Pourquoi les hommes créent-ils des images ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
POURQUOI: pour quelle raison, quel motif: raison intellectuelle de parler ou d'agir OU pour quel mobile, force
irrationnelle qui pousse à parler ou à agir.
CRÉER / CRÉATION (n.
f.) 1.
— (Lato) Toute production, avec l'idée d'une nouveauté de son objet (création du
monde, d'une route, d'une oeuvre d'art).
2.
— Dans la tradition judéo-chrétienne, acte par lequel Dieu donne
naissance au monde : en ce sens, la Création est création à partir de rien (creatio ex nihilo).
3.
— Apparition de
quelque chose qui ne résulte pas des données : en ce sens, on a tendance à faire de toute création une création ex
nihilo, quelque chose de mystérieux ; c'est pourquoi les matérialistes préfèrent employer le terme de production qui
implique un processus matériel (ainsi dit-on production littéraire pour création littéraire).
4.
— Invention.
5.
—
Création continuée : pour les cartésiens, action identique à la création initiale par laquelle Dieu conserve le monde
dans l'existence.
6.
— Créativité : faculté de créer, de produire des idées nouvelles ; disposition qui pousse à
l'invention.
IMAGE - IMAGINATION - IMAGINAIRE
L'image est, en psychologie, une représentation mentale d'objets non présents.
L'imagination est, dans la
psychologie classique, une activité de l'esprit qui fabrique des combinaisons nouvelles d'images.
Pour Sartre (qui nie
comme Alain la réalité de l'image mentale, reflet passif du réel) l'imagination, ou fonction imageante, n'est qu'une
manière de viser un objet réel : le viser, l'« intentionner » comme n'étant pas là.
Est dit imaginaire, tout produit de
l'imagination, en tant qu'il se distingue du réel.
L'esprit humain est doué de diverses facultés, l'intuition sensible,
l'entendement et l'imagination : celle-ci permet aux hommes de se représenter mentalement des objets non
présents, autrement dit de les imaginer.
Elle joue également un rôle essentiel dans l'invention, c'est-à-dire dans la
production de fictions.
Mais quelle est la puissance créatrice de l'imagination ? Il semble que l'imagination est limitée
aux objets que nous avons antérieurement perçus.
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
L'image est d'abord le fait de la nature : les rêves, la surface de l'eau, le ciel, et les paysages offerts à notre
contemplation.
Puis « l'amour, dit-on, fut l'inventeur du dessin », rappelle plaisamment J.-J.
Rousseau (Essai sur
l'origine des langues, I) : « Que celle qui traçait avec tant de plaisir l'ombre de son amant lui disait de choses ! » On
entre par cette initiative dans un processus nouveau : cette fois les images s'ajoutent au monde réel, s'interposent,
et le remplacent quand il ne nous convient plus.
L'homme se fait l'ordonnateur d'un monde d'images qui prétendent à
l'indépendance et à une vie propre.
La fabrication d'images est une constante anthropologique.
L'image est indissociable du devenir humain : elle constitue des modèles qui se proposent à l'imitation.
Dès l'enfance,
une tendance mimétique est à l'oeuvre (cf.
Aristote, Poétique, IV).
A la fonction motrice, à l'articulation verbale, qui
rejouent dans le corps propre les figures observées chez autrui, s'ajoutent peu à peu des représentations, qui valent
commémoration, hommage, amusement, plaisir « cathartique » (Aristote, Poétique, VI, 1449 b 28).
A côté de la
discussion rationnelle, deux voies s'ouvrent à l'éducateur : l'une est celle du « dressage », l'autre est celle de « la
mysticité » par laquelle on obtient « l'imitation d'une personne, et même une union spirituelle, une coïncidence plus
ou moins complète avec elle » (Bergson, Les deux sources, p.
1057).
Enfin, le progrès artistique ne saurait procéder
que de Mnémosyne : « Le temple se souvient du temple, l'ornement se souvient du trophée.
[...] Qui n'imite point
n'invente point.
Il semble que le souvenir soit esthétique par lui-même, et qu'un objet soit beau principalement parce
qu'il en rappelle un autre » (Alain, Propos, 20 oct.
1922).
Ainsi, « la croix nous rappelle violemment que le Dieu de
l'esprit a subi un supplice infamant.
Impossible de l'oublier [...] le signe reste ; il attend nos pensées » (ibid., 22 déc.
1923).
De plus, les peuples s'identifient à des images mythiques, en connexion avec la magie.
Lorsqu'ils prennent le nom de
leur totem, « il ne s'agit jamais d'une simple limitation arbitraire [...], mais d'une réelle communauté d'essence »
(Cassirer, Langage et mythe, Éd.
de Minuit, p.
116).
« Ne cherchons autre chose dans les fables que l'histoire des
erreurs de l'esprit humain », réagit Fontenelle (De l'origine des fables).
Mais Vico considère qu'il faut scruter «
l'histoire poétique », avec le souci herméneutique d'y découvrir les premiers éléments d'un progrès de la conscience
humaine (la description du bouclier d'Achille (Odyssée, 18) est comme une « histoire du monde », in Science
nouvelle, coll.
« Tel », p.
287).
Pour Schelling, le « processus mythologique » est, de manière analogue au langage
lui-même, un produit naturel et nécessaire de la conscience « qui cherche sans cesse à se retrouver, à se
reconstituer » : le polythéisme est « un devenir réel de Dieu dans la conscience » (Introduction à la philosophie de
la mythologie, 8e leçon, Ed.
Aubier).
L'imagination symbolique a donc la fonction d'établir des équilibres vitaux, psychosociaux et anthropologiques ;
enfin, « le symbole, face à l'entropie positive de l'univers, érige le domaine de la suprême valeur, et équilibre l'univers
qui passe par un Être qui ne passe pas et à qui appartient l'éternelle Enfance, l'éternelle aurore ; le symbole
débouche alors sur une théophanie » (G.
Durand, L'imagination symbolique, Ed.
PUF).
L'imago, en latin, c'est une.
»
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