Pourquoi la technique ?
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Définition des termes du sujet:
POURQUOI: pour quelle raison, quel motif: raison intellectuelle de parler ou d'agir OU pour quel mobile, force
irrationnelle qui pousse à parler ou à agir.
TECHNIQUE
Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.
La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle
s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à
produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.
La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un
pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.
Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis,
et non des dons ou capacités innées.
Dénués d'instinct, arrachés à la nature, coupés de l'animalité, les hommes sont contraints de tout rationaliser et de
tout transformer pour leur usage.
Le rapport humain à la nature n'est jamais direct et immédiat, mais au contraire
toujours médiatisé par des outils, des machines, des ustensiles, des jouets, des parures et bijoux, des vêtements,
des habitations, des armes, de l'agriculture, des engins de chasse et de pêche, de la cuisine (le monde du « cuit »
et non du «cru »), des beaux-arts, etc.
Pour toutes ces techniques la maîtrise du feu est indispensable, c'est
pourquoi elle est un des premiers signes d'humanité.
ANIMALITÉ ET TECHNIQUE
Certains animaux utilisent des instruments et procédés analogues aux techniques humaines.
Des oiseaux piquent des
vers avec des épines, des singes utilisent des bâtons, râpent fruits et légumes, des oiseaux bâtissent des nids
complexes, des araignées différents types d'arantèles ou de toiles; les abeilles, les guêpes construisent des
habitations, comme les fourmis et les termites, comme maints mammifères des terriers, etc.
Il existe aussi dans le monde animal des activités ludiques, et d'autres qui font penser aux beaux-arts : oiseaux
chanteurs, jardiniers comme en Nouvelle-Zélande et en Australie.
Mais ces créations animales sont toujours
identiques et ne connaissent pas de progrès.
Quant à l'homme, il façonne ses outils, en créée une immense diversité, et les garde et range soigneusement.
Et
aucun animal n'a recours aux machines, lesquelles fonctionnent avec une énergie captée dans la nature.
Les « techniques animales » existent dans la répétition; les humaines dans la modification et l'inventivité.
Les techniques ou savoir-faire humains forment une part majeure des cultures ou civilisation, et l'on ne saurait donc
— à moins d'aveuglement ou de mauvaise foi — nier la différence essentielle entre l'homme et les animaux.
Les techniques traditionnelles
On a longtemps voulu croire qu'il existait des « primitifs », des « sauvages », des tribus archaïques vivant encore à
l'âge de pierre, possédant une « mentalité pré-logique » irrationnelle et constituée de mythes et de croyances
naïves.
Ces préjugés encore tenaces ont nourri les siècles de colonisation, justifié l'esclavage, et alimenté la vanité
européenne.
Les derniers travaux ethnologiques ont montré l'unité de l'espèce humaine, et réhabilité la pensée et les sciences «
sauvages » (cf.
l'oeuvre de Claude Lévi-Strauss).
Les civilisations traditionnelles ont toujours été très inventives en outils, ustensiles, bijoux, oeuvres d'art, armes,
etc., et en ne perdant jamais de vue la beauté.
Si les machines y sont rares, ce n'est pas par incapacité, mais en
raison d'un rapport d'alliance douce avec la nature qu'il s'agissait avant tout de préserver.
On trouve dans l'oeuvre
du philosophe chinois Tchouang-tseu (Ive siècle avant notre ère) un texte qui refuse les machines parce qu'elles
déshumanisent l'homme.
Les Européens colonisateurs ont aussi supposé que les « primitifs » avaient réalisé leurs multiples inventions par «
hasard », réservant le privilège de l'intelligence à l'Occident.
Les ethnologues ont expérimentalement démontré que
c'est impossible : toutes les découvertes sont dues au génie humain procédant par induction.
« Les sociétés que
nous appelons primitives ne sont pas moins riches en Pasteur et en Palissy que les autres », écrit Claude LéviStrauss dans Race et histoire.
Ces considérations s'appliquent aussi aux sociétés préhistoriques, du moins celles que formait Homo sapiens sapiens,
espèce à laquelle nous appartenons identiquement.
Homo sapiens sapiens apparaît vers — 200 000 ans, et rien ne nous autorise à penser (tout au contraire) qu'il était
autre que nous.
Les différences entre l'homme actuel et celui de la préhistoire sont accidentelles; les sciences, les
moeurs, les arts et les techniques ont bien sûr ici évolué, là régressé, mais l'homme lui-même n'a pas évolué, c'est
du moins ce que la science actuelle nous autorise à dire..
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