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Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître les religions ?

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« On oppose communément la science à la religion, comme un savoir objectif à une croyance irrationnelle.

Au XIX ième siècle, l'idéologie scientiste allait même jusqu'à affirmer que le développement des connaissances scientifiques, finissant par résoudre toute question, en viendrait à rendre la religion impossible.

On peut aujourd'hui constater qu'il n'en est rien.

Mais il nous faut dès lors comprendre pourquoi le progrès scientifique n'a pas du tout fait disparaître les religions. Dans sa « Loi des trois États », Auguste Comte affirme que l'État théologique, historiquement premier, partage avec l'État métaphysique qui lui succède l'ambition de résoudre les problèmes concernant les causes premières et les causes finales, c'est-à-dire les questions en pourquoi et pour quoi: d'où venons-nous? où allons-nous? etc. Par contre, l'État positif ou scientifique substitue à ces interrogations initiales des questions plus modestes et locales, concernant, non plus l'origine ou la destination des êtres et du Monde, mais le fonctionnement des phénomènes: questions en comment. Les réponses apportées par la science ne concernent donc pas, a priori, les interrogations de type métaphysique : elles s'en tiennent strictement à l'univers physique. Mais dans quel domaine la science s'affirme-t-elle sous l'aspect d'un incontestable progrès? La formule « progrès scientifique fait problème : au sens strict, elle ne peut désigner qu'un accroissement des connaissances, incontestable, mais auquel le public a le plus souvent difficilement accès (au passage, on évoque le problème permanent de la vulgarisation scientifique).

Mais les scientifiques eux-mêmes sont les premiers à souligner l'importance de leur ignorance par rapport à ce qu'ils peuvent savoir, et l'on ne doit pas oublier que l'évolution historique d'une science aboutit avant tout à y multiplier les problèmes. Comment le public perçoit-il les conséquences de ces progrès de la connaissance scientifique? Avant tout par le biais des applications (notamment techniques) de la science dans sa vie quotidienne.

Or celles-ci font doublement problème : — soit parce qu'elles se révèlent pour le moins ambiguës : la science n'apparaît pas tout uniment au service du bonheur de l'humanité (problèmes écologiques...); — soit parce qu'elles n'ont aucun rapport avec les problèmes réels de l'humanité : le développement du savoir est impuissant à résoudre les problèmes de famine, de surpopulation, etc. Qu'attend le croyant de sa religion? 1.

Une morale, des règles de vie.

Domaine dans lequel la science reste muette: elle s'en tient aux faits, mais n'aborde pas les valeurs. 2.

Une consolation. Par exemple lorsque la religion promet qu'une vie terrestre difficile garantit une existence posthume, toute spirituelle, heureuse (d'où le développement des formes intégristes de religion dans les régions économiquement défavorisées). Référence à Freud: si la croyance est justifiée dans l'inconscient par la recherche d'une figure paternelle omnisciente et omnipotente, une telle demande ne peut être comblée par la science, qui n'offre pas ces deux caractères. Référence à Marx: la critique efficace de la religion, c'est la critique et la transformation du réel, c'est-à-dire des conditions matérielles de l'existence. 3.

Des réponses à des angoisses métaphysiques. Domaine dans lequel la science ne propose, au mieux, que des hypothèses (le Big Bang n'est pas moins énigmatique pour la pensée non scientifique que la Création divine) alors que la religion impose des dogmes.

Le scientifique luimême n'échappe pas nécessairement à de tels problèmes : le cas des savants croyants suffit à indiquer que les deux domaines peuvent coexister, et dans le même esprit — à condition de ne pas être confondus (cf.

Pasteur: «Quand j'entre dans mon laboratoire, je laisse Dieu au vestiaire» — mais ce peut être pour le retrouver, si besoin est, à la sortie). Dans son avancée, la science est non dogmatique: elle se remet toujours en cause et ne propose que des explications provisoires.

Le dogme religieux ne saurait être remplacé par son contraire. Confirmation: le XXe siècle, que l'on dit volontiers scientifique, est aussi celui où se développent les phénomènes parareligieux (sectes, recours à des attitudes mystiques extra-occidentales, etc.): là où la science ne répond pas, le désir de trouver une réponse malgré tout (et si possible la plus rapide et la plus globale) suscite un renouveau de la croyance religieuse plus ou moins authentique. La croyance est une croyance en quelque chose, elle est adhésion à une idée, à une représentation.

En ce sens, le préjugé, l'opinion sont des modes différents de croyance.

La croyance est alors à mettre en rapport avec la nature de cette adhésion, elle apparaît comme passive et irréfléchie.

Pour Descartes, dans Méditations métaphysiques, la croyance est un effet de la volonté : l'entendement conçoit des idées, la volonté y adhère ou les refuse.

Mais, la croyance apparaît plus dans une adhésion qui ne s'appuie sur rien de rationnelle, qui accepte ce qu'on lui donne sans essayer de comprendre.

La croyance religieuse se distingue de la simple croyance, parce qu'elle est engage un être transcendant et une foi. Le progrès scientifique lui se définit comme une accumulation de savoirs, une modification qui constitue par rapport à l'état précédent un véritable "plus", une amélioration.

La science en donnant une explication du monde devrait faire reculer les croyances religieuses.

Mais, il est indéniable qu'à notre époque subsistent beaucoup de pratiques religieuses .

En effet, la science peut-elle tout expliquer? Permet-elle une connaissance durable et complète?. »

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