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Pourquoi les hommes ont-ils le besoin d'etre gouvernés ?

Extrait du document

« Il s'agit ici de s'interroger sur le rôle de l'État.

Est-ce que le gouvernement n'a pour seule exigence vis-à-vis de ses citoyens, que de garantir leur liberté ? Les hommes ont d'abord besoin d'être gouvernés car ils ne sont pas capables de se gouverner eux-mêmes et spontanément.

La violence est la première preuve de cette impossibilité et l'État doit pouvoir garantir la sécurité et la paix aux citoyens.

Mais est-ce suffisant pour déclarer qu'un homme est gouverné s'il est en paix seulement ? Qu'en est-il de la liberté ? La liberté est effectivement un fondement capital de la vie sociale et politique.

Lorsque l'État ne garantit pas la liberté à ses membres, il trahit en quelque sorte le contrat social pour lequel il a été instauré.

La liberté est en effet ce qui fait l'essence de l'homme (cf.

le début du Contrat social de Rousseau pour trouver des éléments de réflexion sur ce point).

Or, un gouvernement ne respectant pas cette essence est d'une certaine façon un gouvernement " contre nature " puisqu'il viole les principes les plus fondamentaux de notre dignité humaine.

Les hommes doivent être gouvernés pour être libres, ce qui suppose un gouvernement démocratique dans lequel c'est le peuple lui-même qui se gouverne, si bien qu'il est responsable des lois auxquelles il se soumet.

Cependant l'État doit - pour assurer l'existence même de la liberté - prendre soin de la protéger par des lois et par un système coercitif.

Trop de liberté sans sécurité et sans lois donne en effet naissance à l'anarchie...

Voilà pourquoi le gouvernement des citoyens par eux-mêmes, dans une démocratie, suppose toujours un exécutif fort. 1° Les hommes ont besoin d'être gouvernés pour leur sécurité. Le système de Hobbes repose sur un double postulat.

Les hommes sont égoïstes et ne recherchent que leur satisfaction individuelle.

Ils sont égaux car le plus faible peut menacer la sécurité du fort.

Ce qui caractérise l'état de nature, c'est donc la méfiance mutuelle et la guerre de tous contre tous.

Il n'est pas question, à ce stade, de droit naturel.

Hobbes distingue le droit de nature, c'est-à-dire la faculté qu'a chacun d'agir par n'importe quel moyen en vue de sa propre conservation, et la loi de nature qui est un ensemble de règles découvertes par la raison et qui interdisent à l'homme de faire tout ce qui peut mener à sa propre destruction.

Mais, dans l'état de nature, la loi de nature n'a pas d'effectivité parce qu'elle n'est pas garantie par la force.

L'état de nature est donc un état d'insécurité perpétuelle dont les hommes cherchent à sortir.

Ils sont en conséquence amenés à conclure un pacte par lequel chacun remet à un homme ou à une assemblée les pouvoirs qu'il a sur lui-même, à la seule condition que les autres en fassent autant.

Cet homme (ou cette assemblée) acquiert ainsi la puissance souveraine, dont il doit user pour la protection des sujets.

Le fondement de l'obligation d'obéir qu'ont les sujets est à la fois la protection dont ils jouissent et la force du souverain qui les y contraint.

Le pacte contient ainsi la garantie de sa propre effectivité.

Il est également clair, d'une part, qu'il n'y a pas de limite au pouvoir du souverain et que celui-ci ne peut être déposé, parce qu'il n'y a pas eu de contrat entre lui et ses sujets, et, d'autre part, que ceux-ci n'ont aucun droit, même si leur protection n'est pas assurée et même si le souverain est un tyran, car, à partir de la conclusion du pacte, toute la force est de son côté.

L'originalité de Hobbes est d'avoir échappé au dualisme roi-peuple en supprimant la dualité des contrats et d'avoir ainsi fondé en logique l'absolutisme.

Le pacte unique qu'il décrit tient à la fois du pacte d'association et du pacte de soumission.

C'est la soumission commune au souverain qui seule fonde la société et garantit sa pérennité. En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Mais chacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres ce qui leur plaît.

La constitution d'une société civile et d'un État oblige à une nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivre bien et vivre en paix.

Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait le rendre redoutable pour autrui.

Dans l'état de nature, chacun jouissait d'un droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'était assuré de ne rien posséder durablement. L'État garantira la sécurité d'un droit de propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à la menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.

Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etat capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres, de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer la jouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoir et la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes de l'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité.

"Quiconque a droit à la fin, a droit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souveraineté sont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).

Toutes les volontés doivent être réduites à une seule volonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et même personne. 2° Les hommes ont besoin d'être gouvernés pour leur liberté.. »

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