Pourquoi le mal est-il sans pourquoi ?
Extrait du document
«
Analyse.
·
·
·
·
·
·
·
·
La question qui nous est posée ici se traduit immédiatement dans un postulat : il n'y a pas de pourquoi au mal.
Aussi, il n'y a pas de causes au mal.
La première difficulté est ici de définir ce qu'est le mal.
On peut se fonder sur une définition positif (ce que c'est) ou négative (ce que ce n'est pas).
o Positivement : le mal peut se définir comme étant ce qui est nuisible, destructeur.
Leibnitz distinguait trois types de mal : physique (souffrance qui affecte les
créatures) ; métaphysique (les imperfections de la créature) ; moral (la faute, le pêché).
o Négativement : le mal peut se définir comme tout ce qui n'est pas le bien.
Toute négation peut alors être le mal : injustice, iniquité, etc.
C'est la privation de
bien.
Le mal peut ainsi se définir par ces deux aspects, mais il est toujours une expérience : on vit quelque chose qui provoque de al souffrance, ou l'on agit en
commettant une faute ; on vit une injustice, on souffre d'un manque de bien.
Mais tout ce vécu ne fait pas du mal quelque chose dont on peut deviner ou même connaître la cause.
Le mal est là.
Ici s'ajoute le second problème, rencontré par la plupart des courants philosophiques : le mal existe, or, il ne peut être voulu par Dieu, qui par définition est bon ;
Mais si Dieu existe, il ne peut nous vouloir du mal, ni même accepter l'existence du mal ; comment justifier Dieu, auquel on croit, alors que le mal existe, et qu'on
l'expérimente ?
La question de savoir pourquoi le mal est sans pourquoi revient à poser les fondements de la foi.
Trouver des causes au mal, c'est remettre en question l'existence
de Dieu.
Mais pas seulement (l'existence de Dieu peut être remise en cause), car Dieu n'existant pas, le mal lui-même ne perdure pas.
Il se relativise, tout comme le
bien.
Nous allons donc devoir dans ce sujet comprendre pourquoi le mal ne peut connaître de causes : tant sur l'aspect religieux que cela met en cause mais aussi sur la
définition même que l'on a de ce qu'est le mal.
Le mal doit être compris dans légitimité : en tant que lié à l'existence, nous devrons comprendre ce qu'il est et le définir comme tel.
Problématisation.
Le mal est là.
Ainsi peut-on définir ce concept.
Cependant, il reste que nous ne pouvons en connaitre les causes.
Pourquoi ? Pourquoi ce que l'on nomme le mal n'a pas de
causes ? Pour le savoir, il nous faudra d'abord nous demander ce que nous considérons comme étant mauvais, ce qui le définit dans notre existence.
Ensuite, nous devrons
nous demander comment l'existence même du mal peut être compatible avec la nôtre : comment continuer à vivre dans un monde où le mal existe ? Quel optimisme nous
y pousse ?
Proposition de plan.
1.
Comment peut se définir le mal ?
·
·
·
·
Le mal existe, il est vécu par chacun.
Mais dans sa définition ne peut se limiter ainsi.
Nous savons que Leibnitz distinguait le mal en trois parties : physique, métaphysique et moral.
A cette définition peut aussi s'ajouter une idée négative du
mal : c'est tout ce qui n'est pas bien.
Bien sûr, toute définition du mal n'arrive pas à en déterminer les causes.
Le bien est intimement lié au mal.
Cependant, on ne peut en définir l'origine, le
pourquoi.
Le mal reste alors quelque chose d'impalpable.
« Le mal existe indubitablement ; il est ce que mille expérience attestent [...].
Pourtant, on ne fait jamais l'expérience du mal.
» Le Mal, Francis Wolff, dans
Notions de philosophie T III.
·
·
·
·
2.
On expérimente, chacun personnellement le mal tout les jours.
Mais, d'après Wolff, le mal en tant que tel n'est pas expérimentable.
Comme un premier
principe, que l'on ne définit jamais (qui donc serait une cause première), mais qui est lui-même cause de beaucoup d'autres choses.
Le mal ainsi compris ne peut avoir de pourquoi, en ce sens qu'il est au fondement de ce qu'il définit.
Ici se pose la problématique religieuse : si le mal est ainsi, comment continuer à croire en l'existence de Dieu ?
En effet, le mal ne peut cohabiter avec l'idée de Dieu : soit il existe et il faut voir en Dieu une faillibilité ; soit le mal est indépendant de Dieu, réduisant
l'omnipotence de ce dernier.
Si le mal existe tout simplement, comment pouvons-nous survivre à ce fait ?
·
·
·
La question de Dieu face à l'existence du mal pose aussi un problème d'existence même de l'homme.
Nous vivons dans un monde dans lequel le mal existe indubitablement.
Cependant, si nous ne pouvons en trouver ses causes, comment pouvons-nous
continuer à vivre sachant que c'est pour souffrir ?
L'optimisme de l'homme apparaît comme une réponse au problème du mal.
« Il y a un optimisme empirique qui consiste simplement à constater deux faits : d'abord que l'humanité juge la vie bonne dans son ensemble, puisqu'elle y tient :
ensuite qu'il existe une joie sans mélange, située par delà le plaisir et la peine, qui est l'état définitif du mystique.
Dans ce double sens, et de ce double point de
vue, l'optimisme s'impose, sans que le philosophe ait à plaider la cause de Dieu.
» Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion.
·
·
·
·
·
Pour Bergson, le mal existe certes pour chaque homme, mais l'humanité, elle, ne connaît pas ce mal, du moins pas suffisamment pour s'en désespérer.
L'homme, ou plutôt l'ensemble des hommes, non seulement arrive à vivre avec le mal, mais en plus réussit à viser la continuation de la vie parce qu'il la
juge bonne.
Cette question du jugement de la vie permet à Bergson de faire vivre l'homme dans un monde où le mal existe.
Ainsi le mal conserve son principe d'être sans causes.
Mais il appartient pleinement à l'existence de l'homme, sans pour autant le rendre pessimiste au
point de refuser de vivre.
Quand à Dieu, si la question du mal pose un problème fondamental (voir les essais de théodicées de Leibnitz), il n'en reste pas moins que l'on peut
argumenter que le mal à une raison d'être morale (un choix divin, une épreuve donnée à l'homme pour le grandir).
Conclusion.
Le mal existe de faits.
L'homme en fait l'expérience tout les jours, tout au long de sa vie.
Cependant, nous avons vu que ce qui était vécu n'était pas le mal en lui-même
mais bien divers maux que l'on peut y rattacher.
Le mal, lui-même, est une origine des maux, mais il ne connaît pas de causes.
Face à cet état de faits, nous avons vu que
l'homme restait optimiste, capable de continuer à vivre en sachant que le mal existe..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Baudelaire- Les fleurs du mal (analyse du reccueil) - 2
- carnet de lecture Les fleurs du mal
- Lecture Linéaire N°11 Charles Baudelaire, Fleurs du Mal, Texte Intégral, « Tableaux parisiens » « Le Soleil »
- A une passante des Fleurs du Mal de Baudelaire
- dissertation "les fleurs du mal" Baudelaire: Dans quelles mesures le poète vous semble-t-il faire œuvre d’alchimiste ?