Pourquoi faut-il protéger la nature ?
Extrait du document
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A l'heure où la protection de la nature semble être une évidence, il peut être intéressant de s'interroger sur l'utilité de protéger la
nature, de connaître les raisons profondes pour lesquelles on peut et doit protéger la nature.
Il s'agit de voir les raisons profondes,
rationnelles et irrationnelles qui poussent l'homme à ralentir, modifier son action afin de protéger ce qui en vaut la peine.
1 ) Il faut protéger la nature car elle est sacrée.
L'exemple de la peinture romantique allemande est révélateur du caractère sacré de la nature.
Les paysages du peintre allemand
Friedrich (1774-1840) ne sont que la représentation d'un royaume rêvé de l'au-delà toujours lointains et caché par les brumes.
C'est à
l'homme de retrouver le chemin vers Dieu, de faire le vide en lui en contemplant la nature, de tout ce qui est terrestre pour retrouver
ce qu'il y a d'originel en lui.
La contemplation de la beauté d'un paysage naturel a un caractère mystique, car tout y est comme animé
d'une même vie, le macrocosme comme le microcosme.
Face à l'immensité de la nature, l'homme prend conscience de sa petitesse et
ressent ainsi la présence de Dieu en toute chose.
On aura compris que la seule voie du salut pour l'homme, pour sortir de sa condition
mortelle et faible, sera la perte de sa conscience dans l'infini.
Les tréfonds de la Création sont le divin que ce soit pour l'âme ou la
nature.
Friedrich fait se confronter directement le moi et son inconscient à une nature immense et sublime.
Il cherche à provoquer la
méditation entre l'homme et Dieu grâce à des ambiances irréelles capables de nous faire atteindre le divin.
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Il cherche à provoquer la
méditation entre l'homme et Dieu grâce à des ambiances irréelles capables de nous faire atteindre le divin.
Friedrich tente en cela
d'atteindre le divin par l'entremise d'un infini qui ne peut que se communiquer que par une nouvelle vision de la beauté.
Ceci ne sera
pas sans incidence sur la conception même qu'il se fait de Dieu, puisque cet infini se présente dans la nature même et non plus dans
une transcendance.
Dans les lettres sur la peinture de paysage dans l'Allemagne romantique II il ajoute : « Une unité éternelle,
suprême et infinie est sous- jacente à tout ce que nous sentons et pensons, à tout ce qui est et à tout ce que nous sommes.
Une
conscience intérieure profonde nous en donne la ferme conviction, tantôt claire, tantôt plus obscure…Le langage nous suggère cet
incommensurable sous le nom de Dieu.
» Friedrich ajoutera à cela une profession de foi : « Dieu est partout, dans le moindre grain de
sable.
Par exemple ici, dans les roseaux.
» La pensée de l'infini est intiment liée à celle de Dieu.
L'infini de la nature nous renvoie à ce
qui est présent en elle, c'est-à-dire au divin.
Il n' y a rien d'autre de beau que cette présence du divin dans la nature.
2) Protéger la nature car elle est le seul lieu que nous ayons pour vivre.
Selon Hans Jonas dans Le principe responsabilité .
La science avec ses pouvoirs encore inconnus réclame une éthique nouvelle afin
d'empêcher que le pouvoir de l'homme devienne une malédiction contre lui.
Auparavant, l'éthique se réduisait à un rapport d'homme à
homme.
La portée de l'action humaine était réduite, elle n'avait affaire qu'à l'ici et maintenant.
L'univers moral était équivalent à une
durée de vie.
La technique était une nécessité non le but de l'homme.
La nature était immuable, et l'action humaine était superficielle.
La technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain.
Elle a considérablement augmentée sa portée et elle déborde
maintenant sur tout ce que l'on a connu autrefois.
La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à
l'avenir n'a pas eu d'équivalence par le passé.
La technique a fait apparaître de nouveaux devoirs, elle a affecté notre agir.
L'éthique
antique est désormais inopérante à l'heure de la technique moderne.
Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles
que dans quelques centaines d'années.
L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches
intensives, des déchets nucléaires .Aussi tous les pronostics à long terme sont incertains.
Le principe responsabilité veut que l'on
favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.
Le mal est toujours certain.
Ce principe responsabilité dit
« Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur
terre.
» Il faut protéger la nature des effets de la technique pour tout simplement continuer à vivre sur Terre.
3) Protéger la nature pour le bien-être de l'homme.
Les thèses d'Alain Corbin dans Le territoire du vide sur la naissance du désir de rivage entre 1750 et 1840 ont bien mis à jour le
caractère profondément culturel du bain de mer et de l'appréciation des variations climatiques Le vide culturel qui semble présider à la
perception de la nature est en vérité le résultat d'une histoire.
C'est par l'intériorisation des contrôles et des émotions, par la volonté
des classes inférieures de la société de se conformer aux normes d'excellence et aux coutumes des classes supérieures que peu à peu
s'est installé dans les consciences que l'ensemble de la population s'est forgé une perception particulière de la nature.
Ce n'est pas un
conditionnement culturel presque inconscient qui construit le regard de l'homme sur la nature mais en vérité une éducation sociale
consciente complètement assimilée qui fonde le procès de la civilisation.
Visiblement l'individualisme, l'intériorité semble impossible à
effacer de l'histoire de l'Occident.
De même le tourisme de masse, la civilisation des loisirs sont des données qu'on ne peut plus
négliger.
Le problème est que la concrétisation d'un certain nombre de ces représentations se heurte à l'équilibre de la nature et à sa
préservation.
Il y a donc une urgence à réfléchir aux nouveaux usages de la nature dont il faut prendre une vue d'ensemble
rapidement.
La nature n'est-elle pas devenue un lieu de consommation sans respect de la population locale et de sa culture, un lieu où
l'on transporte des modèles urbains sans tenir compte du contexte environnemental et social ? Ce désir de liberté, d'ouverture sur le
monde, de redécouverte de la nature se trouve menacé par ces mêmes pratiques touristiques.
Un désir massif d'authenticité est une
oxymore, puisque dès qu'une population arrive massivement sur un lieu, il est nécessaire de construire des structures pour l'accueillir,
l'acheminer à son but, la nourrir.
L'idée est donc avant tout de résoudre des problèmes qui induisent des dépenses structurelles parfois
importantes de modifier les regards sur la nature, non pas d'une manière utopique; revenir à une attitude face à la nature qui soit
finalement anachronique en dehors des réalités actuelles ; mais retrouver un regard plus substantiel et lucide.
Au-delà d'une
satisfaction subjective et égoïste face à la nature, il faut redonner une importance à l'objet de la visée qui est la nature.
En somme, il
faut réinvestir la dualité sujet/objet, conscience/nature, et montrer qu'elle peut offrir une résistance aux désirs, que la recherche la plus
innocente de plaisir sensible engendre des méfaits dans la nature, et qu'elle n'est pas un objet indéfiniment malléable .
La protection de
la nature aura pour finalité le bien être de l'homme, pour cela, il devra modifier sa conscience, ses idées qu'il porte sur la nature.
Il faut
combler le vide culturel et éthique, c'est son absence qui peut être dévastateur pour la nature.
Conclusion.
Il faut protéger la nature car elle est le seul lieu de vie que possède l'homme, qu'il n'a pas d'autres refuges.
Il faut aussi la protéger
tout simplement pour que la vie humaine soit possible sur Terre.
La technique a beaucoup nuit à la nature, elle a engendré des
modifications parfois irréversibles.
Au-delà de la simple vie humaine, il est aussi important que l'homme conserve un certain bien-être
et préserve l'esthétique des paysages naturels..
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