Pourquoi l'homme se définit-il par la conscience ?
Extrait du document
«
La conscience, une donnée immédiate de la conscience.
On ne peut pas se représenter la conscience, car cette « chose » n'est pas un objet, quelque chose qui se montre,
jeté devant soi.
Pourtant, imaginer, percevoir, distinguer, réfléchir, juger, agir, etc., sont des actes qui ne prennent
de sens que dans la mesure où ils sont présents à la conscience, éclairés par cette « chose ».
Je vis, et cette conscience d'être vivant est le premier savoir irréfutable qui caractérise mon humanité et me rend
présent à moi-même et au monde.
La conscience me distingue de l'animal qui peut posséder un certain sentiment de
soi, de son environnement, mais n'a conscience ni de son passé ni de son avenir.
La conscience semble être la source de toute interrogation sur la condition humaine et sur le monde en général.
De la fusion à la séparation.
Cette intuition est fulgurante.
Elle surgit lorsque, enfant, nous avons dit je et n'avons plus parlé de nous à la
troisième personne : de « Paul a faim », d'un monde dans lequel nous nous fondions, nous sommes passés à « j'ai
faim », un monde dans lequel nous sommes irrémédiablement séparés.
Dire je c'est se détacher de ce monde perçu comme fait pour moi, pour répondre à mes désirs, qui devient un monde
peuplé d'autres ayant eux aussi leurs désirs.
Je ne suis plus dans le monde, je suis au monde, présent à moi-même,
conscient.
Je viens de prendre conscience de mon identité, de ma différence avec ce qui m'entoure.
Cet événement
–l'un des moments essentiels de mon humanité – est irréversible.
«Auparavant, l'enfant ne faisait que se sentir,
maintenant il se pense », dit Kant.
La conscience de soi
Prendre conscience de soi ne s'effectue qu'en se séparant du monde.
Mais si cette expérience a du sens, c'est
parce que nous ne sommes pas seuls et que cette séparation ouvre le chemin de la relation à autrui, du rapport au
monde.
Toute conscience est relation.
D'une conscience définie comme intuition intime qu'a le sujet de son état et de son rapport au monde, nous sommes
passés à une conscience-connaissance, une conscience réfléchie.
Le sujet conscient peut se prendre lui-même
comme objet de connaissance.
Il découvre aussi que les autres sont à jamais étrangers – car séparés – et nécessaires pour savoir qu'il est, tout
comme il leur est étranger et nécessaire pour savoir qu'ils existent.
En effet, qui me dit que je suis sinon l'autre,
interroge Jean-Paul Sartre ?
Mais, avant cette découverte de l'autre, quelle fonction occupe la conscience ? En quel sens est-elle ce qui définit
l'homme ?.
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