser ce premier problème posé par l'écriture de l'histoire : l'histoire cherche à être une science,
du moins à atteindre la rigueur de la science et à trouver la vérité.
Pourtant, la nécessité de se pencher toujours
sur l'histoire, d'en faire de nouvelles interprétations, c'est-à-dire non seulement de l'écrire mais aussi de la réécrire,
signifie-t-elle que l'histoire ne peut accéder à une vérité, qu'aucune écriture de l'histoire ne peut être vraie ?
• Ce qui nous mène à un autre problème, qui est celui de la permanence et du devenir.
L'histoire est devenir,
changement et mouvement, mais le devenir n'a de sens que par rapport au permanent : le sens de ce devenir, le
sens de l'histoire (explication, signification) doit être permanent.
Ou bien est-il possible que le sens et la vérité
varient ?
I – Par essence, l'histoire est un objet toujours à écrire
• L'histoire est la science du passé humain, mais l'historien ne peut constater les événements passé ; il doit les
reconstruire à partir des traces qu'ils ont laissées et qui sont autant de témoignages (monuments, documents,
récits, etc.).
L'établissement des faits suppose ainsi une minutieuse critique des témoignages : critique externe
d'abord (authenticité, intégrité, signification du témoignage), critique interne ensuite (valeur du témoin).
Lorsqu'un
ensemble de témoignage divers conduit à se faire la même représentation d'un événement, on considère qu'on a
établi un fait historique.
• Mais le matériau même qui constitue les faits historique est fluctuant.
La validité des témoignages et des traces
du passé peut être remise en question, sa valeur peut évoluer, son importance varier.
A l'aune de nouvelles
découvertes (soit des faits nouveaux, soit la découverte de la fausseté de fait précédemment établis), une autre
lecture du passé peut émerger.
Aussi, le passé n'est jamais établi une fois pour toute, et le travail de l'historien
n'est jamais achevé.
L'objet d'étude de l'historien est fluctuant, est également en devenir.
• Cela concerne la dimension factuelle de l'histoire, l'établissement des faits et de leur chronologie.
Les avancées
scientifiques et technologiques peuvent en effet apporter de nouvelles précisions ou infirmer ce que l'on pensait être
vrai (par exemple, la datation au carbone 14).
Mais cela concerne également l'interprétation de ces faits.
En effet,
une fois la chronologie établie, l'historien cherche à expliquer les faits en les exposant de telle façon qu'apparaisse
entre eux un enchaînement logique, mettant à jour une causalité.
• On n'a jamais fini d'écrire l'histoire par son essence même, puisque l'histoire est un objet fluctuant, un devenir.
Mais lorsque l'on cherche une signification de l'histoire et que l'on établi des théorie, ce n'est plus l'essence de
l'histoire qui conduit à cette perpétuelle écriture.
N'est-ce pas également une nécessité et un devoir que d'écrire
II – Par nécessité et devoir, il faut toujours écrire et réécrire l'histoire
• Ecrire l'histoire, ce n'est pas seulement établir une chronologie, mais également une exposition des faits qui relève
de l'explication, de l'interprétation et de la théorie.
C'est également porter un jugement sur les faits passé, jugement
de valeur ou jugement moral.
• Il y a une nécessité à entreprendre un tel travail théorique, puisqu'il nous faut juger notre histoire : pour la
comprendre, pour en tirer les leçons, pour ne pas la répéter.
Ecrire l'histoire, c'est donc également faire un examen
critique du passé : pour cette raison, parce que l'interprétation n'est jamais close, parce que le jugement n'est
jamais achevé, on n'a jamais fini d'écrire l'histoire.
C'est-à-dire qu'on n'a jamais fini de la comprendre et de l'évaluer.
• Mais en tant qu'interprétation, cette écriture de l'histoire est relative, n'est pas équivalent à une démarche
scientifique et objective.
Elle ne dévoile pas la vérité, mais une vérité parmi d'autres.
Dès lors, faut-il penser de
cette nécessité qu'il y a à toujours écrire l'histoire, qu'aucune écriture de l'histoire n'est vraie ? Puisque plusieurs
interprétations peuvent être données, plusieurs histoires peuvent être écrites, est-ce qu'il n'y a pas d'unité possible
de l'objet historique ?
• On peut également émettre l'hypothèse que la vérité historique surgit justement de la multiplicité des
interprétations ; le sens se dégage de cette diversité de facettes, de théories, qui sont autant d'angle différents
par lesquels comprendre les faits historiques.
C'est également pour cela que l'histoire doit toujours être écrite à
nouveau, pour que le sens objectif apparaisse de cette multiplicité de sens subjectifs.
C'est également par ce
moyen, par la coexistence de plusieurs théories parfois opposées, que l'on peut éviter que s'impose un dogme
historique, une interprétation officielle et seule autorisée du passé..
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